Comment une décision politique a cassé la filière canne

3.500 francs CFA pour le sucre, et 200 francs pour la bagasse, la mélasse et tout le reste

6 juillet 2010, par Manuel Marchal

Quand Jean-Paul Virapoullé prend la responsabilité de remettre en cause le mode de partage des richesses de la canne à sucre, il prépare le terrain à la casse de la filière canne. Les planteurs ont été vendus pour 200 francs CFA, et le résultat, c’est la ruine de 20.000 d’entre eux, la fermeture de toutes les usines sauf deux, et la prise de contrôle de l’industrie sucrière par une filiale brésilienne d’une coopérative de planteurs de betteraves.

Quand en 1969, Jean-Paul Virapoullé signe avec les usiniers les accords scélérats qui remettent en cause la structure de la filière, voici comment les choses étaient présentées.
Les planteurs recevaient 3.500 francs CFA pour une tonne de cannes, soit un prix légèrement supérieur à ce qu’ils auraient obtenu uniquement pour le sucre. C’est sur la base de cette augmentation que les usiniers et le dirigeant de la Fédécanne, à l’époque le seul syndicat reconnu par le pouvoir, ont fait la publicité de l’accord auprès des 25.000 planteurs qui récoltaient régulièrement plus de 2 millions de tonnes sans les moyens mécaniques et financiers actuels.
Il faut savoir qu’à l’époque, ces 3.500 francs CFA représentaient la valeur de 77,77 kilos de sucre, soit 4,44 kilos de plus que ce que le planteur aurait eu droit rien que pour le sucre contenu dans sa tonne de cannes.
En clair, sachant que ces 4,44 kilos représentaient 200 francs CFA, c’est donc dans ces 200 francs CFA que se situe la valeur de tous les produits de la canne autre que le sucre : bagasse, alcool, vinasse…
Donc, Jean-Paul Virapoullé a signé des Accords dans lesquels tous les produits de la canne ne sont censés représentés que 6% de la valeur du sucre. La revalorisation de la prime bagasse démontre l’ampleur du vol subi par les planteurs au cours des 40 dernières années. La revalorisation de la prime bagasse, c’est 25% d’augmentation pour la canne payée au planteur. C’est beaucoup plus que les 6% imposés par les Accords de 1969, et ces 25% ne concernent qu’un seul produit, la bagasse. Or, la juste répartition des produits de la canne doit concerner tous ses produits, et pas seulement le sucre et la bagasse.

M.M.

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Messages

  • Après la canne, le BTP... 40 ans après, les planteurs paient toujours le prix de ces accords passés dans leur dos. De réelles incertitudes existent aujpurd’hui sur l’avenir de la fillière canne, avec des risques de délocalisation. Les betteraviers auront ils la fibre réunionnaise suffisante pour penser à l’impact de telles décisions sur l’économie réunionnaaise ?
    Ainsi, on constate que certains ne mesurent toujours pas assez leur responsabilité dans des décisions qu’ils prennent et dont les résultats négatifs les suivront. La fin du Tram Train est une catastrophe avec de lourdes répercussions sur l’avenir du BTP. L’histoire hélas se répète. Aujourd’hui comme demain des milliers d’emplois se perdent dans le bâtiment...


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