Fermetures unilatérales des usines Tereos en pleine campagne sucrière : les planteurs doivent être indemnisés

CGPER : « Demande d’intervention urgente de la CPCS pour la défense des planteurs de canne face aux grèves chez Albioma et aux pertes financières »

4 novembre

Dans un courrier adressé ce 2 novembre aux Co-Présidents planteur et industriel de la CPCS, Jean-Michel Moutama, président de la CGPER, demande à l’institution représentative de l’interprofession d’agir pour que les planteurs soient indemnisés des pertes subies par la fermeture des usines Tereos durant la grève à Albioma. Cette fermeture a empêché les livraisons et les paiements en temps et en heure des cannes prévues. Les planteurs ont donc perdu des sommes considérables qui s’ajoutent aux grandes difficultés rencontrées par ces producteurs depuis 2017.

Les planteurs de canne sont aujourd’hui confrontés à une crise sans précédent dans le cadre de la campagne sucrière de 2024, marquée par une série de difficultés qui compromet gravement la filière canne de La Réunion. Outre des conditions climatiques défavorables, cette situation s’aggrave encore avec les interruptions répétées des réceptions de canne dues essentiellement aux conflits sociaux chez Albioma et aux décisions de fermeture unilatérales prises par l’industriel Téréos. Nous faisons face à la plus faible production de l’histoire de notre filière !!!

Les planteurs subissent ainsi,
- d’une part, les conditions climatiques défavorables qui ont encore une fois pénalisé la filière cannière
- et, d’autre part, l’impact économique, avec l’ouverture tardive de la campagne sucrière 2024 et des fermetures intempestives des usines, aggravées par les récentes conflits sociaux chez Albioma

Ces fermetures, décidées unilatéralement par l’industriel sucrier, ont stoppé la réception des cannes coupées, causant des pertes financières sévères pour les producteurs. En particulier, les arrêts d’usines de la semaine 43 décidés par Téréos ont entraîné une chute notable de la pureté des cannes, atteignant parfois jusqu’à 3 points de moins que la semaine précédente. Cette baisse affecte directement la richesse des cannes et, en conséquence, les revenus des planteurs. De plus, les retards de traitement détériorent la qualité des cannes laissées sur pied, diminuant ainsi progressivement leur rendement.

Ces interruptions causent des dégâts économiques insupportables à la filière cannière, car elles reportent l’intégralité des pertes de campagne sur les planteurs, les laissant affronter seuls les conséquences financières de la crise chez Albioma.
Téréos, en fermant ses usines face à ce conflit, préserve sa rentabilité, mais impose aux producteurs le fardeau des pertes de revenus, alors que ni Albioma ni Téréos ne semblent mesurer l’ampleur de l’impact de leurs décisions sur la filière cannière.

En effet, depuis 2017, les coûts d’exploitation pour les producteurs ont explosé (augmentation des coûts des engrais, main-d’œuvre, mécanisation, et entretien des cultures), tandis que leur pouvoir d’achat a chuté en raison de l’inflation, et leur trésorerie est aujourd’hui exsangue. Cette conjoncture survient alors que les agriculteurs de La Réunion subissent déjà les impacts du changement climatique, qui affaiblit structurellement leur productivité. La situation financière de nombre d’entre eux est désormais intenable.
Face à cette situation, nous sollicitons la CPCS pour agir dans sa mission d’arbitrage et de défense des intérêts de la filière cannière.

Nous demandons que ces préjudices subis par les planteurs, causés par les fermetures répétées et les refus de réception des cannes, soient reconnus et que des mesures de compensation soient établies dans les plus brefs délais. La CPCS a, entre autres pour missions de :
- Représenter conjointement la filière auprès des institutions locales, nationales et européennes ;
- Surveiller les politiques publiques d’aménagement du territoire, notamment pour assurer la pérennité de la culture cannière à La Réunion ;
- Garantir la stabilité économique de la filière par la réalisation des objectifs de production de 2,5 millions de tonnes de cannes chaque année.

La CPCS a exprimé le souhait de maintenir des engagements solides et durables avec l’État et les pouvoirs publics, tout en impliquant ces partenaires institutionnels dans les évolutions de la filière.
Nous faisons donc également appel à l’État pour qu’il joue pleinement son rôle de soutien face à la réticence de la partie industrielle à reconnaître les responsabilités qui, par ses décisions, engendrent des pertes de revenus pour les agriculteurs de la filière canne.

Par conséquent, la mission de la CPCS inclut notamment :
- d’initier toute action utile pour défendre les intérêts des collèges professionnels qui composent l’interprofession ;
- d’examiner et d’arbitrer les litiges non résolus dans les Commissions Mixtes d’Usines ;
- de proposer aux pouvoirs publics toutes mesures relatives au soutien, à l’organisation et à la pérennité de la filière canne dans son ensemble, y compris les modalités d’élection au sein des Commissions Mixtes d’Usines ;
- d’ester en justice, tant en demande qu’en défense

Nous demandons à la CPCS d’examiner, dans l’urgence, les voies de recours pour que les pertes subies par les planteurs du fait des décisions unilatérales de fermeture des usines soient prises en compte. La CPCS doit envisager des actions juridiques pour obtenir des indemnisations pour les pertes injustement imposées aux planteurs.
Nous espérons que la CPCS saura prendre en compte cette volonté de rendre justice aux agriculteurs, sans qui la filière canne à sucre-rhum ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui. En vous remerciant pour votre attention et votre soutien indéfectible, nous vous prions d’agréer l’expression de notre considération distinguée.

Jean Michel Moutama
Président de la CGPER

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