Comparaison édifiante

39 euros : prix payé au planteur par l’usinier pour acheter une tonne de cannes
60 euros : prix demandé au TCO par la CIVIS pour traiter une tonne d’ordures ménagères

23 août 2008, par Manuel Marchal

Dans la presse d’hier, la CIVIS annonce le prix ’vérité’ qu’elle demande aux habitants des cinq communes du TCO pour enfouir une tonne d’ordures ménagères : 60 euros. Pendant ce temps, la campagne sucrière bat son plein. Les cannes récoltées sont le fruit d’un an de travail des planteurs. Et depuis 20 ans, et jusqu’en 2014, l’usinier achète une tonne de cannes 39,09 euros. Comment parler de pouvoir d’achat des planteurs quand le fruit du travail d’une année vaut moins qu’une tonne d’ordures ?

Depuis hier et pendant les 20 prochains jours, le centre d’enfouissement de la Rivière Saint-Etienne accueille à nouveau les ordures ménagères des communes du TCO. Mais le différend créé par la volonté de la CIVIS d’augmenter la somme payée par le TCO pour ce service est toujours là. Deux experts ont été nommés pour faire la transparence sur le coût réel de l’enfouissement d’une tonne d’ordures, mais la CIVIS a déjà fait une proposition.
Dans leurs éditions d’hier, nos confrères rendent compte d’une réunion qui s’est tenue la veille entre les responsables de la CIVIS. Rappelons que la CIVIS demande au TCO la somme de 60 euros pour traiter une tonne d’ordures ménagères au centre de la Rivière Saint-Etienne. Sur la base de calculs effectués par la CIVIS, l’intercommunalité du Sud propose un tarif de près de 69 euros par tonne d’ordures. Le prix du "traitement" ne prend pas en compte la collecte sur le territoire des communes de La Possession, Le Port, Saint-Paul, Trois-Bassins et Saint-Leu, ni le transport du point de collecte au centre d’enfouissement situé dans la commune de Saint-Pierre.

Quel pouvoir d’achat ?

La campagne sucrière est un sujet d’actualité lié à cette information. C’est en ce moment que plusieurs milliers de planteurs récoltent la canne à sucre. Ils sont donc en train de livrer le fruit de leur travail à l’industrie sucrière. Pour cela, ils vont toucher 39,09 euros pour une tonne de cannes ayant une richesse de 13,8 livrée et acceptée par l’usinier. Ce "prix usine" est le même depuis 20 ans, et il restera le même jusqu’en 2014.
Or, tout augmente, sauf le prix de la canne. La Réunion connaît en effet une inflation record pour les produits de première nécessité, et les planteurs doivent en plus faire face à une hausse de leurs coûts de production. Les intrants sont soumis à une hausse vertigineuse.
Ce "prix usine" est fixé en accord avec les usiniers et l’Etat. Et si ce prix ne bouge pas, c’est parce que le partenaire du planteur, l’usinier, dit qu’il ne peut pas payer davantage la matière première essentielle pour tous les produits dérivés de la canne : sucre, rhum, alcools, électricité...
Dans de telles conditions, comment peut-on parler du pouvoir d’achat des planteurs lorsque l’on constate que le prix de vente d’une tonne de cannes vaut moins qu’une tonne d’ordures ménagères. En effet, le "prix usine" de la canne à sucre atteint à peine la moitié du "prix vérité" du traitement des ordures demandé par la CIVIS au TCO.
Cela rappelle combien il est urgent de proposer dès maintenant des solutions pour que les planteurs puissent vivre durablement du fruit de leur travail. Cette question des revenus est liée à celle de la répartition des richesses tirées de la canne à sucre. Car comment se fait-il que pour l’usinier, le prix d’achat de sa matière première n’ait pas augmenté depuis 20 ans ?

Manuel Marchal

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