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Le résultat d’une décision politique et de choix économiques
22 juillet 2013, par
En 50 ans, la canne à sucre est passée du rang de moteur de l’économie à celui d’une culture qui doit lutter pour son avenir. C’est le résultat d’une lente dégringolade, résultat d’une décision politique et des choix économiques qui en découlent. Pourtant, la canne a un avenir, et le groupe Téréos ne s’y est pas trompé en achetant avec les deux usines, le centre de recherche et de développement. C’est dans ce centre que se situe le cœur de la richesse de l’accumulation de deux siècles d’expériences.
En 1961, les planteurs et les ouvriers des usines ont battu un record. Ils ont réussi cette année-là à produire plus de 262.000 tonnes de sucre. Ils ne le savaient pas, mais ce record tient toujours, et il se situe bien en dessous du quota auquel les producteurs de sucre ont droit : 300.000 tonnes.
En 1962, le passage du cyclone Jennie fait descendre la production sucrière à 181.000 tonnes avant une reprise en 1963 : 224.000 tonnes. À cette époque, le quota s’appelait contingent, et il était de 200.000 tonnes. Le surplus devait alors s’écouler au cours mondial. 1963 ne s’annonçait pas bien, car La Réunion était touchée par une sécheresse.
Propositions réunionnaises rejetées
À ce moment, La Réunion avait 350.000 habitants, 24.000 Réunionnais étaient planteurs de cannes, ils faisaient vivre à eux seuls 100.000 personnes. 9 syndicats de planteurs décident de publier une Charte. Ce document donne une feuille de route à la filière. Arriver à produire 300.000 tonnes de sucre en 1965, et arriver à 400.000 tonnes en 1970. Cela supposait d’augmenter le quota, pour que la totalité du sucre produit à La Réunion y soit incluse.
Concernant le partage des richesses de la canne, le système alors en vigueur réservait les deux-tiers (66%) des bénéfices de tous les produits au planteur, et un tiers (33%) à l’usinier. Les syndicats de la Charte revendiquaient une hausse de la part planteur à 68%, l’installation de balances automatiques, et le contrôle par l’État de la valeur des produits issus de l’usine. Ils demandaient aussi le prix nu-usine, pour ne plus que le prix du transport du sucre de l’usine à la raffinerie en France soit à leur charge.
Par ailleurs, les planteurs voulaient un développement des autres produits de la canne : chimie verte, transformation de la bagasse en papier et en panneaux ligneux. Ils proposaient aussi la construction à La Réunion d’une raffinerie de sucre, afin de pouvoir exporté un produit comportant une plus forte valeur ajoutée.
Ces propositions réunionnaises voulaient continuer à faire de la canne à sucre un pilier de l’économie de deux manières. Tout d’abord par l’augmentation de la production du sucre vendu sur un marché protégé, ensuite par la diversification des produits issus de la canne. Mais ces propositions ont été rejetées, et une décision politique allant à l’encontre des intérêts des planteurs a été prise. Elle est à l’origine de la crise structurelle.
Le choix de la crise
En 1969, la Fédécanne de Jean-Paul Virapoullé signe avec les usiniers des accords qui ont tout changé. Désormais, le planteur n’est plus le propriétaire de la canne, mais il est le fournisseur d’une matière première. Une fois que l’usinier a acheté la canne, tous les bénéfices qu’il peut en tirer lui appartiennent.
Cet accord donne un autre avantage à l’usinier. Il n’est plus besoin de planter de la canne. C’est là aussi une autre rupture. À la base, les usiniers étaient d’abord des planteurs, et avec l’ancienne répartition des richesses ils avaient tout intérêt à ce que leurs terres produisent le plus de cannes possible.
Après l’accord de 1969, l’usinier peut se concentrer uniquement sur l’aspect industriel. C’est la séparation du capital foncier et du capital industriel.
C’est ainsi que par l’entremise de la SAFER, les terres à cannes des usiniers vont être vendues aux planteurs.
45 ans après cette décision politique, dont ont découlé des choix économiques, le résultat est édifiant :
- Le nombre d’usines n’est plus que de 2.
- De 24.000 planteurs, il n’en reste plus que 3.200.
- La canne faisait vivre 100.000 personnes, contre 10 fois moins aujourd’hui.
- Les récoltes sont aujourd’hui inférieures de 500.000 tonnes à ce qui était la norme avant l’accord de 1969.
- Les usines et le centre de recherche n’appartiennent plus à des Réunionnais.
La fin des usiniers Réunionnais
C’est ce dernier point qui constitue l’étape ultime de la crise commencée en 1969. Car par le biais d’une opération capitaliste, une coopérative de planteurs de betteraves, Téréos, a acheté les deux dernières usines sucrières. Depuis plusieurs années, Téréos se développe au Brésil, le plus gros important producteur de sucre et d’alcool de canne. C’est pourquoi l’acquisition, avec l’industrie réunionnaise, de la recherche est stratégique. Car notre île peut se vanter d’avoir toujours été à la pointe de l’expérimentation. Ce sont donc deux siècles d’expériences et d’avancées qui ont basculé dans les mains d’un groupe extérieur à La Réunion.
La crise structurelle a poussé les derniers planteurs à déployer des trésors de productivité. Elle a dépouillé les Réunionnais du contrôle stratégique de la filière canne. Et c’est à ce moment qu’un autre pilier vacille : l’Union européenne a décidé de mettre fin aux quotas.
M.M.
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