Une date fédératrice pour l’avenir de l’île

Une association de jeunes milite pour la célébration du 19 mars 1946

20 juin 2009, par Edith Poulbassia

« Fêter le 19 mars, c’est aider les Réunionnais à se réconcilier avec l’Histoire pour mieux prendre conscience de leur unité afin qu’ils se donnent la main pour construire, dans une vision commune, La Réunion de demain ». Les 19 jeunes de l’Association pour la célébration du 19 mars 1946 vont transmettre une pétition au Premier ministre le mois prochain.

Les chiffres sont symboliques. 19 jeunes Réunionnais se sont réunis en association et se sont fixé pour mission de rassembler 1946 signatures de personnalités : politiques, artistes, historiens, chercheurs, présidents d’association, etc… Objectif, remplir une pétition pour faire du 19 mars un jour férié de célébration. Cette pétition sera transmise au Premier ministre François Fillon lors de sa visite le 9 juillet. Et la proposition des 19 jeunes sera soumise aux Etats-Généraux. L’idée a fait son chemin chez les jeunes militants à la suite de la publication du livre d’Ary Yee Chon Chi Kan, “Réconciliation et Fraternité”. Mais Emilie Assati rappelle que déjà, l’année dernière, un appel avait été lancé pour célébrer le 19 mars. Et en 2006, le 60ème anniversaire de l’abolition du statut colonial a été fêté avec éclat.
Le 19 mars 1946 marque en effet l’abolition du statut colonial pour La Réunion, statut « basé sur la domination et la division des peuples ». Cette date est « le point de départ de l’égalité sociale qui a ouvert la voie à une transformation radicale de l’île par la modification en profondeur de ses structures politiques, économiques et sociales », souligne Emilie Assati, présidente de l’Association pour le 19 mars.
Si le 20 décembre est aussi une date importante de l’histoire de l’île, elle célèbre avant tout la liberté obtenue en 1848. Le 19 mars prend un autre sens : celui de l’égalité.

Se réconcilier et construire l’avenir

Pourquoi commémorer cette date ? « Les Réunionnais ont besoin de dates fédératrices, estime Emilie Assati. Beaucoup de divisions découlent de la colonisation. Célébrer cette date, c’est une façon de tourner la page. Et aujourd’hui que nous sommes un département, se demander, sans complexe, ce que nous voulons pour notre avenir ».
Pour ces jeunes militants, la célébration a plusieurs objectifs.
D’abord, fêter l’appartenance de La Réunion à la France et la reconnaissance du Réunionnais en tant que citoyen français à part entière, doté de droits civils, politiques et sociaux identiques aux Français de l’hexagone.
Ensuite, célébrer la réconciliation des Réunionnais entre eux après des années de division et de domination liées au système colonial. « C’est inscrire la départementalisation dans le marbre de l’Histoire, afin que les Réunionnais cessent d’avoir les yeux rivés vers la France et puissent se regarder en tant que frères et en tant que citoyens responsables du devenir de l’île ».
Il s’agit à cette occasion de faire le bilan de 60 ans d’un modèle de développement fondé sur le rattrapage économique et social. Malgré des progrès, les inégalités se creusent : les jeunes, même diplômés, sont victimes du chômage, les grossesses précoces augmentent chaque année, et 52% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.
Donc, célébrer le 19 mars, c’est aussi mettre derrière nous 60 ans d’histoire pour se tourner vers un avenir qui mettra chaque Réunionnais en face de ses responsabilités car les défis qui nous attendent sont trop importants et singuliers pour que nous reproduisions ce qui s’est déjà passé. « Nous avons à imaginer un modèle de développement propre à La Réunion, et qui mieux que la nouvelle génération cela pourrait-il concerner ? », interroge Emilie Assati.
L’association a déjà pris contact avec des conseillers régionaux et généraux, qui soutiennent l’initiative. Notamment la présidente du Département et le président de la Région.

Edith Poulbassia

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