Intervention de la sénatrice Gélita Hoarau.

Une nouvelle politique pour les DOM

18 février 2009

Gélita Hoarau plaide pour une nouvelle politique dans les DOM.

Ce 17 février 2009, les Commissions du Sénat recevaient le secrétaire d’Etat à l’Outre-mer, Monsieur Yves Jégo.
 Celui-ci présentait aux élus du Palais du Luxembourg les grandes lignes de son projet de loi pour le développement économique de l’Outre-mer.
 Les actuels évènements qui se déroulent dans les DOM et particulièrement aux Antilles ont beaucoup pesé sur les échanges entre les Sénateurs et le Secrétaire d’Etat. 
Pour sa part, la sénatrice Gélita Hoarau a plaidé pour une nouvelle politique de l’Etat dans les DOM. Le secrétaire d’Etat lui a répondu qu’elle posait des problèmes de fond et que les réponses à ces questions lui seront apportées par le Président de la République, jeudi 19, lors de sa rencontre avec les élus des DOM.
Voici l’intégralité de l’intervention de la sénatrice Gélita Hoarau.

Je ne suis pas de ceux et de celles qui disent que ce qui se passe aujourd’hui à La Réunion relève du mimétisme ou du suivisme par rapport aux évènements des Antilles.
Je pense au contraire que tout cela révèle une crise profonde dans l’ensemble des DOM. Cette crise n’est pas nouvelle, elle couvait depuis des années et la crise internationale est venue exacerbée la situation.

On peut toujours rechercher les responsabilités. C’est l’histoire qui les établira sans doute un jour.
Mais pour l’heure, la question est de savoir si nous pouvons ou pas collectivement sauver nos pays du désastre. D’autant plus qu’à la crise actuelle s’ajouteront d’autres dangers à venir, comme l’entrée en vigueur des Accords de Partenariat Economique ou la fin de l’actuel règlement sucrier européen.
La situation actuelle résulte des politiques appliquées jusqu’ici dans les DOM. Comme nous voulons la changer, il faut donc cesser radicalement avec les pratiques habituelles et inaugurer une nouvelle politique. D’aucuns appelleraient cela la rupture.
Je citerai pour preuve deux exemples.
D’abord, le coût de la vie. Se pose bien sûr le problème des surprofits des monopoles qu’il faut dénoncer et combattre. Mais il y a aussi le problème des sources d’approvisionnement à La Réunion : tant que nous nous approvisionnerons quasi exclusivement à 10.000 km, comme au temps du colbertisme triomphant, nous paierons non seulement le prix de la marchandise, mais aussi celui des kilomètres et des augmentations des carburants.
Le moment n’est-il pas venu d’orienter résolument nos échanges commerciaux avec les pays de la zone et de s’en donner les moyens, notamment par la création d’une compagnie maritime régionale.

Ensuite, et dans un autre ordre d’idée, comment faire en sorte que la précarité et les emplois aidés ne soient plus au centre du débat politique à La Réunion ? Les crédits du RMI, des emplois aidés, les allocations spécifiques, l’API, etc… représentent près d’un milliard d’euros par an pour La Réunion.
Ne peut-on pas, Monsieur le Ministre, à l’occasion de la mise en place du RSA dans les DOM, mutualiser ces crédits et les utiliser pour créer 2 grands services, dont La Réunion a un impérieux besoin, et gérés démocratiquement, l’un dans l’aide à la personne, l’autre dans l’environnement ?
On romprait ainsi radicalement avec l’usage des « emplois-magouilles » et surtout on créerait des dizaines de milliers d’emplois pérennes.
La crise actuelle, qui frappe d’abord les plus démunis, c’est-à-dire les 52% de la population réunionnaise vivant en dessous du seuil de pauvreté, doit être résolue par des mesures urgentes en leur faveur : revalorisation des minima sociaux, baisse des prix des produits de première nécessité, du gaz, des loyers, des transports en commun, gratuité de l’école et de la cantine, etc…

Mais en plus de ces dispositions immédiates, il faut offrir des perspectives d’avenir à La Réunion. De ce point de vue, La Réunion n’est pas à court de propositions.
En effet, un Plan de Développement Durable a été élaboré par la Région, basé sur le développement des énergies renouvelables (il y a dans ce domaine des résultats plus que probants), basé également sur des grands travaux, sur le développement du tourisme, de moyens modernes de transports, …
Je ne vais pas insister sur les autres pistes. Mais elles répondent toutes non seulement aux exigences du développement durable mais aussi à la demande de milliers et de milliers d’emplois. Ce sont de tous ces problèmes et de bien d’autres encore — logement, santé, coopération régionale… — qu’il conviendrait, Monsieur le Ministre, de débattre de façon urgente avec toutes les forces vives de La Réunion, avant le débat sur la LODEOM.
Voilà très rapidement, Monsieur le Président, Monsieur le Ministre, mes chers collègues, ce que je souhaitais vous dire.
Avant de terminer, j’aimerai, Monsieur le Ministre, vous poser la question suivante :
Monsieur le Président de la République a annoncé la création d’un Conseil interministériel pour l’Outre-mer. Pouvez-vous nous dire, Monsieur le Ministre, si ce Conseil sera permanent ?
Je vous remercie pour votre attention.

Gélita Hoarau
Groupe C.R.C.
Sénatrice de La Réunion

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