Une question persistante

26 avril 2011, par Geoffroy Géraud-Legros

Pourquoi et comment Jean-Jacques Vlody souhaitait-il devenir président du Conseil général ? Deux semaines après le troisième tour, les médias réunionnais continuent de s’interroger.

« Pourquoi vous être présenté à la présidence du Conseil général, à l’encontre de la consigne du Parti socialiste, qui soutenait l’élection de Mme Dindar ? », demandait le journaliste Jean-Marc Collienne à Jean-Jacques Vlody, lors de l’émission “Face à l’info” diffusée dimanche soir par “Antenne Réunion”. « J’ai voulu engager un débat », répond en substance l’intéressé.
Est-ce la énième répétition de cette question ? Est-ce parce que, même mille fois répétée, celle-ci ne cesse d’être gênante ? Toujours est-il qu’on sent le conseiller général du Tampon un peu ennuyé aux entournures. Une gêne qui transparaît d’ailleurs dans les explications un rien embrouillées qui suivent l’évocation du « débat » qu’aurait souhaité Jean-Jacques Vlody, qui affirme ainsi que si elle fut « mûrement réfléchie », sa candidature « spontanée » à la tête de l’Assemblée départementale ne fut pas « partagée ». Un propos d’autant plus difficilement intelligible, qu’il est suivi peu après par l’affirmation selon laquelle l’élu socialiste « connaissait » l’engagement proféré par son parti politique envers Nassimah Dindar, et en était d’ailleurs, affirme-t-il, « l’artisan », à l’instar de ses collègues socialistes.

Question(s) en suspens

D’où vient donc l’insistance des observateurs à interroger l’élu tamponnais sur les raisons de sa candidature à la présidence du Conseil général ? Sans doute, la forme compte-t-elle pour beaucoup dans la curiosité persistante des journalistes. La déclaration de M. Vlody intervint en effet dans un contexte où un accord existait entre le PCR et l’Alliance, le Parti socialiste, le MODEM et la formation de Nassimah Dindar, pour reconduire cette dernière à la tête du Conseil général, sur la base de la résistance à la politique de Nicolas Sarkozy. Se proposant directement pour prendre la succession de Mme Dindar, Jean-Jacques Vlody ne pouvait qu’attirer l’attention des principaux médias. Ceux-ci ne virent là nulle « invitation au débat », mais une remise en cause du pacte conclu entre les formations composant la majorité sortante.

Entente Robert /Vlody : une rumeur médiatique ?

L’intérêt des faiseurs d’opinions fut aiguisé par une information rendue publique par le rédacteur en chef du “JIR”. Dans un éditorial en date du 29 mars dernier, Yves Mont-Rouge faisait état d’une tentative de rapprochement organisée entre Didier Robert et les « socialistes du Sud », qualifiés plaisamment par la "plume" du “JIR” de « camarades » du président UMP de la Région. Si l’identité des auteurs de ce rapprochement au sein du groupe des "socialistes ruraux" n’était pas révélée, Jean-Jacques Vlody était en revanche désigné par notre confrère comme le bénéficiaire de ce possible arrangement. Une combinaison d’autant plus inattendue que Nassimah Dindar était elle-même venue faire campagne au Tampon aux côtés de M. Vlody. La dénonciation de la « casse sociale » du Gouvernement ayant été le leitmotiv de la campagne, il était inévitable que l’attention de la presse se focalise sur l’éventualité d’une alliance entre l’un des plus hauts responsables de la Fédération socialiste de La Réunion et des troupes conduites par un membre du bureau national de l’UMP, proche du chef de l’État. À courte distance des présidentielles, une telle formule avait de quoi émouvoir au sein des deux camps et de leurs États-majors parisiens… et promettait de beaux sujets aux journalistes réunionnais. Attente déçue : le 3e tour vit la reconduite, en accord avec les engagements électoraux souscrits en amont du scrutin. En l’absence de démenti, ou même de clarification émanant de la direction du PS, il n’est guère étonnant que les médias continuent de demander des précisions sur l’éphémère positionnement dissident de M. Vlody. Un questionnement que nourrit aussi sans doute l’actualité d’une autre institution, le Conseil régional… où le soutien apporté par Michel Vergoz, ancienne tête de liste aux élections régionales, s’exprime désormais ouvertement.

Geoffroy Géraud Legros

PSCantonales 2011

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