Hier matin, la réunion d’un Comité d’expertise pour l’évaluation des dégâts causés par la tempête tropicale Diwa se tenait dans les locaux de la Direction de l’agriculture et de la forêt (DAF) au boulevard de la Providence à Saint-Denis. À 10 heures, une première délégation de la CGPER, conviée à cette rencontre, prend place aux côtés de Michel Sinior, le directeur de la DAF et Guy Derand, le président de la Chambre d’agriculture. Cette délégation défend les intérêts des petites et moyennes exploitations. En effet, les eaux abondantes de février et de Diwa ont dévasté la majorité des cultures vivrières et raviné les voies agricoles.
Peu de temps après l’entrée de cette première délégation, une seconde d’une cinquantaine d’agriculteurs, emmenée par Jean-Yves Minatchy, le patron de la CGPER, s’invite à la table de ce Comité d’expertise. Il dénonce "la lenteur pour l’indemnisation des maraîchers, des horticulteurs". Jean-Yves Minatchy relève la destruction entière de cultures vivrières à Salazie, la démolition de serre à Sainte-Marie, la transformation de prairie en marécage à la Plaine des Cafres et la dégradation des chemins agricoles sur l’ensemble de l’île. Au total, il dénombre "8.000 agriculteurs victimes des intempéries dont 5.000 cas de “chikungunyés”".

Victoire des petits et moyens exploitants agricoles

Aujourd’hui, Jean-Yves Minatchy affiche sa colère car selon lui, "les petits et moyens planteurs réunionnais bénéficient d’un autre traitement". Il observe "la réaction immédiate de l’État dans le dossier de la grippe aviaire. Les éleveurs de volailles ont reçu une enveloppe de 50 millions d’euros. Ils peuvent ainsi affronter les difficultés financières". Il relève aussi "l’aide financière de l’État aux secteurs victimes du chikungunya". "A-t-on oublié, les petits et moyens planteurs ?", s’inquiète-t-il. Michel Sinior a tenté de rassurer Jean-Yves Minatchy par une première décision prise par ce comité d’expertise "la reconnaissance des zones endommagées par les fortes pluies en calamité agricole".
Ce point ne satisfait pas le président de la CGPER. "À ce jour, des planteurs attendent le versement des indemnités passées pour les pertes et la compensation pour handicap naturel", précise-t-il, "elles datent du cyclone Dina". Pour Jean-Yves Minatchy, "les aides aux planteurs victimes des pluies récentes et dévastatrices doivent leur parvenir d’ici trente jours". Hier après-midi, il nous livre une bonne nouvelle tout en restant vigilant. "Le Comité d’expertise a évalué les pertes agricoles à 20 millions d’euros. Il les transmettra au ministre des DOM-TOM dès aujourd’hui".

Jean-Fabrice Nativel

Une victoire des coopératives agricoles, de la CAHEB et de la CGPER

Au lendemain des précipitations importantes de février, comme celles de Diwa, les membres de la CGPER visitèrent les petites et moyennes exploitations agricoles. Ils constatèrent des dégâts aux quatre coins de l’île : des serres endommagées, des routes agricoles ravinées, des canalisations d’irrigation détruites, des cultures vivrières dévastées.
"Le travail de terrain des hommes des coopératives agricoles, de la CAHEB et de la CGPER a porté ses fruits", remarque Jean-Yves Minatchy. "La médiatisation par le bais de journaux télévisés et de la presse écrite a joué un rôle déterminant", insiste-t-il. L’annonce par le comité d’expertise de 20 millions euros de pertes pour le monde agricole réunionnais réjouit le patron de la CGPER. Cependant, il reste vigilant.