Le chantier de la NRL n’a pas été interrompu par la crise COVID, mais par l’impossibilité technique de le continuer

Vers un détournement du Plan de relance post-COVID à quelques mois des régionales à La Réunion

19 août 2020, par Manuel Marchal

L’impossibilité d’achever le chantier de la route en mer n’a rien à voir avec la crise COVID. Elle découle de l’incapacité des promoteurs de la nouvelle route du littoral à trouver les matériaux nécessaires au lancement de la seconde partie du chantier. C’est un problème qui n’a pas été résolu 7 ans après la pose de la première pierre. C’est pourquoi la volonté de vouloir utiliser une partie de l’argent du Plan de relance post-COVID pour financer le démarrage de cette seconde partie de chantier est un détournement. Cela traduit-il la volonté d’Emmanuel Macron de faire de Didier Robert un « candidat officiel » aux prochaines régionales ?

La seconde journée de la visite officielle du ministre des Outre-mer était consacrée hier à l’écoute des revendications du patronat. Une rencontre au Domaine de Montgaillard visait à échanger avec les représentants de chefs d’entreprise. Comme la veille avec les maires, le ministre a fait des annonces. La seule quasiment certaine ne découle pas de la responsabilité du gouvernement. Il s’agit d’une rallonge de 300 millions d’euros en provenance de l’Union européenne pour financer des investissements.
Alors que rien n’est encore décidé au sujet du Plan de relance, le représentant du gouvernement a confirmé la volonté de Paris de détourner une partie de cet argent pour permettre de démarrer la seconde partie du chantier de la route en mer : la route-digue prévue entre La Possession et la Grande-Chaloupe jamais lancée faute de matériaux disponibles pour la réaliser.

7 ans après la pose de la première pierre...

Rappelons que le Plan de relance vise à compenser les effets de la crise coronavirus. Or, le fiasco du chantier de la route en mer n’a rien à voir avec l’épidémie de coronavirus. Il découle de la volonté d’offrir à des transporteurs un moyen de s’enrichir en transportant des matériaux pour construire une digue. Mais les matériaux ne sont pas disponibles à La Réunion.
Or, cela fait déjà 10 ans que Didier Robert a annoncé une nouvelle route du littoral sécurisée entre Saint-Denis et La Possession, tout en promettant ne pas dépasser la somme déjà considérable de 1,6 milliard d’euros pour 12 kilomètres de route. 7 ans après la pose de la première pierre, les seules infrastructures construites sont des ouvrages d’art qui ne sont pas reliés au réseau routier : pont de l’échangeur de La Possession, pont de l’échangeur de la Grande Chaloupe, viaduc entre la Grande Chaloupe et l’entrée de Saint-Denis, et digue de quelques centaines de mètres à l’entrée de Saint-Denis. Pour le reste, il n’y a pas de matériaux, donc pas de possibilité de poursuivre le chantier à moins de faire venir des millions de mètres cubes de matériaux d’un autre continent, ce qui ne manquera pas de faire exploser les coûts.

Didier Robert candidat LREM aux régionales ?

Si les propos tenus par le ministre des Outre-mer sont suivis d’effet, alors cela signifiera qu’une partie des sommes destinées à la relance de l’économie réunionnaise seront engloutie dans une route dont le montant final et le coût de réalisation ne sont pas connus, faute d’expertise financière, technique et environnementale du projet. Personne ne peut aujourd’hui prétendre connaître où se trouvent les matériaux qui permettront de démarrer le chantier de la seconde partie de la route en mer. Autrement dit, les Réunionnais ont assez payé la précipitation avec laquelle Didier Robert et ses amis ont voulu lancer le chantier sans s’être assurés préalablement de la capacité de l’achever.
Par conséquent, il semble bien plus raisonnable pour l’État de consacrer l’argent du Plan de relance destiné à La Réunion pour sauver des emplois pour les Réunionnais à La Réunion, et non pas pour se substituer à une Région Réunion incapable d’avoir provisionné suffisamment d’argent pour payer le chantier de la route en mer et ses surcoûts inévitables.
A moins que du côté de Paris, la volonté soit de miser sur Didier Robert aux prochaines régionales comme le laisse entendre le « JIR » d’aujourd’hui. C’est une explication plausible de la volonté de détourner une partie de l’argent du Plan de relance en discussion à l’échelle de l’Union européenne pour un chantier qui n’a pas été impacté par la crise COVID.

M.M.

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