Motion de l’Assemblée extraordinaire du PCR

Vive la célébration en 2013 du 350ème anniversaire de la naissance du peuple réunionnais

1er octobre 2012

Voici le texte de la motion lue par Christine Siou et adoptée à l’unanimité par les délégué(e)s à l’Assemblée extraordinaire du Parti Communiste Réunionnais à La Rivière le 30 septembre 2013.

Le 10 mai dernier, à l’occasion de la "Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions dans les colonies françaises" en commémoration de la loi sur "La reconnaissance de l’esclavage comme crime contre l’humanité", le Parti Communiste Réunionnais a lancé un appel à tous nos compatriotes sous le titre suivant : Célébrons ensemble avec force en 2013 le 350ème anniversaire de la naissance du peuple réunionnais. En effet, après trois prises de possession officielle du pays au nom du roi de France entre 1640 et 1649 et après des exils provisoires de mutins malgaches et français de Fort-Dauphin dans notre île en 1646 et en 1654 — avec d’emblée de la résistance des Malgaches dans les montagnes —, c’est en 1663 qu’a commencé le peuplement pérenne de La Réunion.

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Nous rappelons que selon les historiens, entre le 7 et le 14 novembre 1663, un bateau appelé "Saint-Charles" arrive de Madagascar dans la baie de Saint-Paul. En débarquent 10 Malgaches — dont trois jeunes filles — et 2 Français.

Parmi les 7 hommes malgaches, se trouvent notamment Jean Mousso et Étienne Lambouquiti. Les 3 jeunes filles s’appellent Anne, Marguerite et Marie Caze (ou Racazo) ; ces trois sœurs sont âgées respectivement d’environ 13 ans, 10 ans et 8 ans.

Les 2 Français s’appellent Louis Payen et Paul Cauzan (ou Pierre Pau). En raison de leurs problèmes à Madagascar, ces deux colons ont décidé de venir à La Réunion, appelée à l’époque Ile Bourbon.

Les 12 arrivants de novembre 1663 s’installent au pied des falaises de Saint-Paul, près de la grotte appelée plus tard celle des premiers Réunionnais, dans des cases en choca. Mais très vite des conflits surgissent entre les 2 Français et les 10 Malgaches, considérés comme des serviteurs, qui résistent aux injustices dont ils sont victimes, en prenant leurs distances dans les Hauts de l’île, devenant ainsi de nouveaux marrons.

En août 1665, la nouvelle Compagnie des Indes Orientales, chargée par la monarchie française de coloniser les pays de notre région, envoie une vingtaine de Français à La Réunion, sous la direction d’Étienne Regnault, nommé gouverneur. Selon plusieurs sources, les Malgaches réfugiés dans les Hauts reviennent sur le littoral car on leur promet qu’ils ne seront pas punis.

Étienne Lambouquiti épouse Marguerite Caze. Jean Mousso épouse la sœur de Marguerite, Marie Caze, qui donne naissance à Anne Mousso le 14 avril 1668 à Saint-Paul. Ce sera la première Réunionnaise.

Les deux Français ont des conflits entre eux et Louis Payen quitte le pays en février 1666. Pierre Pau aura un premier enfant nommé Étienne, baptisé le 7 août 1667. Paul Cauzan épouse Anne Caze, qui donne naissance à leur fils François vers 1671.

Voilà dans quelles circonstances est né le peuple réunionnais en 1663. En 2013, cela fera donc 350 ans qu’a eu lieu cette naissance.

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À l’occasion de cette Assemblée extraordinaire à La Rivière, le Parti Communiste Réunionnais invite à nouveau l’ensemble de nos concitoyens à célébrer l’an prochain avec la plus grande ampleur ce 350ème anniversaire de la naissance de notre peuple. C’est une occasion à saisir pour renforcer la prise de conscience personnelle et collective des atouts économiques, socio-culturels et politiques dont nous disposons pour franchir une nouvelle étape de notre Histoire dans les années à venir, afin de bâtir ensemble une société plus harmonieuse mettant fin à l’apartheid social et donc plus libre et fraternelle dans le cadre de la réalisation — enfin — d’un développement durable, humain, responsable et solidaire.

Ce sera un moyen de renforcer l’union et la solidarité réunionnaises afin de faire respecter les droits de notre peuple au sein de la République française et de l’Union européenne, dans le cadre d’un partenariat équitable entre les responsables de La Réunion et ceux de ces deux instances.

Ce sera un moyen de faire avancer les grandes causes humaines que défend notre peuple depuis trois siècles et demi en résistant à toutes les formes d’oppressions et d’injustices auxquelles il a déjà été confronté par le système colonial, notamment durant la période de l’esclavage et de l’engagisme.

Ce sera un moyen de faire reconnaître notre identité spécifique ("nout nasyon") mais également de valoriser les atouts de notre culture, de notre patrimoine historique et de la pensée créole réunionnaise.

Enfin, ce sera un moyen de renforcer les liens avec les peuples frères de notre région d’où sont venus une partie de nos ancêtres et avec lesquels nous souhaitons bâtir un co-développement régional solidaire.

Autrement dit, cette célébration aura un côté festif et émotionnel mais aussi mémoriel et éducatif pour renforcer la connaissance de notre Histoire, améliorer la cohésion sociale et valoriser les atouts de l’interculturalité réunionnaise.

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À cette fin, le P.C.R. invite l’ensemble des citoyens, organisations syndicales, politiques, associatives et institutions (collectivités réunionnaises, Université de La Réunion, services de l’État etc…) à prendre des initiatives et à organiser des actions dans ce sens, pour célébrer cet anniversaire tout au long de l’année. Ces actions peuvent être très diverses : cérémonies commémoratives, fêtes culturelles, conférences-débats, randonnées mémoire, expositions etc… sur les grandes étapes du parcours — parfois très difficile et héroïque — accompli par notre peuple.

Le P.C.R. invite également le président de la République, le gouvernement et le Parlement à prendre en compte toutes ces aspirations du peuple réunionnais et à profiter notamment de la réforme institutionnelle pour lui permettre d’entrer dans l’ère de la responsabilité, de façon concertée. Cela s’inscrit d’ailleurs dans la mise en œuvre du contrat spécifique signé par François Hollande avec les Réunionnais avant l’élection présidentielle et des engagements qu’il a pris lors du discours historique qu’il a prononcé à Saint-Louis le 1er avril 2012.

Le moment est venu de créer les conditions de donner aux Réunionnaises et aux Réunionnais toutes leurs responsabilités afin d’assumer pleinement le développement économique, social, environnemental et culturel de leur pays tout en s’insérant dans leur contexte régional.

Voilà le sens, hérité de notre Histoire, que nous pouvons donner tous ensemble à la célébration grandiose du 350ème anniversaire de la naissance du peuple réunionnais. Et voilà pourquoi nous proposons à tous nos compatriotes à dire ensemble l’an prochain : Vive le 350ème anniversaire de la naissance du peuple réunionnais !

350 ans après ses premiers habitants, La Réunion est devenue une terre de rencontre des civilisations. L’Assemblée extraordinaire du PCR était hier à l’image de cette histoire.
Hier à La Rivière, les délégués ont poussé un cri unanime : "Vive le 350ème anniversaire de la naissance du peuple réunionnais !".
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