Virapoullé mis en cause par Mme Girardin :

Vexé, il monte une grossière manipulation

1er juillet 2004

"Vergès a pété les plombs", "Si mon amendement empêchait réellement toute adaptation locale comme voudrait le faire croire Paul Vergès, on n’aurait pas eu l’octroi de mer, ni l’application de la loi Girardin à la Réunion" : tels sont quelques uns des propos tenus par Jean-Paul Virapoullé lors d’une conférence tenue avant-hier. Le sénateur-maire de Saint-André voulait ainsi répondre à Paul Vergès à qui il reprochait d’avoir déclaré que l’amendement qu’il avait déposé lors des débats sur la révision constitutionnelle, empêchait d’adapter à La Réunion la loi de décentralisation et, plus particulièrement, le transfert des TOS.
Or, ce n’est pas le président de la Région qui a stigmatisé l’initiative de l’élu de Saint-André : comme l’a rappelé hier aux “Matinales” Paul Vergès, c’est madame Brigitte Girardin qui, recevant les présidents des régions d’outre-mer ou leurs représentants, notait que les départements français d’Amérique pouvaient adapter. Mais pas La Réunion en raison de ce fameux amendement. Hier sur Radio-Réunion, le président de la Région a déclaré que ces propos ont été tenus devant témoins.
Ajoutons que le 5 mai dernier, reçue par la ministre de l’Outre-mer, Nassimah Dindar était ressortie de la rue Oudinot en faisant état de l’appréciation de la ministre sur le même sujet. Selon la présidente du Conseil général, Mme Girardin avait mis en avant le fait que l’amendement Virapoullé interdisait à La Réunion toute possibilité d’adaptation.
Jean-Paul Virapoullé a été "vexé" d’être nommément mis en cause par la ministre de l’Outre-mer, faisait remarquer hier Paul Vergès sur RFO. Au lieu de d’exiger des explications de la part de Mme Girardin, il s’en prend à son adversaire politique local. Il a procédé à une manipulation, une sorte de transfert de responsabilités qui est typique de ses méthodes. À moins que l’intéressé ait voulu faire un coup comme au billard : toucher la ministre indirectement, en tapant sur Paul Vergès, ainsi lorsque Jean-Paul Virapoullé déclare que tout ce qui se "raconte sur la décentralisation des TOS par rapport à mon amendement, ce n’est plus une ânerie, mais un mensonge phénoménal, une falsification de l’Histoire". Si l’intention de Virapoullé est bien de viser la ministre de l’Outre-mer en feignant de s’en prendre à Paul Vergès, il y a lieu de se demander comment l’intéressée appréciera.
Ceci étant, la polémique ainsi ouverte aura eu au moins une conséquence bénéfique. Le sénateur-maire s’est précipité pour déposer un amendement demandant au gouvernement de prendre toutes les dispositions pour garantir de meilleures conditions de transfert des TOS à La Réunion. C’est, implicitement, reconnaître que La Réunion ne peut, d’elle-même, adapter le dispositif en cause et qu’il faut bien passer par une mesure législative. C’est aussi reconnaître que tous ceux qui ont jusqu’ici exigé que le transfert des TOS ne pénalisent ni les intéressés ni les départements d’outre-mer avaient parfaitement raison.
Jean-Paul Virapoullé s’est vanté d’avoir reçu, pour son amendement sur la révision constitutionnelle, du soutien du président de la République, de la majorité des parlementaires de droite, d’experts juridiques, etc., etc. Va-t-il rechercher et obtenir les mêmes soutiens sur son dernier amendement ? Va-t-il sensibiliser le président de la République, Jean-Pierre Raffarin et le gouvernement, les parlementaires de droite sur la nécessité de retarder sous conditions le transfert des TOS dans les DOM ? Ou bien a-t-il déposé son amendement uniquement pour sauver la face ?


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