Tereos appelé à faire la transparence, l’État sollicité

Agriculture : nouveau soutien du Département aux planteurs

23 juin 2022

Les conseillers départementaux ont voté une motion de soutien à la filière canne-sucre-rhum-énergie, le 22 juin, lors d’une assemblée plénière. L’objectif pour les élus est d’assurer le soutien de la collectivité aux planteurs, qui mènent un mouvement de contestation, pour la hausse du prix de la canne payé par Tereos et la baisse du prix des intrants.

La motion du Conseil départemental est revenue sur les différents documents déjà envoyé à l’Etat, au cours de ces deux dernières années, afin de l’alerter de la détérioration des conditions de vie et de travail des agriculteurs réunionnais. Comme l’a indiqué Cyrille Melchior, président du Conseil départemental, « la filière est en péril, nous devons réaffirmer notre soutien aux planteurs ».
D’autant plus que les débats sur la question ont été denses, chaque élu proposant une totale transparence sur les chiffres venant de Tereos. « L’avenir de la filière canne se joue aujourd’hui. La canne ne peut pas mourir, si c’est cela cas, ce sera une catastrophe agricole, économique et sociale. Au-delà de la motion, il faut exiger la transparence d’un bout à l’autre de la chaîne, et notamment des usiniers », a expliqué l’élu communiste Jean-Yves Langenier.

« Exiger la transparence d’un bout à l’autre de la chaîne »

Ce dernier a indiqué que « Tereos est connu pour être une coopérative en France, mais chez nous, ce n’est pas le cas car c’est une filiale d’une société basée en Amérique latine ». En effet, Tereos Océan Indien est la filiale de Tereos International SA, basé à Sao Paulo au Brésil.
Raison pour laquelle, Jean-Yves Langenier a indiqué qu’il était crucial de demander la transparence des chiffres de Tereos, car « l’Etat investit de l’argent public, il faut donc toute la transparence » sur les chiffres. D’autant plus que « les planteurs ne peuvent pas être les oubliés de la répartition des richesses », car ces usiniers engrangent chaque année d’importants bénéfices.
Un avis partagé par André Thien Ah Koon, qui a fait valoir la nécessité de mettre en place « des mesures de protections de nos planteurs, car on ne peut pas non plus importer des produits qui concurrencent nos produits réunionnais ». Ce dernier tient à protéger la filière et ses acteurs en assurant qu’une « intervention politique doit être faite pour obliger les usiniers à répondre aux revendications des planteurs ».

Conférence territoriale élargie

Ce dernier a évoqué l’idée de Paul Vergès de rassembler les collectivités afin de peser sur l’Etat et certains industriels. Un argument appuyé par la sénatrice et conseillère départementale, Nassimah Dindar, qui a appelé à la mise en place d’une conférence territoriale afin de traiter en problème le problème des planteurs, ainsi que l’ensemble des défis de La Réunion.
Il faut réunir les collectivités, les forces vives et les acteurs de la filière canne pour « échanger sur les problèmes à long terme de La Réunion » et repenser « un modèle économique, social et environnemental pour les 30 prochaines années ».
Selon elle, « nous avons la responsabilité d’être aux côtés des planteurs, car auparavant nous avons raté notre responsabilité politique de les aider à ne pas tomber dans la précarité. Or aujourd’hui, les planteurs sont dans une situation précaire, il faut garantir le prix d’achat de la canne aux planteurs ».
A moins d’un mois de la campagne sucrière, le temps presse. Alors que le Département tenait sa séance plénière, les syndicats ont été reçus par le préfet, Jacques Billant, qui s’est engagé encadré les négociations avec Tereos.

L’État sollicité

Outre les débats, la motion a sollicité l’Etat pour qu’une « action rapide et particulière » soit faite en direction de la Commission de Régulation de l’Energie, afin de revaloriser financièrement la bagasse au bénéfice des planteurs.
L’ensemble des élus ont voté cette motion demandant la mise en place de deux dispositifs : le premier pour que les industriels puissent continuer à garantir le maintien du prix d’achat de référence de la tonne de canne aux planteurs, sur toute la durée » de la convention canne 2022-2027, et au-delà comme l’a souligné André Thien Ah Koon. Et le second, pour l’instauration d’une « aide complémentaire, dans le cadre du plan de résilience national, permettant la compensation des surcoûts de production pour l’ensemble des agriculteurs réunionnais ».
Enfin, la participation de l’Union européenne a été évoqué : les élus demandent « une intervention renforcée de l’Etat en direction des instances européennes afin de protéger la filière réunionnaise, par l’activation des clauses de sauvegarde prévues dans les accords commerciaux et des contrôles poussés des sucres importés dans l’Union ».

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