Nicolas Sarkozy, Marie-Luce Penchard, Luc Chatel, Georges Tron…

Visites ministérielles : des militants UMP en mission

24 août 2010, par Geoffroy Géraud-Legros

Sous prétexte de visites aux motifs dérisoires, les membres du gouvernement sont déjà en campagne à La Réunion.

Si on sait ne pas être trop délicat, être au pouvoir offre des avantages certains en matière de campagne électorale. Dont celui, non négligeable, de mettre à profit les visites officielles sur le territoire de la République pour se livrer à des activités purement politiques : contacts avec les appareils de parti et ses représentants locaux, organisation des troupes en prévision des élections… Pas vu, pas pris : c’est le contribuable qui paye. Dans les Outre-mer, c’est encore mieux. Non seulement le protocole permet de faire des voyages qui ne passeraient pas inaperçus s’ils étaient seulement motivés par des objectifs militants. Mais encore, les médias –dont la télévision publique- sont assez bien élevés pour assurer une bonne promotion politique à M. et Mesdames les Ministres lors de leurs séjours dans notre île. Dossiers fournis dans la presse, belles photos, plateaux de télévision où l’on peut tenir le crachoir sans être contredit, présentateurs conciliants… Cerise sur le gâteau, ces mêmes médias ont la politesse de ne pas trop mettre leur nez dans l’autre partie de l’agenda, au cours duquel les visiteurs institutionnels redeviennent des cadres de partis politiques.

Enrobage protocolaire

Nicolas Sarkozy n’était-il venu que pour inaugurer des palmiers ? La visite d’une annexe d’école dans les Hauts du Tampon était-elle le but fondamental de la venue de Marie-Luce Penchard ? Luc Chatel a-t-il franchi 10.000 kilomètres simplement pour revenir à l’école Damase Legros, qu’il avait visitée une année auparavant, et au lycée Roland Garros ?
Ces programmes insipides ne sont là que pour justifier que les dirigeants UMP « sautent la mer ». À l’évidence, c’est le travail politique qui est l’objet essentiel de bon nombre de ces déplacements… Et dans ce domaine, s’ils font les choses discrètement, les missionnaires de l’UMP les font malgré tout en grand. À Sainte-Marie, Luc Chatel a présidé un meeting politique de plus de 450 personnes, dûment nourries et abreuvées par un traiteur. But : recréer du lien, regonfler le moral des troupes, sur les terres d’un premier vice-président de la Région pris dans la "koljak" du cumul des mandats.

Chatel à Sainte-Marie, Tron à Saint-Pierre

Arrivé aujourd’hui à La Réunion pour un séjour de 48 heures, Georges Tron, ministre de la Fonction publique, tentera certes d’apaiser les syndicats, qui l’attendent au tournant d’une éventuelle attaque contre la sur-rémunération. Mais il est surtout venu tenir meeting à Saint-Pierre, commune dont les 4 cantons en font un point clef de la stratégie de l’UMP pour les élections de mars prochain. Avec, en prime, une opération de police interne (voir encadré). En deux jours, il bénéficiera à son tour du traitement de faveur que réservent nos médias post-coloniaux aux émissaires du Gouvernement.

Geoffroy Géraud-Legros


Casser l’essor du villepinisme à La Réunion

Certains signes montrent que le jeune courant lancé par Dominique de Villepin a le vent en poupe à La Réunion. Si elles restent informelles, des réunions assez rapprochées permettent aux sympathisants de l’ancien premier ministre de se retrouver. Une présence villepiniste dans notre île d’ailleurs officialisée, lors de la création d’un « Club Villepin 974 ». Le groupe est par ailleurs présent sur Facebook, où il dispose d’une page de soutien où l’on trouve certains personnages influents de la droite réunionnaise. Un essor, qui, dit-on, n’est pas du goût de tout le monde au sommet de l’UMP, où l’on entend bien remettre les pendules à l’heure. Et bien en accord avec les mœurs sarkoziennes, c’est à l’ancien villepiniste Jacques Tron que le parti présidentiel a confié l’opération de police.

François FillonNicolas SarkozyDidier Robert

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