Virapoullé épinglé par la Chambre régionale des comptes

« Une gestion financière calamiteuse » de Saint-André

3 octobre 2009, par Edith Poulbassia

La Chambre régionale des comptes a passé au crible la gestion de la commune de 2003 à 2007. Au vu des éléments apportés par un rapport d’une centaine de pages, transmis ce mois-ci à la municipalité, le bilan est lourd.

Précarité de trésorerie, poids des dépenses de personnel, relation confuse avec les associations subventionnées... « l’ancienne équipe a tué le développement de Saint-André », commente Éric Fruteau.
Le maire de Saint-André ne mâche pas ses mots pour qualifier la gestion menée par son prédécesseur. « C’est un comédien qui joue avec les Réunionnais », « un fourbe qui a trompé sa population pendant des années ». Il parle de « système opaque, unique en France, un système mafieux ».

Sur le plan financier, la Chambre régionale des comptes souligne la faiblesse de l’épargne nette causée par une trésorerie tendue, une rigidité des charges de structures et un niveau trop élevé des charges en personnel. Ces charges ont connu une augmentation de 18% de 2003 à 2007.
Ce bilan financier va de pair avec un manque de transparence de la gestion du personnel, une embauche massive non contrôlée. La Chambre régionale des comptes met en évidence la mise à disposition des employés communaux dans des lieux de culte.

La situation n’est pas plus saine en ce qui concerne la relation aux associations. 60% des subventions étaient attribués à 11% des associations. Comment étaient attribuées ces subventions ? Là encore, la Chambre régionale des comptes pointe du doigt l’absence de convention et de procédure devant le Conseil municipal, l’attribution de rallonges à certaines associations sans justifications. Ainsi, une subvention complémentaire de 300.000 en 2005 pour le Comité des fêtes, ou encore 120.000 euros en 2007 pour l’Association développement de l’Est.
Le rapport constate aussi un « démembrement de l’administration communale ». Exemple avec l’association AIQTD (Intégration par la qualification et le travail durable). 200 emplois aidés transférés à cette association en 2006, mais dévolus à des besoins communaux, un allègement de charges de personnel pour la commune compensé par une subvention annuelle de 300.000 euros. « De telles pratiques constituent une infraction caractérisée aux règles de la comptabilité publique », indique la Chambre régionale des comptes.
« Aujourd’hui, nous subissons cette gestion financière calamiteuse », affirme le maire. Une gestion que l’équipe municipale tente de redresser grâce à une programmation des actions, à un dialogue social avec le personnel, à un vrai partenariat avec les associations.

E.P.


Dipavali : du “fénoir” à la lumière

L’organisation du Dipavali par l’ancienne équipe municipale n’est pas épargnée par le rapport de la Chambre régionale des comptes. « Cette importante manifestation annuelle fait l’objet d’une programmation et d’une gestion peu transparentes. Son coût financier est opaque et l’évaluation des actions reste superficielle », lit-on. Autres problèmes soulevés : « la non tarification du droit d’occupation temporaire du domaine public communal par les exposants », « la confusion des rôles entre la commune et l’OMAG* dans le maniement de fonds à l’occasion du Dipavali ».
Le rapport recommande ainsi de clarifier les modalités d’organisation de la fête. Ce que l’équipe municipale actuelle tente de faire. Elle veut définir une vraie politique culturelle pour la ville, et pour la première fois, le budget du Dipavali va être validé en Conseil municipal.

« Il n’y a pas de monopole »

Devant les médias, l’ancien maire Jean-Paul Virapoullé a annoncé cette semaine que les festivités du Dipavali seraient transférées à Saint-Pierre. Une information erronée puisque le Dipavali n’est pas annulé à Saint-André. Les festivités et le défilé auront bien lieu au Colosse, comme l’année dernière.
« Le Dipavali appartient à tous les Réunionnais, même si, historiquement, il est célébré à Saint-André. Chacun est libre de conduire la manifestation qu’il souhaite », estime Éric Fruteau.
Par ailleurs, la manifestation reste ouverte à toutes les associations. « Un comité de pilotage permet l’expression des associations sans distinction », affirme le maire.

E.P.

*OMAG : Office municipale d’animation globale


Octroi de mer en sursis

La municipalité alerte le président de la République

L’octroi de mer est une source financière importante pour les communes des DOM. Elle correspond pour Saint-André à un quart des recettes de fonctionnement, soit 14 millions d’euros sur 54 millions. Conséquence de la crise économique, la commune enregistre une perte de 2,8 millions d’euros pour 2009. De plus, l’incertitude demeure quant au renouvellement de l’Octroi de mer en 2014. Une motion votée en Conseil municipal va ainsi être transmise au président de la République. « Il est important de sauvegarder et de consolider les recettes fiscales de la commune, dont l’Octroi de mer, insiste Éric Fruteau. Nous proposons d’élaborer un plan de compensation intégrale de ce manque à gagner financier, en organisant une table ronde ».

E.P.


Un défi au sénateur de Saint-André

Les Cantonales de 2011

Le maire et vice-président du Conseil général lance un défi au sénateur de Saint-André. « S’il veut faire de la politique, alors qu’il se présente aux Cantonales de 2011 et le peuple jugera la gestion de la commune », Éric Fruteau, qui sera candidat dans le canton du centre-ville.

E.P.


Une plainte pour abus de confiance et gestion de fait

En juillet 2009, le maire a déposé une plainte au procureur de la République pour « abus de confiance et gestion de fait » concernant l’association Amicale du personnel. Éric Fruteau ne tient pas à commenter cette affaire pour l’instant. « Je fais confiance à la justice », indique-t-il.

EP

Spécial 50 ans du PCR

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