La Chambre d’agriculture interpelle les députés de La Réunion

Cinq années décisives pour l’agriculture réunionnaise

2 juillet 2007

Négociation des Accords de partenariat économique, réforme de la PAC, création d’une zone franche globale, autant de dossiers essentiels pour l’agriculture réunionnaise sur lesquels Jean-Yves Minatchy souhaite l’appui des députés de La Réunion. L’enjeu est de parler d’une même voix pour porter les revendications d’un secteur économique qui joue son avenir dans les années qui viennent.

(photo Toniox)

« Le temps des élections est terminé, les cinq années qui viennent seront décisives pour l’agriculture réunionnaise. Nous demandons aux cinq parlementaires qui viennent d’être élus de soutenir la cause d’un secteur économique important, au plus haut niveau français et européen », tel est en substance le message de Jean-Yves Minatchy, Président de la Chambre d’Agriculture, à René-Paul Victoria, Huguette Bello, Didier Robert, Patrick Lebreton et Jean-Claude Fruteau. Message délivré hier à Bras-Panon, lors d’une rencontre avec la presse marquée par la participation de nombreux jeunes agriculteurs, c’est une illustration du potentiel de la jeunesse réunionnaise, et du dynamisme de l’agriculture, secteur essentiel de l’économie réunionnaise.
Pour le responsable de ce secteur économique, les enjeux de la nouvelle législature pour l’agriculture réunionnaise se déclinent autour de plusieurs dossiers.
Tout d’abord, celui des Accords de partenariat économique (APE), ces traités qui doivent régler les relations commerciales entre l’Union européenne et les pays dits ACP à partir de l’an prochain. « Les APE n’ont rien à voir avec les accords précédents de Yaoundé, de Lomé et de Cotonou ; ce dernier est aujourd’hui en vigueur, qui fixaient les règles entre l’Union européenne et les ACP », prévient Jean-Yves Minatchy. Car dans l’état actuel des négociations des APE, les agriculteurs réunionnais entrent en concurrence directe avec ceux de pays ayant un coût de production six à sept fois moins élevés, pour les mêmes produits. Une concurrence frontale avec les pays voisins comme Madagascar ou l’Afrique du Sud, grande puissance économique de la Région, souligne le Président de la Chambre d’agriculture. Une concurrence dont le lieu serait non seulement le marché européen, mais aussi réunionnais, du fait de l’appartenance de l’île à l’Union européenne.

APE et PAC : défendre La Réunion

Dans ces Accords de partenariat économiques, « il faut prendre en compte les spécificités réunionnaises dans leur globalité », affirme Jean-Yves Minatchy, « cela passe par un traitement différencié pour sauver l’agriculture réunionnaise », poursuit-il. Une revendication que les députés de La Réunion sont appelés à porter.
Les parlementaires sont interpellés sur un autre dossier appelant la prise en compte des spécificités réunionnaises au niveau européen. Il s’agit de la réforme de la politique agricole commune (PAC). Jean-Yves Minatchy note l’assurance reçue de la part de Christine Lagarde, ancienne Ministre de l’Agriculture, de ne pas renégocier jusqu’en 2014 les adaptations dont bénéficient les agriculteurs réunionnais. Le Président de la Chambre d’agriculture attend une clarification de la part du nouveau ministre. Car si les contraintes de la PAC s’appliquaient mécaniquement à La Réunion, précise Jean-Yves Minatchy, « c’est toute la filière porcine qui serait condamnée ».
Le Fonds de développement régional agricole et rural est aussi une question importante pour le Président de la Chambre d’agriculture. 18 millions d’euros doivent être attribuées aux organisations agricoles à La Réunion. « Cette enveloppe doit revenir à la Chambre », insiste Jean-Yves Minatchy, car c’est l’institution consulaire qui est responsable du développement agricole et de l’appui technique. Autrement dit, pas question qu’elle revienne aux usiniers. Sinon, 17 emplois risquent d’être supprimés en 2008 à la Chambre. « Pour diminuer les charges des agriculteurs, nous avons supprimé les prestations payantes comme par exemple l’autorisation d’exploiter, et nous avons diminuer le coût du bail à ferme », note Jean-Yves Minatchy, « nous insistons pour qu’une part importante de ce fonds aille à la Chambre ».

Le riche potentiel des jeunes

Une zone franche agricole (voir encadré), la suppression de la taxe foncière sur le non-bâti et l’amélioration des retraites sont d’autres revendications que le Président de la Chambre d’agriculture souhaite voir soutenues au plus haut niveau par les députés de La Réunion. « Pour les retraites, nous demandons 1.000 euros par mois à 55 ans. Aujourd’hui, après 35 ans de travail, des agriculteurs ne touchent que 150, voire 200 euros ».
En conclusion, Jean-Yves Minatchy souligne que « le modèle agricole réunionnais a permis de créer des milliers d’emplois dans les coopératives et l’industrie agro-alimentaire ». Ce modèle a atteint un certain équilibre. « Dans un pays où 30% des travailleurs sont au chômage, nous n’avons pas droit à l’erreur », insiste le Président de la Chambre qui insiste sur tout le potentiel de l’agriculture. Une richesse mise en évidence par les nombreux jeunes plein de qualités qui veulent s’investir, à travers notamment la reprise des exploitations. Des jeunes qui étaient nombreux hier à participer à la conférence de presse du Président de la Chambre d’agriculture, hier à Bras-Panon.

Manuel Marchal


Intégrer l’agriculture dans la zone franche globale d’activités

Pour une zone franche agricole

Jean-Yves Minatchy lutte pour qu’une zone franche agricole intègre la zone franche globale d’activités annoncée par le gouvernement.
« Il faut que les petites et moyennes exploitations puissent avoir droit à ce dispositif », souligne le Président de la Chambre d’agriculture. Les industries agroalimentaires et les usiniers via la production d’énergie ne doivent pas être les seules concernées, ajoute-t-il en substance.
Du fait de leur situation difficile, les petites et moyennes exploitations doivent bénéficier d’une exonération totale, poursuit le Président de la Chambre d’agriculture. Cette zone franche agricole doit donc venir s’intégrer dans la zone franche globale prévue par le gouvernement, conclut-il.


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