Une charte en faveur de l’emploi à La Réunion

Un premier pas vers la préférence régionale ?

12 juin 2015

Neuf entreprises (Air Austral, Brasseries de Bourbon, Cotrans, Leclerc, GTOI, Optique de Bourbon, Hôtel Palm, Ravate et SBTPC) ont signé, hier à la mairie de Saint-Joseph, en présence du Premier ministre Manuel Valls, une charte en faveur de l’emploi à La Réunion. Un premier pas après une longue lutte menée notamment par l’AJFER Nou Lé Kapab.

Hier à Saint-Joseph, le Premier ministre a aussi annoncé 10.000 emplois aidés supplémentaires. (Photo Jean-Claude Feing, le Quotidien)

A Saint-Joseph, on est rompu à l’accueil des personnalités socialistes souvent reçues par 1200 à 1500 personnes. Drapeaux bleus blancs rouges et européens à profusion ; barrières – dont certaines estampillées CIVIS – pour canaliser la foule ; chœur des supportrices, etc.
Mais hier, il manquait l’essentiel : 400 à 500 personnes seulement étaient rassemblées sur les trottoirs, de la gare routière à la mairie, et sur le parvis de la maison commune, selon certains observateurs. Et surtout peu d’enthousiasme, malgré quelques mises en scènes bien orchestrées pour la presse présente en nombre.
Bref, ce n’était pas la joie. Et ce ne sont pas les discours techniques des représentants des entreprises concernées, des partenaires et même du Premier Ministre et du Maire, qui ont réchauffé le public. Il n’y a que le ciel qui ce soit montré radieux larguant juste une petite larme vers 15 heures.

Le résultat de luttes

Dans son discours d’accueil, Patrick Lebreton a salué le courage du gouvernement qui a ressorti des tiroirs le rapport Bédier. Ce qui a permis au député de la quatrième circonscription de le dépoussiérer à la lumière des luttes menées notamment par l’association Nou lé kapab et le collectif de la police. Pour lui, la charte, va permettre d’ « axer l’emploi des jeunes Réunionnais dans leur île ». Et pour prévenir les critiques, le député socialiste salue celles et ceux « qui ont fait le choix d’être dans l’action et non dans l’incantation » et « les professionnels qui ont appliqué la charte, avant même sa rédaction », comme l’abattoir de Saint-Joseph. Il souligne là qu’il ne s’agissait pas de cadeaux, mais de clés pour l’emploi local ».

Un levier contre le chômage

Les partenaires et les entreprises concernées Selon M. Minatchy, directeur du Pôle emploi, « l’emploi d’aujourd’hui et de demain doit profiter aux chômeurs du territoire » et « la mise en œuvre de la charte doit être un levier fort contre le chômage à La Réunion ».
Le directeur des brasseries de Bourbon atteste que, « les entreprises signataires sont déterminées à favoriser l’emploi », et ont « la volonté de s’engager dans une démarche collaborative ». Quant au directeur général d’Air Austral, il assure que cette charte doit « aider à promouvoir la valorisation des compétences locales ».
Les discours sont techniques, répétitifs, et n’emballent pas la foule d’où monte un brouhaha sourd. Peut-être parle-t-on de la charte, mais plus sûrement de la faute de Manuel Valls parti « batcaré » à Berlin dans un avion gouvernemental.
Un dernier intervenant note que la charte est une synergie « grâce au double engagement des entreprises et de l’Etat ».
Manuel Valls reprend la parole pour affirmer – c’est une évidence – « que le chômage des jeunes est insupportable ». Pour saluer, en même temps, « les vraies réussites des entreprises réunionnaises ». Il souligne « la volonté très claire des entreprises d’embaucher et de former du personnel » et demande qu’on leur fasse confiance. Pas sûr que les travailleurs de la GTOI, de la SBTPC et des Brasseries de Bourbon – en butte à leurs patrons dans le cadre des négociations annuelles salariales soient prêts à leur faire confiance !

Des mesures exceptionnelles

Dans un discours qui prend une tournure très sociale-libérale, le Premier ministre, assène « qu’il faut en finir avec l’opposition stérile entre salariés et patrons et martèle que « c’est l’entreprise qui crée des richesses ».
Enfin, le chef de la majorité promet des « mesures exceptionnelles et une action adaptée pour encourager l’emploi dans les outremers, combattre le chômage de masse et créer des emplois… et des emplois, pour les Réunionnais » : une nouvelle expérimentation pour optimiser les outils existants comme les contrats aidés qui devraient être abondés de 10 000 dans le deuxième semestre. D’autre part, une ordonnance du gouvernement devrait être promulguée. Elle permettra de favoriser les acheteurs publics comme les mairies qui choisiront les entreprises privilégiant l’emploi local.

A la Une de l’actu

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?

Messages


Témoignages - 80e année


+ Lus