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49 millions d’euros prêtés par la Chine pour financer l’industrie sucrière au Mali

18 janvier 2008, par Manuel Marchal

Un nouveau complexe sucrier va sortir de terre au Mali. Capable de produire 100.000 tonnes par an, il bénéficie du soutien de la Chine qui vient d’accorder un prêt préférentiel de près de 50 millions d’euros aux Maliens. A partir de 2009, le sucre produit dans cette usine pourra être exporté vers le même marché que le sucre réunionnais. En effet, dans le cadre de l’initiative ’Tout sauf les armes’, le sucre produit au Mali pourra dans 1 an avoir accès au marché européen sans quota, ni droit de douane.

La Chine a accordé au Mali un prêt préférentiel de 500 millions de yuan RMB (monnaie chinoise), soit environ 49 millions d’euros, via la Banque chinoise d’import-export, pour la construction imminente d’un troisième complexe sucrier de Sukala (Sud), a rapporté mercredi le quotidien malien "L’Essor".
L’accord-cadre liant les deux pays a été signé par le Ministre malien de l’Extérieur et de l’Intégration africaine, Badra Aliou Macalou, et l’Ambassadeur de Chine au Mali, Zhang Guoqing, en présence du Premier ministre, Modibo Sidibé.
La signature de ce document constitue incontestablement une étape décisive dans la réalisation de la nouvelle sucrerie en question dont le coût total de réalisation s’élève à plus de 106 millions d’euros. Le futur complexe sucrier aura une capacité de production de 100.000 tonnes de sucre en période de croisière et créera plus 10.000 emplois.
Le Mali pourra ainsi se hisser en tête des pays producteurs de sucre en Afrique de l’Ouest.
Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale du Mali a souligné que « la réalisation de la 3ème sucrerie de Sukala contribuera au renforcement de notre tissu industriel, à la création de nombreux emplois permanents et saisonniers, à la réduction considérable de la dépendance du pays en produits sucriers et dérivés, et enfin, au développement de plusieurs activités génératrices de revenus pour les populations de la localité ».
Tout en rappelant certaines grandes réalisations de la coopération sino-malienne - l’extension des bureaux du Secrétariat général de la présidence, la réalisation des stades omnisports des villes de San, Bougouni et Koutiala, la réalisation des Maisons de la femme et de l’enfant, et bientôt celle du 3ème pont de Bamako - Aliou Badra Macalou a indiqué que le gouvernement prendra toutes les mesures nécessaires et possibles pour permettre la réalisation rapide du projet. « Le Mali peut et veut constituer avec la République populaire de Chine, une et indivisible, le couple moteur du partenariat véritable Chine-Afrique qui se construit », a-t-il souhaité.
La réalisation de ce projet, a souligné l’ambassadeur de Chine, s’inscrit dans le cadre de la politique de valorisation des filières agricoles et la promotion et la commercialisation des produits agro-alimentaires. Une ambition forte du gouvernement. Il a assuré de l’accompagnement de son pays pour la réalisation du projet sucrier.
Le Premier ministre Modibo Sidibé a exprimé sa gratitude aux autorités chinoises, particulièrement au Président chinois, Hu Jintao, qui avait, entre autres, promis au Président malien, Amadou Toumani Touré, le financement de ce projet, lors de leur rencontre à l’occasion du Sommet de Beijing sur la coopération sino-africaine, en novembre 2006.


L’échéance 2009

Une nouvelle fois, le Mali est sous les feux des projecteurs. Après les 59 millions d’euros investis par une filiale sud-africaine d’un groupe britannique pour contribuer à la réalisation d’un complexe capable de produire 200.000 tonnes de sucre, 15 millions de litres d’éthanol et 30MW de puissance électrique, ce sont les Chinois qui prêtent à un taux préférentiel 50 millions d’euros pour construire une usine qui produira 100.000 tonnes de sucre.
Le gouvernement chinois crée donc les conditions pour que 50% de l’investissement total soit d’ores et déjà financé.
Ce développement de l’industrie sucrière ne doit rien au hasard. Il est certes lié à la volonté du gouvernement malien de produire pour satisfaire les besoins de sa population. Mais il est important également de constater que dans moins d’un an, tout le sucre produit dans les usines du Mali seront exportables sans quota, ni droit de douane vers l’Europe.
Autre fait : les deux complexes industriels qui vont sortir de terre produiront à eux seuls plus de sucre que La Réunion, et à un coût de production très inférieur.
Les projets du Mali ne sont pas les seuls. Plus près de nous, Téréos, groupe français propriétaire de la majorité des actions de Bois-Rouge, investit dans l’industrie sucrière du Mozambique. Quant à Quartier-Français, il est présent en Tanzanie aux côtés d’investisseurs mauriciens. Le Mali, le Mozambique et la Tanzanie ont un point commun : leur sucre pourra avoir accès sans entrave au marché européen dans moins d’un an. Cela veut dire qu’il concurrencera le sucre produit à La Réunion. Si aujourd’hui, le règlement européen actuel garantit un prix et autorise un quota supérieur à la production réunionnaise, il prend fin en 2013. Nul doute que les prochaines négociations prendront en considération la possibilité pour l’Europe d’importer des centaines de milliers de tonnes de sucre à bas prix en provenance des pays tels que le Mozambique, le Mali ou la Tanzanie.
Force est de constater que les pays concernés se préparent à cette échéance, et qu’ils trouvent des investisseurs capables de miser des dizaines de millions d’euros sur leurs projets. Et parmi ces investisseurs, se trouve justement un des membres de l’Interprofession.

Manuel Marchal


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