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Le prochain séjour dans notre île de Jean-Louis Borloo et de Marc-Philippe Daubresse, ministre chargé du Logement qui l’accompagne, se présente comme une visite pédagogique. Les deux ministres viendraient expliquer le plan de cohésion sociale, le défendre voire même l’amender et l’adapter aux conditions de l’Outre-mer. L’étape réunionnaise est le début d’une tournée qui devrait conduire le ministre des Affaires sociales aux Antilles et en Guyane. Mais il n’y pas que la défense du plan qui porte son nom qui motive le déplacement de Jean-Louis Borloo.
L’accueil que Jean-Pierre Raffarin avait reçu en février 2003 a eu pour effet de pousser les ministres du gouvernement a regarder à deux fois avant de programmer toute visite à La Réunion. Brigitte Girardin qui venait nous voir régulièrement s’est mise aux abonnés absents. Il y a quelques semaines, François Fillon avait annoncé sa venue. Devant la menace d’une mobilisation des enseignants, il n’a pas mis son projet à exécution.
Jean-Louis Borloo, quant à lui, veut jouer sur son image de ministre attaché au social pour éviter de fortes contestations. Il a choisi d’organiser son déplacement en une période de l’année où, entre les fêtes du 20 décembre et celles de Noël, les Réunionnais ont l’esprit ailleurs.
L’intérêt du voyage du ministre de la Cohésion sociale ne résidera pas seulement dans le travail fait autour du projet de loi. Il aura un aspect hautement politique.
Ce séjour intervient quelques semaines après la désignation de Nicolas Sarkozy à la tête de l’UMP. Dans son discours du Bourget, le nouveau président du parti présidentiel avait consacré quelques lignes à l’Outre-mer. "Je veux que nous retrouvions avec nos compatriotes d’Outre-mer dont nous sommes si proches, un lien qui s’est distendu", avait-il déclaré avant d’ajouter : "Je confierai des responsabilités non pas à ceux qui estiment y avoir droit, non pas à ceux qui représentent une tendance, un clan, une amicale... je les confierai à ceux qui ont le plus envie de faire, à ceux qui sont prêts à s’y consacrer pleinement, totalement, à ceux qui ont encore suffisamment d’ardeur pour mener le combat contre la gauche". Cette dernière phrase a été interprétée comme une mise en cause directe des hommes et des femmes et des équipes qui, outre-mer, ne donnent plus confiance. On a cru comprendre que Gaston Flosse, Lucette Michaux-Chevry sont dans le collimateur.
Proche de Jacques Chirac, Jean-Louis Borloo vient donc resserrer les boulons. Il aura une double tâche à remplir : mettre en garde ceux et celles qui seraient tentés de rejoindre Sarkozy et regrouper derrière le drapeau chiraquien le maximum d’élus et de responsables.
Le programme du voyage, le choix des communes et des personnalités visitées, les discours qui seront tenus auront tous leur importance. Ils nous indiqueront auprès de qui l’Élysée veut faire pression et sur qui les chiraquiens comptent pour contrer le président de l’UMP.

J. M.

Qui avec qui ?

Jean-Jacques Morel, premier adjoint au maire de Saint-Denis qui a été le premier élu réunionnais à déclarer publiquement sa flamme sarkozienne ira-t-il à la rencontre de Jean-Louis Borloo, envoyé spécial de Jacques Chirac dans notre île ? Ibrahim Dindar qui, à l’occasion du débat sur la préférence régionale sur Télé-Réunion, a laissé entrevoir que ses préférences allaient pour l’actuel président de l’UMP, va-t-il faire bouder le ministre ? Alain Bénard qui a mené campagne pour Nicolas Dupont-Aignan au poste de président du mouvement va-t-il rester sur la réserve ? Que fera le sénateur-maire de Saint-André ? Et le député-maire du Tampon qui semble le grand oublié de la tournée ? Que fera Jean-Luc Poudroux, officiellement secrétaire de la fédération locale de l’UMP ? Quelle signification accorder à la visite annoncée du ministre à Saint-Pierre dont le maire flirte avec la Relève ?
Que feront précisément les élus et responsables de la Relève ? Vont-ils rallier Nicolas Sarkozy et son discours ultra-libéral ou bien resteront-ils dans le giron chiraquien ?
Autour de quelle personnalité locale s’organisera le courant chiraquien local ?
Quelle sera leur stratégie politique ?
Ce sont là quelques unes des équations que posent le prochain séjour de Jean-Louis Borloo dans notre île.