Attitude révélatrice de Michel Vergoz à la Région

Une constante : saborder l’union

21 juin 2007

À La Réunion, les dernières élections législatives, notamment le deuxième tour, se sont déroulées sous le signe de l’union de la gauche. Mardi, lors de la séance plénière du Conseil Régional, Michel Vergoz, chef de file du groupe PS à la Région, a remis en cause ce climat d’entente. La stratégie de ce responsable politique ne doit tromper personne. Son objectif : éliminer le PCR de la même façon que le PS a réussi à laminer l’influence du PCF en France. Pour quel résultat ? La dernière présidentielle a montré ce que donne une telle stratégie : une gauche affaiblie, qui peine à rassembler 40% des suffrages et s’interroge sur son avenir.

La campagne du deuxième tour des élections législatives à La Réunion a eu lieu dans un climat d’union des forces de la gauche. Cette dynamique a permis l’élection d’Huguette Bello, Patrick Lebreton et Jean-Claude Fruteau comme députés de La Réunion.
Il est bon de rappeler que pour sa part, le Parti Communiste Réunionnais est dans une démarche de rassemblement dès le premier tour. Pour le PCR, cette union préalable est une condition essentielle pour définir un programme dès le premier tour. Programme sur lequel les électeurs ont à se prononcer au premier comme au deuxième tour d’un scrutin. Pour sa part, le Parti socialiste défend une ligne politique de parti. Autrement dit, chaque parti présente un candidat au premier tour défendant les programmes respectifs. L’union se fait alors au deuxième tour sur le candidat le mieux placé, pas sur le programme car en une semaine, le temps manque pour élaborer un programme commun à tous les membres du rassemblement.
Ceci dit, dimanche dernier, l’union a permis d’arriver en tête dans trois circonscriptions sur cinq.

Logique partisane

Or, deux jours après cet événement, Michel Vergoz remet en cause ce climat d’entente. Mardi, lors de la séance plénière du Conseil Régional, il prend la parole pour annoncer qu’il ne votera pas le compte administratif de la Région, ainsi que le document comptable présenté par le Trésorier payeur général. Son argument : puisque son groupe n’a pas voté le budget primitif 2006, il ne votera pas le compte administratif. D’ailleurs, les déclarations de Michel Vergoz expliquant sa position sont rappelées dans "Le Quotidien" d’hier : « nous nous étions abstenus lors du vote du budget primitif », « le groupe PS s’abstiendra en toute logique sur le compte administratif ».
Il est à noter qu’en prônant aussi une abstention sur le bilan comptable du Trésorier payeur général, Michel Vergoz remet également en question le travail effectué par les services du TPG. En effet, ce dernier a la responsabilité d’exécuter les dépenses et les recettes ordonnées par la Région après délibération de l’assemblée. Et le document remis par le TPG doit contenir en tout point les opérations financières inscrites dans le compte administratif présenté mardi aux conseillers régionaux. Voici le résultat d’une logique partisane.

Arrêter de tromper l’opinion

Un incident révélateur de cette attitude partisane a d’ailleurs émaillé les débats mardi. Paul Fotsé, conseiller régional socialiste, prend la parole pour affirmer qu’il approuve le vote du compte administratif de la Région. « Il faut reconnaître que vous faites un excellent travail, M. le président », a-t-il dit à Paul Vergès pour argumenter sa prise de position opposée à celle de Michel Vergoz. Ce dernier a violemment pris à partie Paul Fotsé, déclarant publiquement : « je pensais que le linge sale se lavait en famille, pas en public ».
Force est de constater qu’une question se pose : quand donc Michel Vergoz va-t-il arrêter de tromper l’opinion et d’être arrogant dans l’hémicycle ?
En 2004, lors de la séance plénière ayant à son ordre du jour l’élection du président de la Région, Michel Vergoz avait expliqué quelle serait l’attitude de son groupe au cours de la mandature : « il n’est pas l’heure de laisser transpirer les rancœurs » ; « nous soutiendrons votre majorité régionale, sans participer à l’exécutif, pour nous opposer à la politique de l’UMP » ; « face aux difficultés, socialistes et Verts ne vont pas compliquer la tâche et vont partager avec vous les efforts nécessaires, au nom de la population réunionnaise, avec une majorité plus forte qu’en 1998 ». Des déclarations qui peuvent se résumer en substance de la manière suivante : « Nous ne voulons pas gérer car la gestion est de la responsabilité de l’Alliance, nous ferons partie de la majorité en étant critique ».

Un objectif : éliminer le PCR

Mais les actes du chef de file du groupe PS viennent démentir ses paroles. En effet, comment se dire dans la majorité quand on ne vote aucun document présenté par la Région ? Depuis 2004, Michel Vergoz persiste dans une opposition systématique. C’est cette attitude qui explique les propos qu’il tient à l’encontre de Paul Fotsé. Ce dernier est en phase avec la situation issue des dernières législatives. Dans ce scrutin, le parti de Paul Vergès a permis la victoire du PS. Tirant les enseignements du vote de dimanche dernier, Paul Fotsé « persiste à dire qu’il faut tracer un avenir avec les forces de progrès, et arrêter de faire croire à la population que le PS est opposé à l’Alliance ». Face à cette juste analyse, Michel Vergoz mène l’offensive, accompagnée par des propos malveillants contre le président de la Région.
Cela amène à s’interroger : à quoi sert l’union ? La ligne défendue mardi par Michel Vergoz à la Région donne la réponse à cette question. Il s’agit d’utiliser l’union pour arriver au même résultat qu’en France. En France, le PS s’est servi de l’union de la gauche pour laminer le PCF avec l’aide des électeurs communistes. À La Réunion, l’objectif de la ligne politique de Michel Vergoz est la même : éliminer le PCR avec l’aide des électeurs communistes.
Le résultat national de la dernière élection présidentielle montre le danger d’une telle stratégie : une gauche largement minoritaire qui s’interroge sur son avenir.

Manuel Marchal


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Messages

  • Vous voulez parler du Payeur régional car le Trésorier payeur Général n’est pas le comptable de la Région mais celui de l’Etat. Il ne faut pas tout mélanger !!!!. Certes le Payeur Régional est un subordonné du Trésorier Payeur Général de la Réunion mais il rend compte à la Chambre Régionale des Comptes pour les opérations exécutées pour la Région alors que le TPG rend compte à la Cour des comptes pour les opérations exécutées pour l’Etat.


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