A peine 1,2 million de tonnes de cannes coupées en 2024 : nouvelle catastrophe
La CGPER appelle à un large soutien pour les planteurs face à la chute de la production de cannes à sucre
23 septembre, par
Vendredi dernier, 597 000 tonnes de cannes à sucre ont été coupées depuis le début de la campagne sucrière 2024. A mi-campagne, ce sont à peine 600 000 tonnes, ce qui fait prévoir un total de 1,2 million de tonnes de cannes coupées d’ici la fin de la campagne sucrière. Ce sont 200 000 tonnes de moins que lors des deux campagnes précédentes jugées historiquement basses. C’est une nouvelle catastrophe pour les planteurs. La CGPER appelle au report de toutes les échéances bancaires, fiscales et sociales ainsi qu’à une aide de l’État comparable à celle versée en France aux céréaliers qui connaissent eux aussi une importante baisse de production du blé. Ce sont les conditions nécessaires pour que les planteurs puissent avoir la trésorerie nécessaire afin de préparer la prochaine récolte dans de meilleures conditions.
Après deux campagnes sucrières catastrophiques, celle de 2024 s’annonce une récolte de cannes à sucre encore plus faible. A mi-campagne, ce sont à peine 600 000 tonnes de cannes qui ont été coupées. Cela laisse entendre un résultat final de 1,2 million de tonne cette année. C’est 200 000 tonnes de moins que les deux dernières campagnes aux résultats jugés historiquement bas. C’est 500 000 tonnes de moins que la moyenne habituelle, à partir de laquelle les planteurs pourraient espérer obtenir des bonus de la part des rhumiers notamment.
« Crédit Agricole et BRED doivent jouer le jeu »
Hier, 22 septembre 2024, à la plateforme de livraison des Casernes à Saint-Pierre, la CGPER organisait une rencontre avec la presse pour alerter sur les conséquences de cette situation. Des militants de la CGPER étaient rassemblés autour de leur président Jean-Michel Moutama. Le dirigeant syndical a exposé la situation.
« Avec 600 000 tonnes récoltés à mi-campagne, on part au casse-pipe. Les planteurs n’ont plus de trésorerie ». Chute de production signifie en effet chute des revenus.
Le président de la CGPER demande que les pouvoirs publics et les banques prennent pleinement conscience des mesures à prendre face à une telle situation. Il déplore le silence de l’industriel Tereos, qui détient le monopole d’achat et de transformation des cannes à sucre cultivées par les planteurs à La Réunion. Il note également que les réunions organisées avec le préfet ne vont pas assez au-delà du simple constat.
La CGPER demande le report des échéances de prêt de cette année. Le syndicat propose que l’échéance 2024 soit décalée à la fin du tableau d’amortissement. « Crédit Agricole et BRED doivent jouer le jeu ».
Accompagner les victimes de la chute de la production
La CGPER demande la même chose pour le paiement des cotisations sociales, ainsi que pour celui des impôts de cette année.
Jean-Michel Moutama rappelle qu’en France, l’État a mobilisé 15 millions d’euros du ministère de l’Agriculture à destination de la Mutualité sociale agricole (MSA) pour financer la protection sociale des agriculteurs à leur place. Pourquoi à La Réunion, l’État ne verserait-il pas une contribution analogue à la Caisse générale de Sécurité sociale afin de soulager la trésorerie des agriculteurs de cette dépense ?
Le président de la CGPER constate également que face à la chute de production de blé en France, l’État a pris des mesures d’accompagnement à destination des céréaliers. La baisse de production de la canne à sucre à La Réunion ne pourrait-elle pas donner lieu à une aide analogue versée aux canniers ?
Avoir une trésorerie suffisante pour continuer la production
La CGPER revendique également le report du paiement des factures, en particulier celle de l’irrigation, et demande un accompagnement du Département en ce sens.
Toutes ces mesures visent à permettre aux agriculteurs d’avoir une trésorerie suffisante pour préparer la prochaine campagne sucrière. Faute de quoi, la récolte 2025 risquerait d’être encore très inférieure aux 1,7 million de tonnes qui étaient la norme avant la suppression du quota sucrier en 2017 par les ministres des États de l’Union européenne.
Cela irait à l’encontre de la volonté de l’État, de l’Union européenne, de la Région et du Département de mobiliser les fonds publics pour relancer la production de canne à sucre. Cette volonté est partagée par tous les acteurs de la filière canne-sucre-alcools-énergie de La Réunion. Mais pour prospérer, ce plan de relance a besoin de planteurs et de terres plantées en cannes à sucre. Cela suppose que les agriculteurs puissent avoir une trésorerie suffisante pour survivre à la crise et préparer la reprise.
Revoir le calcul des indemnisations catastrophes naturelles
La CGPER demande également de revoir le mode de calcul des indemnisations afin que des sinistrés du cyclone Belal n’en soient pas privés.
Pour une tonne de canne de richesse en sucre à 13,8, l’industriel Tereos paie 40 euros. Le prix total payé au planteur, 103 euros, est assuré à 60 % par des aides. Cela signifie que plus de 60 % du prix dépend du tonnage livré et non pas de la richesse en sucre.
Or, le système d’indemnisation a pour base une « canne-type », qui prend en compte la richesse en sucre. Cela signifie que des planteurs ayant subi une perte de production de plusieurs centaines de tonnes pourront ne pas être indemnisés à cause d’une richesse trop élevée de leurs livraisons de cannes en 2024.
« Le calcul du montant des indemnisations liées aux catastrophes naturelles n’est plus en adéquation avec le mode actuel de paiement de la canne », les pertes en tonnage devraient donc être pleinement prises en compte car le tonnage représente 60 % du prix payé au planteur pour le fruit de son travail.
M.M.