L’article de notre confrère mauricien "l’Express" que nous reproduisons ci-après confirme bien que la réforme structurelle de la filière canne-sucre à Maurice. Les travaux des deux nouvelles raffineries ont commencé. Elles seront mises en service l’année prochaine, et les planteurs seront propriétaires de 35% de ces outils flambant neufs. Mais ce n’est pas tout. A côté de ces deux raffineries seront également construites des centrales à bagasse et des distilleries d’éthanol. Là aussi, les planteurs de canne de Maurice sont assurés d’être actionnaires de 35% du capital de ces usines de transformation de canne à sucre.
L’article de "l’Express" revient également sur les raisons qui ont amené la filière canne-sucre à cette modernisation. La fin du Protocole sucre dénoncé par l’Union européenne signifie en effet pour les Mauriciens la fin des quotas et des prix garantis. Pour passer ce cap, la filière met en oeuvre des solutions pour que les producteurs puissent tirer le maximum de valeur ajoutée de la canne à sucre. De plus, les planteurs sont associés directement aux prises de décisions concernant les choix industriels, et bénéficient également des gains de productivité réalisés par la nouvelle industrie de la canne, puisqu’ils en sont les actionnaires à 35%.

M.M.

Lu dans "l’Express"

« Savannah et FUEL lancent la construction de leurs raffineries »

« Savannah et FUEL lancent la construction de leurs raffineries »

Cette nouvelle configuration de l’industrie sucrière s’inscrit dans le cadre de la réforme du secteur sucre décidée par le gouvernement et le secteur privé. La réorientation prévoit qu’il n’y aura plus que quatre sucreries en opération d’ici trois à quatre ans, contre sept actuellement. Ces quatre sucreries seront Savannah (Sud), FUEL (Est), Belle-Vue (Nord) et Médine (Ouest),
Le nouveau paysage de l’industrie sucrière voit l’émergence des deux premières "flexi factories", telle que préconisée dans le plan stratégique de la réforme sucrière. Ce sont des usines sucrières axées sur les raffineries pour fabriquer du sucre blanc et des sucres spéciaux. Elles possèdent aussi des centrales thermiques pour produire de l’électricité à partir de la bagasse et des distilleries d’éthanol. Jusqu’ici le sucre roux mauricien était, depuis 1975, envoyé au Royaume-Uni pour être raffiné par le groupe britannique Tate & Lyle. Le contrat liant Maurice à ce groupe prend fin en 2009. C’est à partir de ce moment que les raffineries de Savannah et FUEL seront opérationnelles, au début de la récolte sucrière de l’année prochaine.

« Une nouvelle vocation »

Celle de Savannah fonctionnera 24 heures sur 24, sept jours sur sept, jusqu’à 300 jours par an, afin d’assurer une livraison régulière à l’acheteur européen. « ça nous aura pris 18 mois pour réaliser le projet. C’est en janvier 2008 que la décision a été prise d’aller de l’avant avec la construction de la raffinerie. Nous comptons produire 600 tonnes de sucre raffiné par jour », dit Guy Maurel, Technical Manager de la Société usinière du Sud (SUDS).
« Cela représente environ 50% de notre production sucrière, ajoute-t-il. La production annuelle sera de 145.000 à 150.000 tonnes, mais tout va dépendre du volume de cannes que nous allons recevoir à l’usine, car nous pouvons raffiner jusqu’à 180.000 tonnes. »
Toute la production de sucre raffiné sera destinée au marché européen pour la consommation directe. Le sucre sera mis en conteneurs de 25 tonnes, mais il sera également possible d’emballer du sucre raffiné en sacs d’une tonne.
A Savannah, la raffinerie sera construite à l’intérieur de deux bâtiments existants. Ces derniers seront modifiés et rénovés afin de respecter les normes européennes de fabrication de sucre raffiné. Notamment au niveau de la qualité, de l’hygiène, de la sécurité et du conditionnement.

L’un des deux bâtiments abritait une chaudière et l’autre servait à entreposer la bagasse. Mais c’était avant la construction de la nouvelle centrale thermique de production énergétique, qui est récemment entrée en opération. Aujourd’hui que le sucre blanc est bien plus consommé sur le marché européen que le sucre roux, ces deux bâtiments auront une nouvelle vocation.
« Le sucre raffiné est aussi plus rémunérateur. Les recettes additionnelles provenant des ventes vont certainement bénéficier tant aux producteurs qu’aux planteurs », affirme Jacques Kong Win Chang, Chief Operations Officer de SUDS, dont fait partie la sucrerie de Savannah. Il y a aussi d’autres raisons qui ont poussé les producteurs à se lancer dans la fabrication du sucre raffiné. Notamment la baisse du prix du sucre roux sur le marché européen et la valeur ajoutée.
Le nettoyage du site pour abriter la raffinerie à Savannah a déjà commencé depuis début juillet. Les travaux de génie civil vont débuter au cours de la troisième semaine d’août. Les équipements, déjà commandés, sont en cours de fabrication.

« 50 emplois additionnels »

« La raffinerie sera entièrement automatisée. Tous les équipements sont neufs, et viennent d’Europe, d’Inde, du Brésil, de Turquie et d’Afrique du Sud, et une partie sera fabriquée localement. Ils commenceront à arriver à partir d’octobre, et nous espérons pouvoir commencer le montage en novembre », ajoute Guy Maurel.
Un entrepôt sera aussi construit. Il sera capable de stocker 55.000 tonnes de sucre, qui seront raffinées pendant la période d’entrecoupe. La construction prendra neuf à dix mois, de façon à être prête en même temps que la raffinerie.
« Tout le projet de construction de la raffinerie est mené par une équipe de techniciens et d’ingénieurs mauriciens. Un consultant brésilien sous le contrôle de SUDS aide l’équipe », souligne Guy Maurel.
Une fois en opération, la raffinerie va générer 50 emplois additionnels. Cela portera à 170 l’effectif total de la sucrerie de Savannah. SUDS estime avoir investi Rs 900 millions dans la raffinerie, tout comme à FUEL.
SUDS, comme FUEL, a opté pour la technologie brésilienne considérée « moins onéreuse pour la production de sucre raffiné et aussi plus simple ».
Ainsi, la construction des raffineries à Savannah et FUEL inaugure une nouvelle ère de développement de l’industrie mauricienne de la canne. Car après les centrales thermiques et les raffineries, la prochaine étape sera la construction de distilleries pour la production d’éthanol.