Rentrée scolaire

Une illustration des besoins spécifiques à La Réunion

20 août 2007, par Manuel Marchal

À La Réunion, la rentrée est l’occasion de la mise en service de nouveaux établissements scolaires. Dans l’enseignement secondaire, le lycée de Saint-Paul et un nouveau collège à Bras-Panon vont accueillir leurs premiers élèves.
La croissance annuelle importante des effectifs scolaires, et donc des moyens nécessaires pour assurer le service public d’enseignement, est une spécificité réunionnaise. Une spécificité qui demande des mesures spécifiques.

Dès demain, des jeunes Réunionnais inaugureront un nouveau lycée et un nouveau collège. Ce qui dans une région de métropole pourrait apparaître comme un événement exceptionnel ne l’est pas à La Réunion. L’explication réside dans une croissance démographique bien plus importante à La Réunion, et par les acquis de la lutte pour l’égalité. Un jeune Réunionnais a le même droit à l’éducation qu’un jeune Français. Un résultat de cette bataille est l’accès au collège et au lycée.
Depuis les premières lois de décentralisation, les collectivités locales, compétentes en matière de bâti scolaire, ont investi massivement dans la construction d’établissements scolaires. Par exemple, sur ces vingt dernières années, le nombre de lycées a plus que triplé.

Un effort unique

Cet effort considérable doit se poursuivre afin d’accompagner l’accroissement démographique. En moyenne, deux lycées doivent sortir de terre tous les trois ans. Cet investissement concerne tous les types d’établissement scolaire. C’est une des garanties du développement durable de La Réunion du million d’habitants.
À cette spécificité s’ajoute une autre. Depuis la loi du 13 août 2004, la gestion des personnels TOS est transféré aux Régions et aux Départements. Dans un contexte de stagnation des effectifs scolaires comme le connaît la France, ce transfert ne signifie pas la même chose qu’à La Réunion.
En effet, aucune autre collectivité locale de la République ne doit faire l’effort de construire deux lycées tous les trois ans et donc de créer les postes TOS nécessaires pour le fonctionnement de ses établissements. Autrement dit, en France, une collectivité locale n’a pas à créer beaucoup de postes pour maintenir la qualité du service public, puisque le nombre d’élèves stagne. De plus, aucune collectivité territoriale de métropole ne doit faire face à un déficit structurel aussi important que La Réunion en terme de postes de TOS.

Dotation exceptionnelle

Lors de la conférence de presse de jeudi, la Région rappelait qu’au moment de la promulgation de la loi, La Réunion était l’Académie où le taux d’encadrement des Tos était le plus faible. Cette carence a notamment pour conséquence une explosion de la précarité. Lorsque l’État avait la compétence de la gestion des TOS, il a massivement eu recours à des contractuels au lieu de créer des postes de fonctionnaires d’État. Sans ces contractuels, le système éducatif en place à La Réunion ne peut pas fonctionner.
Et force est de constater que le transfert de compétences dans le domaine de la gestion des TOS ne s’accompagne pas du transfert financier "au centime près" de la part de l’État. Il est nécessaire de lutter.
C’est le sens de l’intervention de la collectivité auprès des instances ministérielles et directement auprès de la Commission consultative d’évaluation des charges. L’objectif est de demander un examen spécifique de la situation de La Réunion. Cette démarche a abouti à une dotation exceptionnelle de 138 postes à temps plein, dont un tiers ont été attribués aux lycées.
Créer chaque année de nouveaux établissements et des emplois de TOS pour les faire fonctionner, c’est une spécificité des collectivités locales à La Réunion. C’est un contexte qu’il faut prendre en compte et qui appelle à des mesures spécifiques afin qu’à La Réunion le fonctionnement du service public d’éducation soit assuré dans les mêmes termes qu’en France.

Manuel Marchal


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