Un salarié réunionnais sur trois travaille dans le Nord

Une concentration de l’activité économique

22 août 2007, par Manuel Marchal

Avec 48.700 salariés, la micro-région Nord est celle où l’activité économique est la plus dynamique de l’île. Cela n’est pas sans poser problème en termes de déplacements, et donc d’aménagement du territoire.

37% des salariés réunionnais travaillent dans une entreprise située à Saint-Denis, Sainte-Marie ou Sainte-Suzanne. A 81%, ils travaillent dans le tertiaire, à 9% dans la construction, à 9% dans l’industrie et à 1% dans le secteur primaire.
Dans cette micro-région, c’est le secteur du service aux entreprises qui enregistre la plus forte croissance avec 1.087 créations d’emplois, soit +12%. Avec 9.980 emplois, c’est maintenant le secteur le plus pourvu en main d’œuvre devant le commerce (9.975), l’administration et les activités associatives (5.303 en croissance de 10%), l’éducation-santé-action sociale (4.510) et la construction (4.282). Avec une hausse de ces effectifs de 17%, soit 618 créations d’emplois, il est à noter que le secteur de la construction dans le Nord a connu l’an dernier une croissance supérieure à la moyenne réunionnaise.

Le résultat d’une politique

Dans le même temps, la population du Nord est évaluée à 190.000 habitants, soit 24% du total réunionnais. Quant au nombre des travailleurs privés d’emploi, il était l’an dernier de 21.700, soit 22% des demandeurs d’emploi réunionnais.
Avec plus d’un salarié sur trois, le Nord est la micro-région la plus attractive, alors qu’elle est moins peuplée que l’Ouest ou le Sud. Cela signifie que chaque jour, des dizaines de milliers de personnes viennent dans le Nord pour travailler. Ce nombre est en augmentation, et cela n’est pas sans conséquence, notamment en termes d’aménagement du territoire.
Ceci est le résultat d’une politique menée pendant des décennies par des décideurs qui n’ont pas pris en compte la réalité de La Réunion et son contexte démographique. En effet, privilégier le développement de Saint-Denis au détriment des autres régions ne pouvait que conduire à une telle situation. La Réunion paie aujourd’hui le prix de cette concentration, car une seule route rapide relie directement le Nord aux zones les plus fortement peuplées de La Réunion : l’Ouest (200.000 habitants) et le Sud (280.000 habitants).

Rééquilibrer l’activité économique

La route du Littoral est plus que jamais un axe stratégique pour l’économie de La Réunion. Cette route est impossible à sécuriser, c’est en effet ce qui motive la construction d’un nouvel itinéraire. Une coupure, un embouteillage, et ce sont aussitôt des milliers d’heures de travail qui sont perdues pour La Réunion.
Tant que des alternatives au tout-automobile ne seront pas mises en place, cette situation ne pourra que s’aggraver.
Tout ceci milite pour la réalisation d’un transport en commun en site propre capable de relier sans risque l’Ouest au Nord afin de sortir de l’impasse du tout-automobile et de ses conséquences néfastes sur l’activité économique. Cela sera chose faite quand le tram-train sera inauguré.
L’autre enseignement est l’importance d’aller vers un rééquilibrage des zones de développement économique. Dans une île au relief difficile, il est important d’imaginer des solutions pour éviter les longs déplacements coûteux en termes de temps et d’énergie.
Ce sont autant de projets à mener à bien pour gagner la bataille du développement de La Réunion.

Manuel Marchal


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