Communiqué du Parti Communiste Réunionnais à la suite du référendum de Nouvelle-Calédonie

« Un scrutin qui ne règle pas le problème de fond du pays. Dialogue nécessaire dans un pays coupé en deux »

5 novembre 2018, par Parti Communiste Réunionnais

Voici le contenu du communiqué publié hier par le PCR suite au référendum organisé le 4 novembre en Nouvelle-Calédonie.

Le résultat du référendum en Nouvelle-Calédonie n’a pas été le raz de marée annoncé contre l’indépendance. Marqué par une forte participation, le vote a vu une majorité pour l’indépendance dans tout le pays à l’exception de la région de Nouméa où se trouve la capitale qui a fait basculer le scrutin en faveur du « non ».

Dans la Province Nord, le « Oui » a rassemblé 77,4 % des suffrages, pour un taux de participation de 80 %. Dans la Province des îles, 82 % des suffrages se sont portés sur le « Oui », avec une participation de 61 %. Dans la Province Sud, c’est un tout autre résultat avec 26 % pour le « Oui » avec 83 % de participation. Le « Grand Nouméa » a voté à 78 % pour le « non », avec un taux de participation de 82 %.
Il faut également noter que des Kanaks ont suivi l’appel au boycott du scrutin lancé par les partisans d’un vote restreint seulement aux premiers habitants du pays, excluant donc les immigrés.

Objectivement, le « Oui » a donc globalement progressé.

Conscients de la situation fragile, des partisans du maintien dans la France ont déclaré que ce résultat ne remet pas en cause la poursuite du droit à l’autodétermination qui nécessite de construire un consensus. D’ailleurs, un autre référendum portant sur la même question est toujours possible, il suffit qu’un tiers du Congrès qui sera élu l’année prochaine soit favorable à cette idée. Or, les indépendantistes détiennent aujourd’hui 40 % des sièges au Congrès.

Paris l’avait d’ailleurs confirmé le 4 octobre dernier : « à l’issue des élections provinciales de 2019, si un tiers des membres du congrès de la Nouvelle-Calédonie le demandait, un deuxième référendum portant sur la même question sera organisé dans les dix-huit mois qui suivent cette demande. En cas de nouveau refus de l’accession à la pleine souveraineté, il pourra être suivi d’un troisième référendum ».

Voici un extrait du communiqué diffusé par le parti de Philippe Gomès, Calédonie ensemble, favorable au « non » à l’indépendance : « ce résultat n’est pas une fin. C’est une nouvelle étape de l’histoire de notre pays. (…) Nous devrons poursuivre le dialogue avec les indépendantistes afin de construire les consensus nécessaires pour parachever notre émancipation politique et économique au sein de la République, et ainsi, conforter le vivre-ensemble et la paix dans notre pays. (…) afin de permettre l’indispensable poursuite de l’exercice du droit à l’autodétermination, qui est constitutionnalisé, dans un contexte moins contraint que celui résultant de l’application stricte de l’accord de Nouméa. » Rappelons que Philippe Gomès est un ancien président de la Nouvelle-Calédonie, il est actuellement député.

En conclusion, personne ne considère que ce scrutin puisse régler en quoi que ce soit les problèmes de fond de la Nouvelle Calédonie. Il y a une revendication transversale portée par l’ensemble des habitants, c’est celle de l’émancipation de cette ancienne colonie, émancipation qui aujourd’hui est loin d’être acquise. Tant que l’ancienne puissance coloniale ne règlera pas ce problème fondamental, les préjugés, les peurs, les haines et les incertitudes continueront à hanter la société calédonienne.

Les dirigeants parisiens agir rapidement pour ne pas laisser s’installer les frustrations. Ce qui est vrai pour la Nouvelle Calédonie l’est tout aussi vrai pour les anciennes colonies appelées les Outre-Mer français. Les responsables politiques de France sauront-ils enfin tirer la leçon ?

Fait au Port, ce dimanche 4 novembre 2018
Le Bureau de presse

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Messages

  • je me permets de réagir à votre article.
    Il faut d’abord saluer la forte participation des électeurs. (Que La Réunion en prenne exemple). Dans les débats il faut aussi noter la modération des intervenants. Aucune haine, ni propos injurieux.. Chacun a défendu ses idées sans insulter l’autre. Des deux cotés.
    Que la nouvelle Calédonie soit coupé en deux, probablement. D’autant plus que dans l’immense majorité des communes l’écart entre le oui et le non est énorme, dans un sens ou dans l’autre. il y a des communes pour l’indépendance et des communes contre l’indépendance. Dans seulement deux ou trois communes le résultat est serré.

    Toutefois dans l’ensemble de l’archipel, la majorité s’est prononcé contre l’indépendance.. Il est important de la souligner.

    il faut aussi dire que tous les habitants actuels d l’archipel n’avaient pas le droit de vote. Seul celles et ceux qui vivent habituellement depuis 1995 pouvaient voter. Les autres non.. C’est différent pour les élections provinciales et municipales..
    Enfin, si un tiers des membres du congrès le demande un deuxième référendum aura lieu dans deux ans. La prochaine élection du congrès aura lieu en mai 2019.
    Donc attendons et espérons que les accords signés par les trois protagonistes seront respectés

  • Est-ce que le second, puis plus tard encore le troisième et dernier référendum feront changer les choses sur le caillou ? La Nouvelle-Calédonie, cartographiée pour la 1° fois par James Cook, né en Ecosse, dont le nom ancien était Caledonia.

    (où depuis des années parfois, des colons venus de l’île de la Réunion, comme d’autres aussi, sont venus s’installer. C’est ainsi que les kanaks, les caldoches ont fait connaissance des letchis, café, sucre, flamboyants, jacarandas, nouvelles variétés de mangues...).

    Il faudrait connaître la réaction de Christian Karembeu, un des footballeurs de la coupe du monde française de 1998 ainsi que celle de José Bové, indépendantiste, soutien du parti travailliste. Crée il y a 10 ans, issu du syndicat USTKE (pour Union Syndicale des Travailleurs Kanaks Exploités), tout un programme, c’est le cas de le dire. A découvrir sur le net.

    On est surpris de connaître les taux de participation, quelle que soit la Province (Nord sur avec Koné comme "capitale", Sud avec Nouméa et des Iles avec Wé), surtout du côté des jeunes, signes de la motivation, la prise de conscience des enjeux.

    Ce matin, sur France Inter (www.franceinter.fr) re écouter l’intervention matinale journalière de Thomas Legrand, au sujet de ce dimanche historique pour ce TOM, annexé à la France depuis 1853, Napoléon 3, soit 5 ans seulement après l’abolition de l’escalvage, pour débuter là bas, l’époque de l’indigénat, triste époque finalement. Ensemble, le peuple calédonien, ne fdoit pas oublier le passé mais imaginer l’avenir "destin commun", une idée formidable et nécessaire. Sinon, ce serait la guerre civile, tout simplement. Arthur.


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