Deux ans après le ’non’ au référendum

Vers quelle Europe après la présidentielle ?

17 avril 2007

En dehors de Marie-George Buffet, qui est la seule des cinq candidats à l’élection présidentielle soutenant la plate-forme de l’Alliance à avoir milité pour le “non” à la “Constitution Giscard”, aucun ne se bat aujourd’hui pour une « Europe sociale ».

Dans une dépêche diffusée récemment par AFP (Agence France Presse), deux journalistes notaient que la mondialisation économique, qui était au cœur du référendum sur la Constitution européenne de 2005, est négligée dans la campagne électorale présidentielle. Et cela, bien que son impact sur l’emploi et les salaires inquiète toujours les Français, relèvent de nombreux experts et syndicalistes.
« La question de la mondialisation est sous-entendue, mais pas prise à bras le corps », regrette ainsi Dominique Gillier, de la CFDT Métallurgie. La campagne présidentielle a été ponctuée de licenciements, fermetures d’usine ou délocalisations, nourrissant un sentiment d’abandon de la plupart des politiques face à la concurrence des pays à bas coûts et à la montée de la finance dans la gestion des entreprises.
Pour 64% des Français, la mondialisation est une menace pour l’emploi et les entreprises, selon un Eurobaromètre publié fin 2006. Ce sentiment de défiance, plus fort que partout ailleurs en Europe, a contribué à la victoire du "non" au référendum en 2005.
Vers quelle Europe irons-nous donc après la présidentielle ? « Les Français attendent une réponse aux problèmes du capitalisme redevenu fou, et je ne vois pas cette question émerger vraiment dans la campagne », se désolait récemment dans “L’Humanité” l’historien Emmanuel Todd.

« Impuissance »

Des syndicalistes interrogés par l’AFP plaident aussi pour de nouvelles règles du jeu économique et social. « Il faut de nouvelles régulations, nationales, européennes et mondiales », explique Dominique Gillier.
A la CGT, l’économiste Nasser Mansouri défend une « intervention des travailleurs dans les choix stratégiques des entreprises ». Il appelle à une « coordination européenne des politiques économiques, industrielles et de recherche ».
Or, selon Jean-Claude Mailly de FO, « il faudrait du débat au moins sur l’économie et l’Europe pour qu’il y ait une cohérence des réponses en termes de pouvoir d’achat, d’emploi, de protection sociale ». Deux thèmes qui sont souvent soulignés dans la campagne de Marie-George Buffet et qui concernent au plus haut point les Réunionnais.
L’économiste Eric Heyer (OFCE) explique la quasi-absence de ces thèmes chez les autres candidats par « l’impuissance » qu’ils ressentent, car « les grandes politiques macro-économiques sont aux mains de l’Europe », ou plutôt des grandes puissances financières européennes et mondiales. « Briser cette domination des forces de l’argent sur notre vie quotidienne est une tâche à laquelle l’élu(e) du 6 mai devra s’atteler », conclut la dépêche de l’AFP. Notamment pour satisfaire les salariés non qualifiés qui voient leur part, principalement en Europe, diminuer dans le gâteau de la mondialisation, selon un récent rapport du FMI (Fonds monétaire international).

L.B.


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