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L’exemple de Maurice inspire-t-il Tereos ?
5 novembre 2018, par
Face à la fin des quotas en Europe et dans la perspective d’un accès encore plus difficile au marché européen en raison du BREXIT, l’industrie sucrière mauricienne a fait son virage vers l’industrie de la canne. La production sucrière est en baisse, mais les raffineries tournent à plein régime. L’an dernier, Maurice a importé pour 127.000 tonnes de sucre pour ses raffineries, soit presque l’équivalent de la quantité de sucre réunionnais voué au raffinage. Dans ce volume, plus de 100.000 tonnes étaient en provenance du Brésil, car même avec le transport le sucre brésilien est moins cher que le sucre mauricien. Une fois raffiné, le sucre est ensuite exporté. Voici de quoi apporter un éclairage sur le projet de raffinerie de Tereos que les planteurs ont découvert en juillet dernier, à l’occasion de la visite du ministre de l’Agriculture visant à assurer à l’industriel le soutien de la France pour cette initiative.
La fin des quotas sucriers est lié à une plainte déposée contre l’Europe par les plus grands pays exportateurs de sucre devant l’Organisation mondiale du commerce. L’Union européenne a alors été sommée par l’OMC de se mettre en conformité en cessant de protéger sa production. En conséquence, la réforme du marché sucrier de 2006 préparait la future abolition des quotas. Elle faisant de l’Union européenne un importateur net de sucre. La première conséquence importante a été la suppression par l’Europe du Protocole Sucre en 2009, qui garantissait un accès privilégié au marché européen pour les producteurs des anciennes colonies européennes, les États du groupe ACP.
Cela fait que depuis 2009, les producteurs de sucre de Maurice ne bénéficient plus d’un quota et donc d’un prix garanti pour exporter vers l’Union européenne. Mais une fenêtre restait ouverte avec la baisse des quotas de production des industriels européens. Cela obligeait ces derniers à se tourner vers des fournisseurs de sucre pour garder leur part de marché en Europe.
En intégrant toutes ces données plusieurs années avant l’échéance, cette question a été traitée chez nos voisins comme une affaire d’État. Ceci a entraîné une restructuration de la filière à Maurice. L’île s’est dotée de moyens pour raffiner sur place le sucre brut en sucre blanc, dans la perspective de nouer un partenariat avec des industriels européens. En effet, c’est également en 2009 que l’Union européenne a ouvert totalement son marché aux sucres en provenance des PMA (pays dits « les moins avancés »). La plupart des pays de notre région sont des PMA, notamment la Tanzanie, le Mozambique ou Madagascar. Les producteurs mauriciens savaient qu’ils ne pouvaient pas aligner leurs prix sur ceux de cette nouvelle concurrence pour le sucre brut. De là résulte la décision de se tourner vers l’exportation de sucre blanc, au prix plus rémunérateur.
Comme elle s’y est pris plusieurs années avant, Maurice avait donc construit son alternative à la fin de son quota. Nos voisins ont même bénéficié d’un accompagnement conséquent de l’Union européenne, avec une aide annuelle d’un milliard de roupies, soit 24 millions d’euros, versée directement dans le budget de l’État mauricien, et cela pendant 7 ans.
Ceci permit à Maurice de décrocher un contrat de fourniture de sucre blanc à Südzucker, leader du marché européen et donc un des concurrents de Tereos. La capacité industrielle installée à Maurice permettait de produire 400.000 tonnes de sucre blanc.
Cette stratégie était transitoire, car il était évident que la suppression des quotas en Europe allait avoir de nouvelles conséquences. Depuis le 1er octobre 2017, les usines européennes peuvent produire sans contrainte. Les industriels ont anticipé la fin des quota en diminuant drastiquement leurs coût de production, par l’amélioration de leurs procédés et l’allongement de la campagne de récolte des betteraves. D’après dernières estimations publiées par Landel Mills International dans leur « Global Benchmarking Report » de janvier 2018, le coût de production d’une tonne de sucre en France est de 397 euros, ce qui est 200 euros de moins qu’à Maurice.
Avec la fin du contrat de Südzucker, les Mauriciens ont trouvé d’autres débouchés avec Cristal Union pour 130.000 tonnes de sucre par an jusqu’en 2019 avec possibilité de reconduction ultérieure, et avec British Sugar, pour une quantité de 100.000 tonnes de sucre par an.
Depuis plusieurs années, la production sucrière de Maurice suit une courbe descendante : 355.000 tonnes en 2017, aux alentours de 330.000 tonnes cette année. Mais le secteur de la raffinerie tourne à plein régime, car des importations compensent la baisse de matière première locale. En effet, en 2017, 126.000 tonnes ont été importées à Maurice, dont 102.000 tonnes en provenance du Brésil, explique « L’Express » du 29 octobre dernier qui a interrogé Devesh Dukhira, Chief Executive Officer (CEO) du Syndicat des sucres sur ce point :
« [Devesh Dukhira] explique à ce titre qu’il s’agit de sucre roux importé pour être raffiné sur l’île avant d’être exporté. Une petite partie est également destinée au marché local. Les 24.000 tonnes restantes, ont, pour leur part, été importées par d’autres importateurs et distributeurs indépendants. Il s’agit ici de sucre blanc importé de l’Union européenne (l’Allemagne, la France, le Portugal ou encore la Belgique). Fait intéressant : Maurice importe également du sucre de la Thaïlande ou encore de l’Inde (deuxième plus gros producteur mondial de sucre de canne), de l’Afrique du Sud, des Émirats arabes unis (E.A.U) et même du Swaziland. Cela, bien que le tonnage soit nettement inférieur (190 kg du Swaziland et 1,2 tonne des E.A.U en 2017).
« L’Express » précise que « Maurice est un marché ouvert et que, par conséquent, des commerçants ou autres importateurs sont libres de faire venir du sucre de l’étranger, souvent à des prix inférieurs que celui produit localement. Raison pour laquelle le gouvernement a récemment augmenté la taxe sur les sucres importés à 80 %, à la demande des opérateurs et du Syndicat des sucres ».
Cette mesure vise à faire face à la baisse du cours mondial du sucre, et à la hausse du coût de production à Maurice. Il est à noter que le gouvernement mauricien a pris la décision de taxer à 80 % les sucres importés afin d’obliger l’industrie du raffinage à acheter plus de sucre mauricien. Cette mesure vise à sauvegarder l’existence de plantations de sucre à Maurice, car sans cette taxe, la logique du profit conduirait à raffiner exclusivement du sucre importé.
Quand Tereos va mettre en service sa raffinerie, quelle est la garantie qu’il soutiendra le développement de la production sucrière réunionnaise alors qu’il pourra se fournir en sucres importés beaucoup moins chers ? Il est en effet difficile de croire qu’une taxe de 80 % soit mise en place pour contrer les importations de sucres bruts pouvant être raffinés. A moins que comme les producteurs de sucre de Maurice, Tereos prenne l’initiative de demander à la France de se battre pour imposer cette taxe de 80 % afin de sauver la filière canne-sucre de La Réunion. Ce sera un test probant pour savoir où se situent les intérêts de Tereos.
M.M.
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