Examen de passage de la Grèce à Berlin

Vers de nouvelles restrictions infligées au peuple grec

25 août 2012, par Manuel Marchal

Ces deux derniers jours, la Grèce est revenue au-devant de l’actualité en Europe. Son Premier ministre a rencontré la chef du gouvernement allemand et le président de la République française. Dans la capitale de l’Allemagne, le Premier ministre grec a présenté un nouveau plan d’austérité aux dirigeants des deux plus grandes puissances de la zone euro.

Manifestement, la crise est encore bien loin d’être finie en Europe. Jeudi, le président de la France et le Premier ministre grec se sont rendus à Berlin pour rencontrer la chef du gouvernement allemand. Le programme des discussions a ressemblé à un véritable examen de passage : la présentation d’un nouveau plan d’austérité qui sera appliqué en Grèce par Antonis Samaras, le Premier ministre grec.
Avant cela, ce dernier avait multiplié les interventions dans la presse européenne pour décliner les objectifs de la rigueur.
À la sortie de la rencontre de Berlin, il y eut plusieurs déclarations. François Hollande a affirmé que « nous voulons, je veux que la Grèce soit dans la zone euro », conformément à la « volonté que nous avons exprimée depuis le début de la crise ». Pour sa part, Angela Merkel n’a pas repris cette idée. Car bien que la Grèce contribue à l’excédent commercial de son pays, et constitue également une destination de vacances prisée pour les Allemands, les sondages diffusés en Allemagne affirment que son opinion s’oppose en majorité à un nouveau plan d’aide à la Grèce.
Enfin, les observateurs ont noté qu’aucune conférence de presse commune n’a eu lieu à la fin de la rencontre.

Une coalition de partis pour appliquer l’austérité

Hier, Antonis Samaras était à l’Élysée pour une rencontre en tête à tête avec François Hollande. Cette fois, une déclaration commune devait être publiée à l’issue des échanges.
La Grèce est lourdement confrontée aux effets directs de la politique d’austérité. Sur le plan politique, le Parti socialiste grec, qui avait lancé le plan de rigueur, a été laminé aux dernières législatives avec 11% des voix. Il réunissait 43% et la majorité des sièges au Parlement en 2009. La Coalition de la gauche radicale a fait jeu égal avec les conservateurs, mais n’a pu rassembler suffisamment pour constituer un gouvernement. Une coalition de partis gouverne le pays depuis le mois de juin. Elle est dirigée par le parti conservateur ND, et inclut le PS grec et la Gauche démocratique.
Elle a décidé de se plier aux injonctions de l’Union européenne, de la Banque centrale européenne et du Fonds monétaire international. Ce plan prévoit une poursuite de la baisse du déficit, ce qui veut dire une aggravation de l’austérité en Grèce.

Déjà 4 ans de manifestations

La population manifeste depuis des années contre cette orientation. Le mouvement avait été lancé par les jeunes fin 2008, bien avant que la dette publique de la Grèce soit au cœur de l’actualité. À l’époque, la jeunesse revendiquait le droit à un travail et un salaire décents. Désormais, les revendications touchent toutes les catégories, à commencer par les fonctionnaires et les retraités qui sont payés par les transferts publics, car leurs revenus diminuent.
Quand le gouvernement grec voudra appliquer les mesures promises à Paris et à Berlin, quelle sera la réaction de la population ? Manifestement, le message n’est toujours pas passé auprès de ceux qui ont pris la responsabilité de parler en son nom.

M.M.

L’engagement du gouvernement grec : l’austérité aggravée

Le gouvernement de la Grèce souhaite un délai de deux ans pour le redressement des comptes. Son Premier ministre s’est engagé auprès de ses créanciers à ramener le déficit public en dessous de la barre de 3% du PIB en 2014 en échange des prêts pour son sauvetage.

En vertu d’un accord passé en février avec l’Union européenne et le Fonds monétaire international, le pays doit se conformer à la "règle d’or" budgétaire européenne, et réduire son déficit public à 2,1% du Produit intérieur brut (PIB) en 2014 contre 7,3% prévu pour 2012 et 4,6% l’année prochaine.

En deux ans, la Grèce a vu son déficit public réduit de 15,8 à 9,3%, au prix d’une casse sociale sans précédent depuis le retour de la démocratie dans le pays. L’austérité n’est pas finie, l’engagement du gouvernement est de trouver 11,5 milliards d’euros au cours des deux années prochaines. À l’échelle de ce pays exsangue, c’est un effort bien plus important que celui de 30 milliards qui risque de concerner la France l’année prochaine.

Austérité et montée du racisme

Cette austérité n’est pas sans effet sur la cohésion sociale. Car depuis que l’extrême droite a pu envoyer plusieurs députés au Parlement, les attaques racistes se multiplient en Grèce.

Le Haut commissariat des réfugiés des Nations unies (UNHCR) s’est dit jeudi 23 août préoccupé de "l’aggravation" des attaques racistes en Grèceet a demandé au gouvernement de prendre des mesures adéquates.

"L’aggravation des attaques à motivation racistes contre les étrangers, incluant demandeurs d’asile et réfugiés, a été discutée lors d’une réunion entre Laurens Jolles, représentant de l’Europe du sud-est du UNHCR et Nikos Dendias, ministre grec de la Protection du citoyen", selon un communiqué de l’UNHCR.

Union européenne

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