Pour la défense du sucre réunionnais

Des euro-députés invités

27 août 2004

Sous la plume de Marc Bernard, “le Quotidien” qualifie de « quelque peu folklorique » l’idée d’« inviter sur le sol réunionnais, les 25 ministres européens de l’agriculture ainsi que les parlementaires membres de la commission agricole européenne. »

Cette appréciation est totalement erronée sur le fond. En effet, l’invitation qui a été lancée ne concerne que les députés européens, membres de la commission agricole du Parlement européen. Elle n’implique donc pas les 25 ministres de l’Agriculture, ni la totalité des députés européens.
Dans le système de fonctionnement du Parlement européen, les députés débattent de propositions législatives que leur adresse la Commission de Bruxelles. Leurs possibilités de faire des propositions sont extrêmement limitées.
Les parlementaires peuvent soumettre au débat - et en quantité limitée - des propositions de résolution. Celles-ci sont examinées par la commission adéquate. Laquelle rédige un rapport, qui peut influencer le vote du Parlement et, au final, toute la politique de l’Union européenne.
C’est cette procédure qui a été suivie en 1985, lorsque Paul Vergès, alors député au Parlement européen, avait déposé un projet de résolution sur les problèmes régionaux des Départements d’outre-mer. Celle-ci fut examinée par la commission de la politique régionale et de développement de l’assemblée de Strasbourg.
La visite de travail que cette commission effectua du 16 au 18 septembre 1985 à La Réunion sur invitation de Paul Vergès fut décisive. Ce séjour a permis aux euro-députés de rencontrer professionnels et élus, et de se faire une opinion des problèmes des DOM. Elle déboucha sur un rapport rédigé par le député italien Ligios, voté à l’unanimité, et sur une résolution du Parlement européen adoptée, elle aussi, à l’unanimité.
C’est de tout cela que datent les nouvelles orientations prises par l’Europe à l’égard des DOM : création d’une cellule interdisciplinaire rattachée au président de la Commission de Bruxelles ; Programme d’options spécifiques à l’éloignement et à l’insularité des DOM (POSÉIDOM), mise en œuvre d’une Opération intégrée de Développement (OID), etc...
C’est le même genre d’opération que les Réunionnais souhaitent renouveler pour sauver la filière canne du pays. Si les trois députés réunionnais au Parlement européen obtiennent un accord de leur groupe respectif sur cette demande, l’affaire peut se réaliser.
Est-ce parce que l’idée d’inviter les parlementaires membres de la commission agricole du Parlement européen émane de Réunionnais qu’elle est considérée par “le Quotidien” comme étant "folklorique"... ?


Fruteau désavoue Vergoz

Dès que l’idée de créer un front commun pour défendre la filière canne-sucre face à la réforme de l’OCM-Sucre avait été lancée, Michel Vergoz l’avait vivement dénoncée. Pour le secrétaire de la fédération socialiste, le danger ne viendrait pas de Bruxelles mais de la politique des deux collectivités locales et principalement de la Région, qui sacrifierait des centaines d’hectares de canne, notamment pour le projet de route des Tamarins.
Invité à participer à la réunion de travail qui a eu lieu avant-hier au Conseil général pour préparer un mémorandum de défense de la filière, Jean-Claude Fruteau a répondu positivement. Même s’il s’est permis de lâcher quelques piques à l’égard de la Région, le député européen socialiste s’est réjoui du front commun et s’est montré positif : "nous souhaitons, nous à La Réunion, la prise en compte de spécificités, des mesures parallèles à l’ensemble de la politique commune. Notre premier atout c’est une unité réelle. Notre deuxième atout c’est notre exemplarité. La Réunion est un bon exemple de ce que la réforme de la PAC est censée créer : une agriculture multifonctionnelle", a-t-il dit.
Dans des lettres adressées à la presse, un autre responsable socialiste, Aimé Lebon, tout en énumérant un certains nombres de conditions, s’est lui aussi montré favorable à la création d’un front commun. Ces deux prises de position publiques signifient-elles que Michel Vergoz est isolé au sein de la fédération socialiste sur la question de la sauvegarde de la filière canne-sucre ?


Radio-Réunion

Un invité embarrassé

Pour commenter la décision prise mercredi par le groupe de travail sur la filière canne-sucre de présenter un mémorandum à Paris et à Bruxelles, Radio-Réunion a décidé d’inviter Bernard De Ranchin dans le cadre des “Matinales” hier. C’est un bon choix, dans la mesure où le directeur du Comité de pilotage de la canne connaît fort bien le dossier. Mais, oubliant sans doute qu’elle avait affaire non à un politique mais à un haut technicien, Radio-Réunion a posé à son invité deux questions de caractère très politique.
Elle lui a demandé son opinion sur le départ de Franz Fischler de la Commission de Bruxelles. Et elle l’a interpellé sur les déclarations de Jean-Paul Virapoullé affirmant avoir obtenu du président de la République, au cours de son passage à La Réunion, la garantie d’une compensation intégrale pour la filière canne. Deux questions ayant, selon nous, mis dans l’embarras l’invité des “Matinales”.
Radio-Réunion aurait pu les poser à qui de droit, c’est-à-dire à un politique (l’initiative de la création d’un groupe de travail revient aux deux collectivités). Mais comme elle n’a pas invité un élu, elle s’est trompée d’interlocuteur !


La Chambre d’agriculture "se réjouit de l’union" des professionnels et des élus

Dans un communiqué publié hier, la Chambre d’agriculture "se réjouit de l’union qui s’organise autour des professionnels avec le précieux concours de la Région, du Département et des parlementaires européens locaux pour préserver la filière canne des réformes qui s’annoncent dans le cadre de l’OCM Sucre.
Les propositions qu’elle a élaborées à la suite de l’annonce du commissaire européen Franz Fischler le 14 juillet dernier, ont reçu un bon écho auprès de la cellule de réflexion qui s’est réunie mercredi au Palais de la Source et seront largement reprises dans le mémorandum qui sera remis au ministre de l’Agriculture, Hervé Gaymard, qui est attendu à La Réunion à la mi septembre.
Le document de travail de la Chambre d’agriculture souligne notamment le rôle multifonctionnel de la canne à sucre, primordial pour assurer un développement durable de notre île. Il met aussi l’accent sur les coûts de production, nettement supérieurs aux producteurs betteraviers, que doivent supporter les planteurs réunionnais.
L’objectif de la Chambre d’agriculture et de ses partenaires est donc d’obtenir la déconnexion de La Réunion - et des autres RUP - du processus de réforme, car toute baisse de revenu des planteurs aurait des conséquences catastrophiques sur le plan économique, mais aussi social, environnemental, patrimonial et même touristique.
À ce titre, il est important que les élus siégeant à Bruxelles se rendent compte - de visu - de la réalité réunionnaise. Une invitation sera faite en ce sens aux ministres de l’Agriculture des 25 États de l’Union européenne et aux membres de la Commission agricole européenne. Cette visite des représentants de l’Europe permettra de mieux faire comprendre la position des professionnels et élus réunionnais et les handicaps que doivent surmonter les producteurs locaux", conclut le communiqué de la Chambre.


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