Matinée portes-ouvertes pour un patrimoine de l’industrie réunionnaise ce samedi matin à Saint-Gilles les Bains

A la découverte de l’usine sucrière de Grand-Fond

7 mars 2014, par Manuel Marchal

Un chantier d’archéologie préventive se déroule actuellement au pied de la cheminée de l’ancienne usine de Grand-Fond à Saint-Gilles les Bains. Demain samedi, le public est cordialement invité à venir découvrir un des plus anciens témoignages du patrimoine industriel de La Réunion, datant du début du 19e siècle. A visiter ce samedi de 9h à 14h.

Près de deux cents ans nous séparent des pierres de l’usine de Grand-Fond. Avant la construction de nouveaux logements sociaux pour la SHLMR, un chantier d’archéologie préventive a été lancé. Il a permis de mettre au jour des vestiges du patrimoine industriel réunionnais.

La cheminée de Grand Fond est aujourd’hui la dernière trace visible d’une activité de production dans ce quartier des bas de Saint-Gilles. Plusieurs bases de mur ont ainsi été dégagées. Cette usine était tombée dans l’oubli. Elle a pourtant fonctionné pendant plusieurs décennies.

Les archéologues font donc des relevés, photographient. Car quand le chantier sera terminé, il est prévu que l’aménageur du terrain décide de son devenir, car uniquement une partie du site est classée. Seule la cheminée et ses alentours immédiats sont protégés, mais pas l’ancienne usine qui vient d’être découverte. La SHLMR peut donc choisir de tout recouvrir ou alors d’intégrer dans le futur aménagement.

C’est donc une des plus anciennes usines sucrières de La Réunion qui est mise au jour. Ce samedi de 9h à 14h, à l’initiative de l’INRAP (Institut national de recherche en archéologie préventive) a lieu une matinée portes-ouvertes. Ce sera l’occasion de découvrir un des témoignages de l’intense activité industrielle de La Réunion.
Retour en images sur le chantier, avec les précisions de l’INRAP.

 M.M. 

Extrait du dossier de l’INRAP


La sucrerie de Grand-Fond


L’exploitation de la canne à sucre se développe à La Réunion dans la première moitié du XIXe siècle, après la crise du café de la fin du XVIIIe siècle, les tumultes de la Révolution et les attaques anglaises de 1809-1810. Probablement édifiée au début du XIXe siècle, la sucrerie de Grand-Fond connaît sa dernière campagne sucrière en 1894, avant d’être transférée à l’usine de Savanna.

Si la cheminée et quelques constructions étaient déjà connues sur le site, d’autres vestiges de bâtiments et quelques niveaux de sol ont été mis au jour au cours du diagnostic. C’est pourquoi une fouille préventive a été prescrite sur une emprise de 4 750 m2, au plus près des élévations. Jusqu’au 14 mars, six archéologues vont ainsi fouiller les vestiges, collecter des données sur l’architecture, l’organisation de la sucrerie, son évolution, le mode de vie de ses occupants ainsi que son fonctionnement. Leur étude contribuera à l’histoire sucrière de l’île et à une meilleure connaissance de ce quartier de Saint- Gilles-les-Bains.

Premiers résultats


Au terme du décapage réalisé à l’aide d’une pelle mécanique de 20 tonnes, les vestiges mis au jour s’organisent autour de deux ensembles de constructions. Le premier est situé à proximité des ruines de la sucrerie encore visibles (une cheminée et des maçonneries abritant une machine à vapeur, un support de moulin à canne et une chaudière). Cette zone complexe révèle plusieurs états de bâtiments arasés.

L’édification des différents bâtiments industriels a, en outre nécessité un aménagement en terrasse, destiné à compenser le pendage naturel du terrain etménager des surfaces planes. Ce dispositif s’accompagne d’un réseau de caniveaux et de massifs de contreforts sur les murs les plus anciens. Le second ensemble s’étend le long de la ravine Grand Fond, dont le courant a emporté une partie des murs et des sols sur sa rive nord.

Plusieurs états de construction ont été identifiés et restent à dater. Ces bâtiments anciens, érigés en roche volcanique et divisés en petites unités régulières rappellent les habitats de travailleurs d’autres domaines sucriers du XIXe siècle. Au cours de la seconde moitié du XXe siècle, ce terrain avait été remblayé pour accueillir une habitation en parpaing.

À l’issue des premiers résultats, les données archéologiques seront confrontées aux archives et actes notariés de la propriété. Cette recherche permettra d’avoir une image de l’évolution de cet ensemble de Grand Fond.

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