Élie Hoarau, invité de la semaine dans ’l’Humanité’

« Un système qui s’avère pernicieux »

18 juillet 2009

Du 6 au 10 juillet dernier, le député réunionnais au Parlement européen était l’invité de la semaine de notre confrère ’l’Humanité’. Dans le premier article publié le 6 juillet, le secrétaire général du PCR revient sur la tragédie du vol de Yemenia aux Comores.

« Le crash de l’Airbus de la compagnie Yemenia Airlines a suscité une grande émotion à Mayotte, à La Réunion et dans toute la communauté comorienne. « Halte aux poubelles volantes », lisait-on samedi (4 juillet - NDLR) sur les pancartes de manifestants à Marseille. Sentiment de révolte, d’injustice et de profonde tristesse que je partage.
J’ai aussi été heureux de voir la solidarité réunionnaise s’exprimer lors des manifestations de ce samedi (4 juillet - NDLR), démontrant l’attachement des Réunionnais au peuple comorien. Rappelons-nous après l’été noir de 2005 où nombre d’avions s’étaient crashés, l’Union Européenne avait décidé d’y mettre fin en interdisant sur son sol les compagnies aériennes opérant avec des avions dangereux.
Nous voyons aujourd’hui à quel point ce système, bon en partie, est à la fois pernicieux et en dehors des réalités.
Premier point, le ciel a ses frontières, et les compagnies aériennes ne sont pas autorisées à opérer des vols directs entre deux pays dans lesquels elles n’ont pas leurs sièges. Toutes les compagnies aériennes ont donc recours pour y pallier aux correspondances via leur pays d’origine.
Deuxième point, quand des accords d’ouverture du ciel entre deux pays existent, les compagnies aériennes ont recours aux vols par correspondance afin de capter un maximum de clientèle et de desservir un maximum de destinations sans avoir à ouvrir des lignes aériennes moins rentables ; le ciel a ses logiques économiques.
Alors, quand l’été vient, chacun profite de ce temps pour rendre visite aux siens ou voyager. Les compagnies aériennes en profitent, elles, pour doubler leurs prix et réaliser de bons profits. Chacun en vient inéluctablement, quand les finances font défaut, à choisir le vol le moins cher quelle(s) que soi(en)t la (ou les) correspondance(s) à effectuer et le nombre d’heures de trajet ; le portefeuille des petites gens que nous sommes a lui aussi ses logiques !
Quelle est la responsabilité indirecte de nos États et de l’Union Européenne dans ce système ? En voulant bien faire et tout en essayant d’éviter de s’attirer les foudres des autres États de la planète, l’UE a opté pour un système interdisant les compagnies opérant sur son sol avec des avions dangereux. Problème : les compagnies ont aujourd’hui compris que la première partie du voyage (au départ du sol européen) pouvait se faire dans de bons avions, et la deuxième se poursuivre dans des avions en dessous de toute norme viable. Voilà en quoi ce problème nous éclaire sur le rôle de l’Union Européenne, et les attentes qu’en ont les citoyens.
L’Union Européenne doit servir de pont à l’élaboration de normes internationales soucieuses du droit humain et du bien-être collectif. L’environnement, la santé, les transports, les finances, le développement, la régulation des conflits sont les pierres angulaires du besoin de réglementation et d’action internationales. Puissent de tristes exemples comme celui-ci au moins renforcer la volonté d’action politique de ceux que les peuples ont mis aux responsabilités. Sans la volonté, l’Homme n’est rien ».

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