Information stratégique pour la filière canne

207 millions de dollars investis pour produire 200.000 tonnes de sucre

24 décembre 2007, par Manuel Marchal

Une dépêche parue sur le site “CommodAfrica” fait le point sur les projets d’Illovo au Mali. Filiale sud-africaine du groupe britannique AB Foods, Illovo veut devenir le premier producteur africain de sucre « à bas coût ».

« Le projet sucrier de Markala, situé près de Ségou au nord-ouest de la capitale Bamako, entre dans une phase décisive. Illovo, la filiale sud-africaine à 51% du groupe Associated British Foods, a annoncé le 12 novembre, qu’elle allait investir 394 millions de rands (59,1 millions de dollars) en capitaux propres dans l’unité de production de sucre, d’éthanol et d’électricité au Mali. Le coût total du projet est estimé à 1,4 milliard de rands (207,5 millions de dollars)
L’unité de production va produire 200.000 tonnes de sucre par an avec une production qui démarrera en décembre 2009 et atteindra sa pleine capacité en 2011. La production d’éthanol débutera en 2010 avec au démarrage une production de 1,7 million de litres par an. Elle pourra être portée à 15 millions de litres. Le projet comporte également un volet électricité en co-génération avec une capacité de 30 MW. Les activités de raffinage nécessiteront une consommation de 26 MW d’électricité, le solde sera utilisé sur le réseau national. (...) »


Produits de la canne : les industriels jouent cartes sur table dans un PMA

“Témoignages” a déjà évoqué l’augmentation de la production de sucre dans les PMA (pays dits les moins avancés). Cette dépêche débouche sur plusieurs commentaires.
Tout d’abord, il ne faut pas perdre de vue qu’à partir de 2009, les 200.000 tonnes de sucre “à bas coût” que pensent produire les investisseurs du projet malien pourront légalement entrer sans quota ni droit de douanes sur le marché européen. Ce qui veut dire que le marché d’exportation du sucre produit à La Réunion ne pourra que connaître des changements. L’arrivée en Europe de centaines de milliers de tonnes de sucre produites à bas coût est une possibilité ouverte à partir de 2009. Elle pourra difficilement ne pas être mise sur la table lors de la discussion du prochain règlement sucrier au sein d’une Union européenne élargie à 27 pays, qui ne sont pas 27 producteurs de sucre.
Ensuite, le projet dans lequel prend part Illovo veut d’emblée valoriser la canne récoltée au Mali en éthanol dans un contexte : le projet de Markala correspond environ à la production sucrière annuelle réunionnaise. Dans trois ans, 1,7 million de litres seront produits, avec l’ambition de multiplier par neuf ce volume. Autrement dit, l’éthanol est un produit qui prendra d’année en année une part plus importante dans la valorisation de la canne, ce qui veut dire que la part du sucre dans les richesses produites par ce complexe industriel va diminuer. Cela pose la question d’une répartition équitable de toutes les richesses produites par la canne à sucre.
Dernier enseignement : ce projet annonce une production d’électricité de 30 MW. C’est un peu moins qu’une tranche de Bois-Rouge ou du Gol. Il est noté que les promoteurs de Markala annoncent d’ores et déjà que 4 MW, solde de la production de la centrale et de la consommation de l’usine, seront utilisés « sur le réseau national ». A partir de cette donnée, il est possible de calculer précisément ce que rapportera la vente de l’électricité produite à partir de la canne. Lors de la dernière conférence de presse de l’Interprofession, il a été impossible d’avoir accès à une telle donnée. Autrement dit, à La Réunion, les planteurs ne connaissent pas ce que rapporte la vente de l’électricité produite à partir des cannes qu’ils vendent à l’usinier. Au Mali, un PMA, force est de constater que les partenaires du projet, dont les industriels, font preuve de transparence sur toutes les richesses qu’ils comptent produire à partir de la canne.

Manuel Marchal

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