“L’Atelier de Sainte-Marie” : Première !

Zenès i fé son sobatkoz la politik

3 novembre 2007

Désormais, la vie de la cité fera débat au sein de l’association “L’Atelier de Sainte-Marie” créée par une jeunesse Réunionnaise désireuse de s’impliquer dans l’action politique. Au-delà des étiquettes, elle souhaite privilégier l’échange, la confrontation des points de vue pour construire une réflexion politique et inciter « les jeunes en situation de réussite à la prise de responsabilités électives ».

Première séance de travail de “L’Atelier de Sainte-Marie” en présence d’Emmanuel Lemagnen, avec l’ordre du jour : le découpage cantonal, la parité, la création de Conseils de quartier.
(photo Luciano Boyer)

“L’Atelier de Sainte-Marie” a tenu hier sa première séance de travail dans un restaurant du port de Sainte-Marie. À l’ordre du jour, le découpage cantonal, la parité, la création de Conseils de quartier pour établir une autre forme de proximité, de jeunes à jeunes. Ces premiers travaux, actes fondateurs de l’association, se sont tenu en présence du premier “doyen” du genre, Emmanuel Lemagnen, sorte de régulateur avisé des débats.

« Enrichir le débat »

Ils sont 12, âgés entre 20 et 25 ans. La moitié d’entre eux est fraîchement diplômée, l’autre moitié déjà insérée professionnellement dans des secteurs tels que l’urbanisme, la santé, le droit, le marketing... Tous s’intéressent à la politique, sont animés par la même envie de porter les sujets de société au cœur des débats de la jeunesse, de dépasser les clichés pour tenter de comprendre les responsabilités des élus, les choix qui s’offrent à eux, les enjeux inhérents à chaque prise de décision. « Nous nous intéressons à la vie politique de la ville, des collectivités, de La Réunion dans son ensemble, explique Vanessa Berthelier, Présidente de l’association. Nous voulons mettre à profit nos connaissances professionnelles pour enrichir le débat mais aussi se montrer plus tolérants à l’égard de l’autre, tenter de comprendre son point de vue et ainsi construire une argumentation ». Un Master de droit en poche, cette jeune diplômée de 23 ans estime que la jeunesse doit marquer sa présence, montrer l’intérêt qu’elle porte à la politique, « bouger ».
Deux fois d’accord pour le principe, mais qu’est-ce que ça veut dire au juste « jeunesse en situation de réussite » ? « On s’intéresse aux jeunes qui rencontrent des difficultés sociales, on met en place des programmes, des activités, et c’est légitime, mais à côté, on oublie ceux qui ont des connaissances, un savoir et qui souhaiteraient le mettre à profit, développe la jeune femme. C’est ce constat qui nous a poussé à mettre en place les ateliers, pour dire que les jeunes en situation de réussite peuvent aussi intervenir, peuvent réfléchir sur les difficultés rencontrées dans les quartiers. C’est pourquoi, nous réfléchissons à la mise en place de Conseils de quartiers pour proposer une autre forme de proximité, une autre présence, un autre regard face aux difficultés rencontrées ».

Charte des Anciens : « C’est important l’expérience »

Emmanuel Lemagnen, conseiller régional aux Affaires économiques, élu de la société civile qui a œuvré depuis plus de 15 ans pour l’artisanat local, qui continue à militer pour les droits et la reconnaissance des associations comme acteurs à part entière de la vie publique et politique, souffle avec engouement sur ce vent de relève. Il encourage l’implication de cette jeunesse dans la vie politique et se propose de l’accompagner dans ses réflexions, de partager son expérience, d’où son statut de « doyen ».
Je vous entends déjà rattacher immédiatement cette association naissante à un parti, la marquer d’une couleur politique. Mais ce premier atelier est amené à se dupliquer sur d’autres territoires, dans d’autres communes, avec des doyens différents choisis par l’association, non pas selon ses obédiences politiques, mais bien en fonction de son action, de son implication politique, intellectuelle, morale, de sa personne. « L’étiquette ne nous intéresse pas, précise Vanessa, mais bien la motivation, l’honnêteté de la personne, personnalité politique ou non, qui s’investit dans le développement de La Réunion. Les doyens devront d’ailleurs accepter la Charte des Anciens qu’on leur propose. Il ne s’agit pas d’animer des ateliers de droite ou de gauche, mais de réfléchir de façon constructive sur des décisions, des thèmes, de partager l’expérience des anciens pour nous éclairer sur des questions politiques. C’est important l’expérience ».

Stéphanie Longeras


Commentaire

On ne peut présager de ce qu’il adviendra de cette association. Savoir si cette jeunesse volontaire parviendra à construire sa propre réflexion politique, saura fédérer la jeunesse réunionnaise qui, en situation de réussite ou d’échec, freinée par des stéréotypes ou perdue dans les dédales d’un fonctionnement, d’une stratégie politique éloignée parfois de sa réalité, a néanmoins un avis, une opinion sur les choix qui engagent son quotidien, celui de la société. Il suffit de prêter attention aux envolées des slameurs, aux paroles des fonnkézèr, aux mélodies des musiciens, aux expressions multiples, mais masquées, de tous ces jeunes qui ont des choses à dire, un avenir à construire. Oui, mille fois oui, la jeunesse doit s’imposer en politique, car elle a, en elle, ce mélange de vérité et d’innocence, de conscience et de rébellion - de cette noble rébellion d’une indignation perdue - dont notre société a grand besoin. Peut-être est-ce un nouveau souffle pour ces poissons qui tournent en rond dans leur bocal et qui, ragoulés d’être gavés de granulés, ont soif d’eaux moins saumâtres, de têtards frais pour nourrir cette autre petite poiscaille lovée dans leurs branchies ?

SL



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