La Région Réunion et la formation

Un transfert de compétences problématique

13 mai 2005

Depuis le 1er janvier 2005, la Région s’est vu transférer de nouvelles compétences en formation initiale dans les domaines sanitaire et social. Ce transfert s’opère ’dans un contexte difficile’ ont expliqué Anick Le Toullec, présidente de la commission “Développement humain” et Denise Delorme, en présence du directeur de la Formation professionnelle, Jean-François Apaya.
Neuf mois après le séminaire d’août 2004 lançant les travaux du Plan régional de Développement des formations (PRDF), un premier point d’étape est établi par le consultant régional (CARIF-OREF) : une bonne occasion pour situer les transferts de compétences dans le cadre plus général des orientations régionales dans ce domaine complexe.

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La formation professionnelle est une des compétences majeures du Conseil régional depuis 1983, confortée par diverses lois dont la dernière en date - du 13 août 2004, relative aux libertés et responsabilités locales - transfère aux Régions les formations initiales pour sept professions du secteur social et dix du secteur paramédical - secteurs marqués par la suppression de dispositifs d’État, sans compensation.
Depuis le 1er janvier 2005, la Région est confrontée à la disparition de plusieurs dispositifs et notamment, à la suppression des aides à la formation dans les contrats aidés. "Tous ces publics se retournent vers la Région, qui déborde de demandes", a commenté Denise Delorme, en notant les difficultés causées aux demandeurs d’emploi.

23% du budget pour la formation

Dans cette mandature, le budget régional de la formation professionnelle et de l’apprentissage, d’un montant de plus de 96,8 millions d’euros, représente près de 14% du budget global. Avec celui de l’éducation (plus de 64,5 millions d’euros), ce sont au total près de 161,5 millions d’euros - soit 23% du budget global de la Région - qui vont appuyer différents programmes de formation, initiale ou continue.
La Région a construit ses orientations dans ces domaines selon un plan pluriannuel d’investissements, pour lequel les efforts sont soutenus, sur trois niveaux : le financement de 3.138 contrats d’apprentissage (en progression de 37% depuis 1997), la formation professionnelle continue des demandeurs d’emploi - avec l’AFPAR - et le soutien au développement de filières de FP initiale ; et enfin le programme de construction, équipement et financement du fonctionnement des lycées.
Depuis le début de cette année s’ajoute la responsabilité de formations initiales dans le secteur sanitaire et social, même lorsqu’il n’existe pas d’école dans l’île, ce qui pose souvent en outre un problème de mobilité.

Intervention d’urgence

La collectivité s’était déjà volontairement impliquée dans la formation des demandeurs d’emploi du champ social à l’IRTS et pour l’ouverture de l’ASFA, l’école de puériculture de l’association Saint-François d’Assises.
Ce nouveau partenariat n’a pas l’air d’être de tout repos, d’après les quelques indications données hier par les deux conseillères régionales, empêtrées dans la non parution de décret ou dans l’attente de réponse à des courriers depuis octobre 2004. Sans mettre les choses au pire, la Région constate qu’elle a dû intervenir en urgence pour réanimer des situations asphyxiées par plusieurs mois de laisser-aller, certaines administrations ayant une conception particulière de ce transfert.
La Région a ainsi débloqué 543.824 euros pour 284 bourses d’étudiants, dont les dossiers stagnaient pour raisons administratives. "On nous avait signalé des étudiants qui, faute de ressources, dormaient dans leur voiture", a indiqué Anick le Toullec. Ou encore en engageant 816.747 euros en avril pour sauver l’IRTS d’une cessation de paiement. "L’État ne joue pas son rôle", a constaté Anick Le Toullec à partir de ces deux exemples, qui dénotent aussi le besoin d’un meilleur partenariat avec le Conseil général.

Le grand chantier du PRDF

Mais au-delà de ces “couacs” de transition, les conseillères régionales prennent très au sérieux ces nouvelles attributions. "Dans ces secteurs, il y a de l’emploi", a ponctué Anick Le Toullec, indiquant que la Région travaille à l’élaboration d’un contrat d’étude prospective, en partenariat avec l’État et les branches professionnelles, auquel elle juge utile et juste d’associer aussi le Conseil général. "Il y a des niches d’emploi - a poursuivi la présidente de la commission - Il faut y aller".
Enfin, le grand chantier en cours dans le domaine de la formation professionnelle est le Plan régional de Développement des formations (PRDF), mis en route l’an dernier. Dans le contexte de pression démographique, de persistance de l’illettrisme et des besoins en mobilité, le PRDF - dont la maîtrise d’œuvre revient au CARIF-OREF - s’est appuyé dès le départ sur une consultation générale des acteurs socio-professionnels de la formation, réunis en séminaire à Saint-Gilles en août dernier.

Entreprises "frileuses"

Depuis, un premier travail de synthèse a été rendu, motivant l’éclairage que la Région a voulu mettre sur la question des formations. Cette première synthèse fait apparaître des situations très disparates selon les secteurs et des problèmes de gestion de la prospective en matière d’emploi et de compétence. D’une manière générale, la Région regrette une "trop grande frilosité des entreprises" dans cette définition prospective.
Parmi les autres problèmes mis en exergue, apparaissent les publics en difficulté, les carences dans l’orientation des jeunes ou encore la politique de mobilité. Parmi les partenariats à instaurer, la Région souhaite associer les familles - par l’intermédiaire des associations de parents d’élèves - à la réflexion sur l’orientation des jeunes.
Le partenariat s’étend aussi à d’autres institutions. "Nous voulons une concertation large. Le PRDF n’est pas le Plan “de la Région”. C’est le nôtre ; chacun a sa parcelle de décision", a souligné Denise Delorme. Ce plan devrait être voté en plénière en octobre prochain, validé par plusieurs institutions, puis suivi et régulièrement évalué, contrairement au précédent (1995-2000).
Toutefois, ce n’est pas sans appréhension que les responsables régionaux envisagent les dégâts que ne manquera pas de causer dans le domaine de la formation, et dans une région comme La Réunion, une baisse annoncée de 20% à 25% des fonds structurels européens.
P. David


Apprentissage : Aides aux CFA et aux entreprises

La Région participe au fonctionnement des 10 CFA (centre de formation des apprentis) avec les chambres consulaires. Sa participation pour 2004 a été de l’ordre de 12,7 millions d’euros. Elle apporte aussi aux entreprises des aides à l’embauche des apprentis : 915 euros à l’embauche et 2.135 euros pour l’effort de formation. Pour 2003 et 2004 les aides versées aux entreprises ont été de l’ordre de 11 millions d’euros.


AFPAR : Réhabilitation des centres

L’Association de formation pour adultes est passée sous la tutelle de la Région depuis le contrat de progrès de 1999. À cette date, le financement de la Région était de 100 millions de francs. Il a presque doublé depuis, avec un programme de réhabilitation des centres évalué à 17,6 millions d’euros. Les travaux, dans les centres de Saint-André, Saint-Pierre et Saint-François - celui de Saint-Paul étant plus récent - devraient être terminés au premier trimestre 2006.


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