Le prix du sucre va augmenter, le prix de l’engrais explose mais le propriétaire des deux usines sucrières refuse de discuter de toute augmentation de sa contribution au revenu des planteurs

Convention canne : la CGPER quitte les discussions à cause du refus de Tereos d’augmenter le prix de la canne

1er juin 2022, par Manuel Marchal

Lors des négociations de la Convention canne hier, le refus de Tereos de discuter de la moindre augmentation du prix de la canne livrée par les planteurs a poussé la CGPER à quitter les discussions. Tereos menace même de baisser le prix de la canne si l’État ne lui donne pas plus d’argent. Le prix du sucre, recette de Tereos, va augmenter, le prix de l’engrais payé par les planteurs explose mais le propriétaire des deux usines sucrières de La Réunion refuse de discuter de toute augmentation de sa contribution au revenu des planteurs.

Les négociations de la Convention canne ont tourné court hier à Saint-Denis en raison de l’attitude de l’industriel Tereos. Le propriétaire des deux usines sucrières de La Réunion refuse toute augmentation du prix de la canne à sucre qu’il paie au planteur et qui est la source de tous les profits de l’industrie sucrière. Tereos veut le gel du prix pour les deux prochaines campagnes sucrière, et menace de baisser le prix de la canne ensuite si l’État ne lui donne pas plus d’argent, sous la forme d’un « filet de sécurité ».

Tout augmente sauf le prix de la canne ?

Face à une telle attitude, la CGPER a décidé de quitter la table des négociations. « Comment Tereos peut faire une telle proposition alors que les conditions sont réunies pour l’augmentation du prix du sucre », souligne Jean-Michel Moutama, président de la CGPER. « Il y aura moins de sucre sur le marché mondial. L’Inde a décidé de ne plus exporter de sucre, et le Brésil, premier producteur mondial, va baisser sa production de sucre au profit de celle de l’éthanol utilisé comme carburant pour faire face à la hausse du prix du pétrole », explique le dirigeant syndical.
Tereos refuse de revoir une formule de calcul du prix de la canne qui pénalise le planteur au profit de l’industriel. Vieille de plusieurs décennies, elle ne prend pas en compte les importants gains de productivité de l’industrie sucrière, financés en grande partie par des fonds publics.
« Albioma a dit qu’il n’y a plus de sucre dans la bagasse destinée à ses centrales thermiques », précise Jean-Michel Moutama, « cela veut dire que tout le sucre contenu dans les cannes est récupéré par l’usinier, quelle justification pour l’écart technique ? ».

« Quelle activité peut-elle tenir dans ces conditions ? »

Jean-Michel Moutama souligne qu’une augmentation du prix de la canne payé par Tereos est une question de survie pour plus de 2000 livreurs de canne à sucre, qui sont le pilier d’une filière qui procure 18.000 emplois à La Réunion.
« Le prix de l’engrais a explosé, le prix du carburant que nous mettons dans les tracteurs a doublé, et Tereos refuse toute augmentation du prix de la canne, quelle activité peut-elle tenir dans ces conditions ? Ce n’est pas possible ».
A moins de deux mois de l’ouverture de la prochaine campagne sucrière, le prix de la canne n’est donc toujours pas connu en raison de l’attitude de Tereos, entreprise pourtant subventionnée par l’argent public via les fonds européens, les aides de l’État et la défiscalisation.

M.M.

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