En attendant la visite du ministre de l’Agriculture

“Ce sont les pyromanes qui crient au feu”

16 septembre 2004

Le ministre Hervé Gaymard arrive sur l’île aujourd’hui, et les jeunes de la CGPER entendent lui faire connaître les attaques incessantes qu’ils subissent. Ils contestent notamment la politique tarifaire de la Chambre d’agriculture.

Il n’y a pas que la canne dans l’agriculture. "Au delà du débat sur la réforme de l’OCM Sucre pour le maintien du prix du sucre et du quota des DOM, la visite du ministre Hervé Gaymard à La Réunion doit être l’occasion d’aborder les besoins des jeunes agriculteurs pour les prochaines années, notamment dans la région Ouest, où le secteur agricole est le plus dynamique", déclarait Éric Soundrom, porte-parole des jeunes de la CGPER (Confédération générale des planteurs et éleveurs de La Réunion).
Au lieu de se focaliser sur le débat de la réforme de l’OCM Sucre "pour masquer les autres enjeux de l’agriculture réunionnaise", les jeunes de la CGPER souhaitent que le ministre quitte l’île avec une vision globale des attentes du monde agricole et des mesures à mettre en œuvre pour le développement de l’agriculture réunionnaise, notamment sur des dossiers phares tels que le basculement des eaux, qui nécessite une rallonge budgétaire de 300 millions d’euros, ou encore la régularisation des baux emphytéotiques.

Monopole honteux des coopératives agricoles

Si les agriculteurs doivent faire face à des menaces extérieures sur leur revenu, ils rencontrent également des menaces intérieures. Le prix de l’engrais a augmenté de 13,5 à 17,6% depuis 2001, alors que le prix de base de la canne n’a pas évolué.
Par ailleurs, les tarifs comparatifs montrent clairement que le prix de l’engrais est 25 à 30% moins cher en France qu’à La Réunion. Cette augmentation se répercute logiquement sur les coûts de production : pour entretenir un hectare de cannes, il faut entre 800 kg et 1 tonne d’engrais.
S’ajoute à cela l’augmentation du prix des herbicides, qui pèse également lourdement sur le revenu des planteurs. La visite du ministre de l’Agriculture servirait par là-même à dévoiler le monopole honteux des coopératives agricoles, qui devraient œuvrer en faveur de ses agriculteurs membres, et non pas entrer dans une logique purement commerciale, qui déstabilise.

La Chambre de l’agriculture, présidée par Guy Derand, s’est positionnée récemment contre le surcoût de production. Cela est pourtant incompatible avec "la nouvelle politique tarifaire que l’institution a mise en place en 2003", lance Éric Soundrom.
Le tarif de ses prestations connaît une augmentation allant de 46 à 150%. Certaines prestations jusqu’alors gratuites (déclaration de surface, autorisation d’exploiter, demande de subvention) sont aujourd’hui payantes.

Des éleveurs de deuxième zone ?

"Aujourd’hui, les jeunes agriculteurs sont attaqués de tous côtés, et lorsqu’ils voient les dirigeants de la Chambre d’agriculture prôner la mobilisation générale contre l’augmentation des coûts de production, ce sont les pyromanes qui crient au feu", déclare Éric Soundrom. Ce point ne manquera pas d’être évoqué lors de la visite d’Hervé Gaymard, d’autant que la tarification de la Chambre pénalise particulièrement les jeunes agriculteurs en phase d’installation.
Il reste à soulever des problèmes liés à l’élevage, qui concernent aujourd’hui près de 30% des éleveurs réunionnais. Ces agriculteurs ont tous subi des difficultés conjoncturelles (neige, pluies abondantes, surproduction, épizootie, etc), sans la moindre intervention de l’État. Les agriculteurs de l’Hexagone ont obtenu 800 millions d’euros pour la canicule, une somme débloquée en deux mois. "Est-ce que les éleveurs de La Réunion sont des éleveurs de deuxième zone ?" demande le porte-parole des jeunes agriculteurs.

Bbj


La CGPER demande une aide pour les planteurs de cannes

Au menu du ministre de l’Agriculture, figurera aujourd’hui la motion rédigée par les militants de la CGPER. En voici l’essentiel.

“Que l’Union européenne et l’État français mettent tous les moyens en œuvre pour consolider l’agriculture de La Réunion :

- Obtenir de l’Union européenne une compensation intégrale pour les planteurs de cannes de La Réunion et à défaut prise en charge par l’État de la partie manquante.

- Mise en place d’une aide à l’entretien de 220 euros / hectares pour les planteurs de cannes.

- Engagement financier de l’État sur la continuité du basculement des eaux jusqu’à l’achèvement des travaux,

- Prise en charge par l’État, la Région et le Département des cotisations RCO (retraite complémentaire obligatoire),

- Régularisation des baux emphytéotiques de 25 ans en baux de carrière de 99 ans,

- Augmentation de l’aide à la replantation à 2000 euros / hectares,

- Incitation pour les collectivités publics (école, hôpitaux,...) de consommer les produits locaux."


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