Politique sociale du gouvernement

Une urgence : tenir compte de la situation de La Réunion

10 juillet 2007

Dans le domaine social, les mesures annoncées par le gouvernement sont inquiétantes. Appliquées mécaniquement à La Réunion, elles ne feraient qu’appauvrir le pays et plonger encore davantage les plus démunis dans la crise.

Sécurité sociale, RMI, financement des collectivités locales, le gouvernement annonce la couleur, ce qui inquiète La Réunion.
Un des sujets cristallise les attentions : la suppression du RMI et son remplacement par le RSA.
Le gouvernement touche là un des symboles de l’égalité sociale. Créé en 1988, appliqué à La Réunion en 1989, ce n’est que 13 ans plus tard que son montant a été aligné sur celui de la Métropole. Par ailleurs, le RMI est le seul revenu pour plus d’un Réunionnais sur 10. Cette spécificité est rappelée par l’INSEE dans sa revue "L’économie de La Réunion" de mars dernier : « Le RMI couvre la moitié de la population bénéficiaire des minima sociaux, il concerne 20% de la population réunionnaise de 25 à 64 ans et près de 10% de la population totale, au lieu de 2% de la population en France métropolitaine ». Et l’INSEE de souligner que « si l’on tient compte des ayants droits, la population couverte par un minimum social servi par la CAF (RMI, RSO, API, AAH) est de plus de 240.000 personnes. Il faut y ajouter les allocataires du minimum vieillesse et de l’ASS, ainsi que leurs ayants droits ».
Toutes ces annonces ne peuvent que susciter la vigilance et appeler à la mobilisation. En effet, comme le montrent les chiffres de l’INSEE cités plus haut, La Réunion est marquée par un contexte de très grave pauvreté, due en particulier à un chômage massif. Dans ces conditions, comment, par exemple, peut-on mettre en œuvre le RSA présenté par le gouvernement ? Où sont les plus de 70.000 emplois nécessaires ?
Le précédent du RMA (Revenu Minimal d’Activité), (voir page 11 de "Témoignages" du 7 juillet dernier), est d’ailleurs révélateur.

Des mesures inquiétantes

Concernant la Sécurité sociale, le gouvernement a annoncé quelles seraient les mesures prises pour réduire les dépenses. Plusieurs d’entre elles vont augmenter le coût des soins.
Tout d’abord, le plafond du forfait par acte médical est porté à 4 euros par jour. Ensuite, « l’instauration d’une franchise médicale, qui devrait tenir compte du revenu du patient, pourrait permettre de couvrir ces nouvelles dépenses ».
Avec une baisse de prix souhaitée sur plusieurs médicaments, ainsi que sur plusieurs actes médicaux, tout ceci devrait aboutir à une économie de 1,2 milliards d’euros. Soit un dixième du déficit annoncé à 12 milliards. Ces mesures n’aboutiront pas à inverser la tendance et vont encore pénaliser les plus démunis.
D’autres projets du gouvernement inquiètent La Réunion. Tout d’abord, la poursuite d’une politique d’allongement de la durée de cotisation pour bénéficier d’une retraite à 100%. Étant donné le chômage massif qui sévit à La Réunion depuis des décennies, combien sont et seront les Réunionnais qui ont la possibilité d’avoir droit à une retraite pleine ?
Autre inquiétude : le gel de la dotation globale de fonctionnement attribuée aux collectivités locales. Pas d’augmentation annoncée hors inflation, autrement dit, comment les collectivités locales à La Réunion pourront faire face à des transferts de charges toujours plus élevées ? Des charges toujours plus lourdes, notamment dans l’action sociale et dans l’éducation, depuis la mise en œuvre de l’acte II de la décentralisation qui transfère par exemple aux Région et Département la gestion des TOS, et celle du RMI au Conseil général.

Des engagements signés

Toutes ces mesures, si elles étaient mécaniquement appliquées à La Réunion, auraient de graves impacts. Elles expliquent le message envoyé à Paris par les électeurs lors des scrutins présidentiels et législatifs. Un message précédé par la mobilisation de l’Alliance, qui a fait signer par le président de l’UMP et la candidate socialiste à la Présidentielle un document rassemblant toutes ces propositions. Et parmi ces dernières, des « mesures urgentes et nécessaires » pour faire face à la crise.
Le président de l’UMP est devenu le président de la République. Quant au Parti Socialiste, il est devenu en France la principale force d’opposition au gouvernement dirigé par l’UMP. Gageons qu’au cours de la législature qui s’annonce, les engagements pris envers La Réunion seront respectés par tous. Ce qui passe par la prise en compte du contexte réunionnais dans les mesures qui devront être mises en œuvre à La Réunion.

Manuel Marchal


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