Alors que la prochaine campagne sucrière a lieu dans 2 mois, Tereos refuse encore de discuter du prix de la canne qu’il devra payer aux planteurs

CGPER : urgence d’ouvrir les discussions de la Convention canne

22 avril 2022, par Manuel Marchal

A deux mois de la prochaine campagne sucrière, la CGPER a de nouveau alerté hier sur la nécessité de commencer dès maintenant les discussions de la prochaine Convention canne : pas question de négocier sous la pression à la veille de la coupe.

Jeudi dernier, la CGPER a interpellé le Premier ministre en campagne électorale dans notre île au sujet du retard pris dans les négociations de la Convention canne. Ce document fixe le prix de la canne qui sera payé par Tereos aux planteurs cette année, ainsi que les engagements des pouvoirs publics.
A ce jour, Tereos a obtenu la garantie de recevoir jusqu’en 2027 les 28 millions d’euros destinés à compenser la fin du quota sucrier qui s’applique depuis 2017. Cette somme permet d’annuler le surcoût de production du sucre de cannes réunionnais par rapport au sucre de betteraves européen.
Pour leur part, les planteurs ont obtenu de l’État le versement direct d’une aide annuelle supplémentaire de 14 millions d’euros destinée à atténuer l’augmentation du coût de production, et des conséquences négatives de plusieurs années de sécheresse.
Mais Tereos refuse toujours de commencer les négociations. L’industriel a demandé à l’État 15 millions d’euros supplémentaires par an d’aide publique. L’État étudie encore le dossier et n’a pas encore donné sa réponse. Or, Tereos exige une réponse, sans doute favorable, pour commencer les discussions. Cette situation lui donne un avantage sur les planteurs, car à la différence des agriculteurs, Tereos ne prend pas le risque de planter la canne à sucre. Tereos dispose donc d’une trésorerie qui lui permet de jouer la montre.

Bagasse et mélasse : l’État a toutes les informations

La CGPER refuse qu’une fois de plus, les négociations du prix de la canne se passent à la dernière minute, avec des planteurs sous la pression pour signer un document qui ne défendra pas bien leurs intérêts.
C’est ce qu’a rappelé hier le syndicat devant l’usine sucrière du Gol. Jean-Michel Moutama, président de la CGPER, note que l’État a en sa possession les valeurs exactes de vente de la Bagasse en énergie, de la mélasse, de l’alcool et des transactions commerciales entre les différentes filiales de l’industriel qui sont couvertes par le secret des affaires.
Les négociations peuvent donc commencer sur ces produits afin que les planteurs puissent bénéficier d’une juste rémunération tirée de la valorisation de la bagasse et de la mélasse. Le moment est également venu de revoir la formule de calcul du paiement du prix de la canne qui n’est plus en rapport avec la réalité de la filière, et qui pénalise le planteur.

Les planteurs ne doivent pas être « pris en otage »

Jean-Michel Moutama souligne également que les 14 millions d’euros obtenus par les planteurs seront déjà en grande partie absorbés par la hausse importante des prix des intrants. En termes d’engrais, au lieu d’une dépense globale de 10 millions d’euros, il faudra compter 20 millions en 2023. Le prix du fioul des tracteurs a lui aussi quasiment doublé en moins d’un an, passant de 50 centimes à 90 centimes le litre.
Pour la CGPER, il n’y a donc plus de temps à perdre pour discuter de la Convention canne. A deux mois du début de la campagne sucrière, les planteurs ne doivent pas être « pris en otage ». « Négocions ce qui est négociable », souligne Jean-Michel Moutama.

M.M.

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