CGPER : Bilan et recommandations

’Ce n’est plus qu’une chambre à coucher’

22 août 2005

Les mots ne sont pas tendres, et Jean-Yves Minatchy s’explique. La situation calamiteuse de la Chambre verte ne doit cependant pas semer la zizanie dans le monde agricole, et encore moins le trouble. L’agriculture réunionnaise ne s’en portera que mieux.

Nous n’avons pu que constater la présence de la Confédération générale des planteurs et éleveurs de La Réunion (CGPER). Sous l’égide de Jean-Yves Minatchy, le syndicat d’agriculteurs était affairé aux dossiers importants que sont le Parc national des Hauts et ses conséquences sur les agriculteurs des Hauts de l’île, soumis à des règles nouvelles environnementales.
En outre, la CGPER s’est occupée des problèmes de maladies touchant notamment les vaches laitières, ou encore de l’exportation des produits fruitiers. La défense des producteurs d’ananas était également à l’ordre des affaires à surveiller de près. Le projet de réforme de l’OCM-Sucre est resté par ailleurs une des questions centrales de la confédération, qui regroupe un grand nombre de producteurs canniers, mis à mal par la baisse du prix du sucre, leur gagne-pain.
Les maraîchers n’ont pas été épargnés par les fortes pluies, et l’indemnisation devra se faire attendre. La Chambre n’aurait pas été active dans le montage des dossiers d’indemnisation. Aujourd’hui, 5 communes ont été déclarées meurtries par une catastrophe naturelle, tandis que la majorité des maraîchers réunionnais ne sera pas indemnisée, “faute de professionnalisme de la part de la Chambre d’agriculture”, explique Jean-Yves Minatchy.

Une Chambre à l’agonie ?

Un courrier de la CFDT, daté du mois d’avril 2005, déplorait le manque de cohérence dans l’organisation interne de la Chambre verte. Un point que ne manque pas de souligner Jean-Yves Minatchy qui, sans jubiler, note que “la CFDT a observé qu’on est en train de dépouiller toutes les missions de la Chambre”. Et de poursuivre qu’“il y a plus de cadres que de techniciens”. On pourrait alors comprendre le grand désarroi des agriculteurs, notamment les plus jeunes d’entre eux, qui viennent tout juste de s’installer. “Ce n’est plus une Chambre d’agriculture, ce n’est plus qu’une chambre à coucher”, lance Jean-Yves Minatchy.
Aujourd’hui, la CGPER souhaite que ces agissements ne soient plus cautionnés par les autorités de tutelle. D’autant que, preuve à l’appui, Jean-Yves Minatchy précise que l’actuel président de la Chambre verte est “un champion de la liquidation judiciaire”, en témoigne le flou artistique à la Sica Banane. Après 3 ans de présidence, Guy Derand voit la tonne réceptionnée passer de 900 tonnes à 100 tonnes. Triste comparaison, la Chambre verte garde un passif de 2 millions d’euros de déficit, dont 800.000 euros pour les charges sociales. Le fonds propre de la Chambre est passée de 68% à 40%, tandis que la masse salariale a augmenté de 11%. D’où la question : “comment sont gérés les fonds publics, et comment réagissent les autorités de tutelle ?”. La CGPER demande aux 3 bailleurs financiers (État-Département-Région) d’ordonner un audit détaillé sur l’utilisation des fonds publics versés à la Chambre depuis 2001. Mais Jean-Yves Minatchy propose d’autres recommandations.

Quelques recommandations

D’abord, il demande la suppression de toutes les prestations payantes depuis 2001, alors qu’elles ne l’étaient pas avant. Pour les prestations payantes sous la présidence Minatchy, mais augmentées de plus de 200% pour certains, le président de la CGPER réclame leur remise en équilibre. Les élus sont recommandés de retrouver l’indemnité normale, soit 7,50 euros horaire au lieu des 115 euros par journée. Les élus bénéficiant de voiture de fonction devraient envisager de rendre les véhicules “à commencer par le président lui-même”, insiste Jean-Yves Minatchy.
Par ailleurs, la CGPER exige des explications pour un “nombre de billets d’avions, payés par la Chambre depuis 2001, pour chaque membre du bureau, à hauteur de 1.900 euros par personne”. Jean-Yves Minatchy demande : “pour quelle mission ?”. Et puis, puisqu’il s’agit de réduire le trou financier de la Chambre d’agriculture, il demande aux élus de revoir à la baisse la ligne budgétaire “foire et expo”, c’est-à-dire - précise Jean-Yves Minatchy - “Whisky, samoussas et bonbons piments”. Elle avait augmenté de 400% depuis la nouvelle présidence. Espérons que la Chambre s’expliquera sur tout cela.

Bbj


Enveloppe de la Commission européenne

La C.G.P.E.R. demande des précisions

La Confédération générale des planteurs et des éleveurs de La Réunion nous a fait parvenir hier un communiqué, dans lequel elle demande à la commissaire européenne Marianne Fischler-Boel des précisions sur l’enveloppe de 44 millions d’euros destinée aux départements d’Outre-mer producteurs de canne à sucre, sous forme de mesures compensatoires : “Personne n’est capable de nous préciser comment sont répartis ces 44 millions d’euros (...) M. Bernard Chaud, responsable sucre au Ministère de l’Agriculture, qui assistait le 8 juillet dernier à la Commission paritaire de la canne et du sucre, n’est toujours pas en mesure de répondre à cette question.”


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