L’humeur [mauvaise] du Jean

« Macron, c’est du brutal »

25 octobre 2017, par Jean

Emmanuel Macron

Être privé de l’accès à un droit constitutionnel — le droit au travail — dans une République édifiée sur les principes d’Égalité, de Liberté, de Fraternité c’est devenu, dans la bouche de l’actuel garant de la loi suprême : la Constitution, être la preuve qu’on est un fainéant, jouissant cyniquement des droits sociaux et un extrémiste puisqu’il ose réclamer l’application des lois destinées à protéger les citoyen.ne.s privé.e.s de travail. Et il a bien raison, M. Macron car ces législations ont été élaborées, votées, promulguées et appliquées — en 1976 — par les dangereux agitateurs anarcho-syndicalo-cocos- gauchos extrémistes Giscard d’Estaing, alors Président de la République et Jacques Chirac, alors Premier ministre. 

Déjà, à l’occasion de la journée du patrimoine, faisant une leçon d’Histoire de France à des enfants de CM2 à propos de l’ordonnance de Villers-Cotterêts (1539), M.Macron s’était magistralement planté — c’est tellement loin qu’on peut lui pardonner— mais là, avec VGE et Chirac, on est au beau milieu de la 5e République dont il est le 8e président … et il a déjà oublié l’œuvre de ses prédécesseurs ?


Lu dans Politis du 23 octobre

Macron c’est du brutal

Nous entrons dans une longue séquence de conflictualité sociale.

Macron, « l’ultra-moderne », qui veut individualiser, numériser, ubériser, flexibiliser, tient finalement un langage d’Ancien Régime.

On le croyait seulement gaffeur. On le découvre provocateur. La tirade athénienne d’Emmanuel Macron dénonçant « les fainéants, les cyniques et les extrêmes » en dit long sur la personnalité du jeune Président, qui semble décidément envahi par un sentiment de toute-puissance. Elle corrige rudement l’image valorisante, presque suave, qu’il s’était appliqué à donner de lui. Car le doute, cette fois, n’est plus permis. Lundi, veille de la journée de manifestation contre la loi travail, il a même enfoncé le clou, désavouant ses plus proches amis qui tentaient laborieusement d’atténuer les effets de cette sortie psychologiquement et politiquement désastreuse. Oui, les « fainéants », ce sont bien les opposants à ses réformes, les manifestants, les syndicalistes, les salariés… Une fainéantise « de classe » en quelque sorte. La paresse endémique de tous ceux qui osent défendre leurs intérêts de salariés, de retraités, d’étudiants…

Du coup, on relit avec d’autres yeux les « maladresses » précédentes, parfois suivies d’excuses. On se souvient des salariés de Gad qualifiés « d’illettrés ». On n’a pas oublié le « ayez envie de devenir milliardaires » à l’adresse des jeunes, version moderne du « enrichissez-vous » de Guizot ; ni la vie des entrepreneurs « plus dure que celle des ouvriers ». Ni non plus ce méchant conseil lancé à un syndicaliste qui arborait un T-shirt militant : « La meilleure façon de se payer un costume, c’est de travailler ! » En vérité, Macron, c’est du brutal, comme aurait dit Michel Audiard.
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