Le message des planteurs réunionnais aux parlementaires européens

5.000 planteurs, 12.000 emplois directs et indirects, menacés

4 mai 2005

Nous reproduisons ci-après la motion remise mardi dernier par la CGPER aux parlementaires européens au sujet de la réforme de l’OCM-Sucre (Organisation communautaire du marché du sucre).

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Considérant, les propositions de la commission agricole de Bruxelles le 14 juillet 2004 de diminuer de 33% le prix du sucre de canne dans le cadre de la réforme de l’OCM-Sucre ainsi que les décisions internationales qui visent à libéraliser l’agriculture mondiale en particulier le marché du sucre,

Considérant, l’importance économique et sociale de la filière canne pour La Réunion puisqu’elle reste la principale source d’exportation avec un chiffre d’affaires de 120 millions d’euros (60% des exportations) et fait vivre 5.000 planteurs et leur famille en générant 12.000 emplois directs et indirects ainsi que ses aspects multifonctionnels en termes de préservation de l’environnement, touristique, d’aménagement du territoire et d’autonomie d’énergie,

Considérant, nos handicaps structuraux tels que l’éloignement et la petitesse de nos exploitations qui engendrent des coûts de production supérieurs à l’Europe continentale de l’ordre de 25% à 30% qui rendent impossible la production de la canne à sucre en cas de baisse du prix du sucre,

Considérant la concurrence acerbe des pays de la zone océan Indien qui ont des coûts de production nettement inférieurs à La Réunion et les zones de libre échange qui s’organisent entre ces puissances économiques (Comesa, S.A.D.C,...) dont nous sommes exclus,

Considérant que les petits et moyens planteurs (0-2000 tonnes) produisent plus de 80% des 1 million 930.000 tonnes de cannes et que cette catégorie participe le plus activement à l’aménagement du territoire et à la pérennité de la filière en faisant, chaque année, d’importants investissements dans l’achat des terres, de matériel agricole, d’épierrage et d’irrigation,

Considérant, le cycle pluriannuel de la canne (7 à 12 ans) qui implique pour les planteurs une visibilité des cadres de régulation notamment de l’OCM-Sucre sur du long terme, contrairement à la betterave qui est une culture annuelle,

Considérant que la possible disparition de la canne viendrait briser 15 ans du plan d’aménagement des hauts et conduirait à une délocalisation des élevages et des cultures maraîchères dans les bas, plus favorables à l’agriculture et qu’il n’existe pas d’activité de substitution connue capable de créer autant de richesse, d’emplois, et de préservation d’espaces à La Réunion,

Considérant que la canne est la culture la mieux adaptée pour mettre en valeur les zones difficilement accessibles et qu’elle évite le ruissellement, l’érosion, et maintient les nappes phréatiques sur une île sujette aux aléas climatiques,

Considérant que le modèle de développement agricole s’est opéré autour de cette culture qui en reste le pivot de production puisque 60% des jeunes qui s’installent a pour principale spéculation la canne à sucre,

Considérant qu’avec un taux de chômage de 35% dans notre département et un marché du travail restreint incapable d’absorber les jeunes diplômés,

Considérant que notre département a été exclu de la réforme de la PAC (Politique agricole commune) en 2003 eu égard aux spécificités de notre agriculture qui demande un traitement différencié de notre situation,

Considérant enfin, le soutien financier de l’Union européenne pour participer au développement agricole de notre département avec les fonds FEOGA, FEDER, notamment dans le projet du basculement des eaux d’Est/Ouest pour la mise en irrigation de plus de 7.000 hectares dont 5.000 hectares en canne à sucre afin d’atteindre notre objectif de production de 2.5 millions de tonnes de canne,

Par conséquent, les signataires demandent :
Que l’Union européenne prenne toutes les dispositions nécessaires afin d’obtenir la compensation intégrale pour les petits et moyens planteurs de canne de La Réunion sur du long terme dans le cadre de la réforme de l’OCM-Sucre dont l’adoption définitive est prévue pour 2006.

Le président de la CGPER, Jean-Yves Minatchy ; le président du CTICS et CMU Grands-Bois, Jean-Bernard Gonthier ; le président de la CPCS, André Minatchy ; le président de la CMU De Beaufonds, Notaise Orange ; le président de la CMU De Grand-Pourpier, Sylvestre Lamoly ; le président de la CMU du Gol, Dominique Rivière ; le président de la CMU De Bois-Rouge, Fred Naze.


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