Séjour éclair de Jean-Yves Jégo, Secrétaire d’Etat pour l’Outre-mer

Un voyage très politique

12 avril 2008

C’est d’abord un dirigeant de l’UMP qui est venu jeudi en visite d’une journée à La Réunion.

Est-ce vraiment le Secrétaire d’Etat pour l’Outre-mer qui a fait le déplacement éclair, jeudi, à La Réunion ? Il en avait bien l’allure, la faconde habituelle et le ton conciliant, mais sous les airs du Secrétaire d’Etat, c’est indéniablement le dirigeant de l’UMP qui a fait le programme du séjour et qui en a exécuté la partition. Fanfare militaire pour des grandes manœuvres destinées à faire oublier les couacs du séjour officiel, 15 jours plus tôt.
Aux clairons, l’air de la loi-programme : des variations Eroica pour faire oublier qu’il ne s’agissait, après tout, que de réintroduire dans le document du gouvernement les propositions réunionnaises inscrites au PR2D. C’est une excellente chose que l’agro-nutrition retrouve la priorité aux côtés des autres secteurs prioritaires désignés à la future Zone Franche Globale d’activités. Il suffisait juste que l’Etat entende les acteurs locaux dans leurs préconisations. Car, sur le fond, tout reste à faire et tout le monde sait ici que l’avenir de ces secteurs prioritaires - comme du reste de notre économie - reste suspendu aux discussions sur les Accords de Partenariat Économique (APE) avec les pays de la Zone.

Toutes les pièces comptables ont été réunies

Il fallait surtout être attentif aux partitions en solo. L’entrée mezzo voce du député-maire du Sud, Didier Robert - lui qui, il y a quelques jours encore, donnait de la grosse caisse contre la Direction de l’UMP et menaçait de faire bande à part - donne la clé des négociations de derrière le pupitre.
Pour quelles perspectives ? Il suffit de suivre le déroulement de la visite et les grands coups de trompettes envoyés en direction de la Région pour saisir le sens des tractations autour desquelles l’émissaire UMP tente de recoller les morceaux de sa représentation locale en miettes.
Les airs de pipeau sur le thème de la continuité territoriale ne trompent personne ici : les 50.000 Réunionnais qui ont voyagé sur les aides à la mobilité savent pertinemment à quoi ont été utilisées les dotations réunies par la Région. Et puisque le secrétaire d’Etat fait donner la Chambre Régionale des Comptes, il sait très bien que toutes les pièces comptables ont été réunies par la collectivité et transmises, depuis les débuts du dispositif. Il est également bien placé pour savoir que l’Etat a versé très tardivement certaines dotations, qui, de ce fait, ont été reportées sur l’année suivante.

Le fond du débat

Les Réunionnais ont bien compris, au passage du secrétaire d’Etat et à la forme de ses attaques contre la Région, que le gouvernement cherche à se désengager de sa compétence de continuité territoriale. C’est le fond du débat et le gouvernement ne pourra pas fuir indéfiniment les explications sur un dispositif d’aide à la mobilité qui est partout en échec : en Guadeloupe et en Martinique, il est arrêté ; en Guyane, il a été redéployé sur les transports intérieurs. La Région Réunion a beaucoup fait pour son maintien jusqu’à maintenant.
Aussi, l’extrême gravité des accusations portées contre la collectivité - qui “prend les Réunionnais en otages” ? - donne le la des objectifs politiques véritables du gouvernement pour 2010.
Mais... il y a un petit problème. La pyramide inversée, ce n’est pas le mur de Jéricho, et il faudra un peu plus que des ondes guerrières et des incantations de politiciens fossilisés pour la prendre d’assaut. Si c’est là tout ce que le gouvernement a trouvé pour faire taire la cacophonie des “dissidents”, il n’est pas au bout de ses peines.

P. David

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