Le Secrétaire général de la Préfecture, Franck Olivier Lachaud - qui, après le coup de semonce du galet de 5 kilos tombé sur la route du Littoral vendredi dernier, devait être impatient de passer les rennes - fait les présentations. Sous les flashes et caméras des journalistes, conviés à immortaliser ce premier contact, les poignées de mains se succèdent, cordiales. Quelques échanges retiennent notre attention : le Président de la Chambre des Métiers remercie le Préfet pour sa lettre (sa lettre ?) ou encore cette poignée de main confraternelle entre 2 hommes que la Corse unie - le Préfet et le Recteur - et enfin le clin d’œil au “sens figuré” lancé à la Directrice de la DRASS : "Nous avons du travail qui nous attend, et je sais pouvoir compter sur votre efficacité".

Ah, le protocole !

Puis protocole oblige, la presse est conviée à quitter la salle pour rejoindre le salon d’à côté. Le programme envoyé à la Rédaction le stipulait clairement : "10 heures : le Préfet salue les personnalités au salon d’honneur ; 10 heures 20 : point presse au salon VIP". Pas de question, ni de commentaire en présence des "personnalités" qui auront d’ailleurs quitté les lieux après notre entrevue avec le Préfet. Dans le couloir qui sépare les 2 salles, la garde officielle veille. Pas moyen d’écouter aux portes, mais aucun journaliste n’en aurait d’ailleurs eu l’idée. Un écho d’applaudissements nous parvient, puis la chargée de communication de la Préfecture, Malika Guénou, entre en trombe dans notre salon pour le dernier debriefing. "La presse radio à côté du Préfet là, le Préfet se placera ici, les autres journalistes mettez-vous par là-bas..." finalement, elle juge nécessaire de rapprocher les chaises, les photographes ronflent un peu, ils ne veulent pas des clichés avec le micro dans la bouche, une consœure de la télé demande si elle peut avoir un échange individuel après le point presse.... "je ne sais pas, il faudra voir avec lui... je ne le connais pas". La chargée de com ressort en un éclair, au top de son efficacité. La dizaine de journalistes sur le pont cherche alors sa place, mais tous semblent aguerris à ce type de considérations institutionnelles qui ponctuent notre mission d’information et qui, au fond, prêtent à sourire.

"Qu’attendez-vous de moi ?"

Puis soudain, sans crier gare, Paul-Henry Maccioni se présente à la porte, accompagné de quelques membres de ses services. Les journalistes sont surpris dans leurs bavardages. Le nouveau Préfet, avenant, sans apparat protocolaire, nous laisse le choix de la mise en scène : assis, debout voire couché (le voyage a été long et le sommeil rare)... il ose un petit “cassage le cui” pour nous mettre à l’aise. Il aura égard de nous saluer individuellement, permettant à chacun de se présenter, nom et organe de presse. "Stéphanie Longeras, journaliste pour “Témoignages”". "Très bien", répondra Paul-Henry Maccioni avant de se tourner vers ma consœure et de constater que la gente féminine est majoritaire, sans autre commentaire. Le Préfet prend place, se réjouit du soleil alors qu’on lui annonçait la pluie, puis demande : "Qu’attendez-vous de moi ?". Émotion de retrouver sa terre de naissance qui ne l’a pourtant pas vu grandir, “connaissance livresque” des dossiers réunionnais, priorité à la santé publique, appel à l’action commune, la concertation, le "consensus"... ce fut un premier contact. Paul-Henry Maccioni "a à cœur d’être un homme d’écoute, de réflexion, d’action voire d’anticipation" qui a "toujours exercé ses fonctions avec humanité". Il s’accorde un temps légitime de réserve avant de s’avancer davantage. Nous n’en espérions pas plus pour l’instant, alors souhaitons lui la bienvenue et à très bientôt.

Stéphanie Longeras
[email protected]

Petit rapporteur

Paul-Henry Maccioni a dit

Le Préfet s’est dit "conscient d’arriver dans une île qui a connu des difficultés, l’épreuve". Que La Réunion qui l’a vu naître - "cela marque toujours" - et la Corse sont "deux îles chères à mon cœur".
Il a rappelé son rôle : "Le Préfet sera là pour être le support de la volonté politique des élus dans l’intérêt général de l’île". Et quand bien même les échéances électorales de 2007 approchent : "le Préfet n’est l’homme de personne. Il représente l’État et le gouvernement".
Son dossier prioritaire est bien sûr la santé publique qu’il convient de "traiter de façon globale dans un contexte spécifique" dans le respect des traditions des Réunionnaises et des Réunionnais et avec "des moyens de lutte pérennes".
S’agissant du financement du nouveau tracé de la route du Littoral, le choix partagé de la Région Réunion et du gouvernement pour un passage tunnel et digue constitue déjà "un accord de principe", "un premier pas". Quant aux "modalités, il faut un flux de dialogue. L’État ne fait pas tout seul". Il faudra parvenir à "un accord, un consensus".
Enfin, rappel géopolitique :"La Réunion est à la fois la France dans l’océan Indien et l’avant poste de l’Europe dans l’océan Indien".

S. L.

Paul-Henry Maccioni veut aider l’artisanat

L’artisanat veut bien de son aide et vite

Dans son courrier adressé au Président de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat avant son arrivée, Paul-Henry Maccioni se dit entièrement disposé à aider au développement du secteur artisanal qu’il qualifie de "réseau irremplaçable", à mettre tout en œuvre pour apporter la contribution de l’État. Une prédisposition qui encourage Giraud Payet à l’heure où les artisans sont en crise.

"Ça ne peut plus durer !"

Giraud Payet ne pouvait pas ne pas remercier Paul-Henry Maccioni pour ses encouragements et cette marque de soutien dont il a grand besoin. La Cancava et l’Organic, organismes percepteurs des cotisations retraites et assurance maladie des artisans, continuent à bloquer les comptes des artisans et commerçants en raison d’impayés qui datent de plusieurs années. Le problème n’est pas nouveau, et ce type de blocage est déjà intervenu en décembre 2004, mettant en péril l’activité de nombreux professionnels en période de fête. Le Régime Social des Indépendants (RSI), dont le conseil d’administration et la présidence ont été élus en mai 2006, devrait déjà être en place pour permettre une gestion locale de ces dossiers. "La Cancava ne devrait déjà plus exister", explique Giraud Payet qui rappelle que la mise en place du RSI Réunion vient d’une décision nationale partagée localement. "On demande un transfert total des fichiers vers La Réunion pour pouvoir prendre en compte les contentieux. Nous saurons prendre nos responsabilités. Il faut nous laisser gérer les choses. Alors qu’avec le problème du chikungunya et un contexte économique difficile, les artisans essayent de redresser la tête, cette situation est inacceptable. Ça ne peut plus durer !". Un artisan taxi de Saint-Pierre s’est même vu retirer brutalement sa patente.

"Que le RSI Réunion rentre dans ses pleins droits"

"Les artisans sont agacés et se retournent vers moi. J’essaie de trouver des solutions. J’ai un mandat, il faut que je sois en mesure d’agir pour aider les collègues. Paris est là pour les grandes orientations, pas pour traiter les dossiers individuellement. Nous réclamons la décentralisation de cette compétence, demandons que le RSI Réunion rentre dans ses pleins droits". Selon la DRASS, il faudrait attendre le mois d’octobre. Mais c’est beaucoup trop long et les modalités du transfert des dossiers ne sont pas claires. Également administrateur de la caisse RSI nationale, Giraud Payet prendra l’avion pour Paris le 12 septembre afin de rappeler avec force qu’"il faut cesser cette situation". Le Président du RSI Réunion, Ibrahim Patel et Giraud Payet espèrent rencontrer le nouveau préfet très rapidement pour espérer son soutien dans la défense de ce dossier.

S. L.