Le PCR mobilisé pour sauver la filière canne

Echéance 2017 : la survie ou l’explosion à La Réunion

18 juillet 2014, par Manuel Marchal

Dès 5 heures du matin, des militants du PCR partout sur les plates formes pour informer les planteurs comme ici à Saint-Philippe, avec des camarades de la section de Saint-Joseph autour de David Lebon (à droite sur la photo).

Quelques heures après le lancement d’une campagne d’explication auprès des planteurs de canne à sucre, le PCR a tenu une conférence de presse au sujet de l’échéance 2017. Le point sur la situation a été fait par Yvan Dejean et Maurice Gironcel, secrétaire généraux du PCR, accompagnés par Elie Hoarau et Paul Vergès. A sept jours de la venue prévue du président de la République, la présence de dernière minute de Stéphane Le Fol, ministre de l’Agriculture, montre que le gouvernement prend les choses au sérieux, estime le PCR précisant en substance : pour le moment, pas de démenti à l’annonce de la fermeture de la sucrerie de Bois Rouge. François Hollande est attendu, il devra s’exprimer sur la filière canne, souligne le PCR.

Paul Vergès, Maurice Gironcel, Yvan Dejean et Elie Hoarau ont rencontré les journalistes.

Ce jeudi, le Parti communiste réunionnais a donné rendez-vous à la presse à la permanence de la section de Saint-Pierre. C’était en effet hier le début de la coupe dans le Sud. A sept jours de la venue prévue de François Hollande, l’instant est stratégique. Le PCR a donc lancé une campagne d’explication auprès des planteurs sur toutes les plates-formes de livraison. Des militants sont partis à la rencontre des travailleurs avec à la main le supplément du "Témoignages" du 17 juillet.
Yvan Dejean et Maurice Gironcel, secrétaires généraux du PCR, accompagnés par Elie Hoarau et Paul Vergès tenaient la conférence de presse. Des représentants des sections de toute l’île étaient également présents dans la salle.

30.000 personnes directement concernées

Maurice Gironcel rappelle le poids de la filière canne à La Réunion : 30.000 personnes sont directement concernées, 12.000 emplois directs, 18.000 indirects. Plus de 170.000 demandeurs d’emploi à La Réunion aujourd’hui, notre île ne peut se permettre une catastrophe d’une telle ampleur. Il est donc important que ce sujet interpelle tout le monde.
La survie des planteurs est posée, ou c’est l’explosion sociale.
« Nous avons interpellé tout le monde, y compris le président de la République qui sera chez nous le 25, accompagné du ministre de l’Agriculture Stéphane Le Fol », poursuit Maurice Gironcel. Cette annonce de dernière minute signifie-t-elle que Paris a pris conscience de la mesure de la crise ?
Yvan Dejean a expliqué le danger d’une crise économique, sociale, environnementale et politique avec la fin des quotas et du prix garanti.
Il rappelle tout d’abord que de tous temps, les grandes cultures de La Réunion répondent aux besoins de la métropole coloniale, puis de la France. Quand ce pays a trouvé moins cher ailleurs, il a abandonné les producteurs réunionnais. L’histoire de La Réunion est jalonné de ces plantations disparues : aux épices a succédé le café, la vanille, le géranium, le vétiver dans le cimetière des cultures disparues.

Dans la salle, des représentants de plusieurs sections du PCR de différentes régions de l’île.

La fin d’un système

Pour la canne, Yvan Dejean rappelle que cette monoculture a été imposée par la France quand Saint-Domingue a brisé ses chaines. L’ancienne colonie d’Amérique était le principal fournisseur de sucre de la France. Pour compenser cette perte, c’est le développement de la canne à sucre à La Réunion.
Dans le système qui court jusqu’en 2007, le sucre réunionnais est intégré dans les règles du marché européen. Depuis 1968, cela se traduit par un quota et prix garanti pour le sucre de La Réunion. Mais ce système est contraire aux règles de l’OMC qui s’imposent désormais à l’Union européenne. Règlement sucrier a été attaqué en 2005. L’Europe s’est adaptée en vue d’arriver à la fin des quotas. La PAC 2006-2013 prévoit donc une baisse des prix du sucre et des quotas.
Paris savait donc qu’une telle échéance était inéluctable.
Sans quota, le sucre réunionnais doit faire face à la concurrence du sucre de betterave et du sucre roux d’Amérique latine. Son coût de production pour une tonne de sucre est 240 euros plus cher que celui d’une tonne de sucre de betterave. S’il ne trouve pas preneur, ce sera le cours mondial, inférieur au prix garanti actuel.

Plus de 200 millions d’aides pour survivre

Pour compenser le déficit de compétitivité, l’industriel Téréos demande une revalorisation des aides actuelles versées par l’Europe et la France. Au total, c’est plus de 200 millions d’euros de subvention revendiqué, 38 millions de plus que les aides actuelles. Ces subventions doivent avoir l’agrément de l’Union européenne. Tolérera-t-elle cette augmentation.
Dans le cas contraire, si l’industriel n’est pas assuré de vendre son sucre, il n’achètera plus les cannes à sucre des planteurs.
Tout cela a été exposé aux députés de la Délégation des Outre-mer par le responsable de Téréos Océan Indien.

Les députés socialistes sont au courant mais ne disent rien

« La situation est connue des députés socialistes, ils ont toutes les informations et pourquoi ne rendent-ils pas publiques ? Les Réunionnais jugeront de leur attitude », souligne Yvan Dejean. Il constate qu’à ce jour, il n’y a aucun démenti à l’annonce de la fermeture de Bois-Rouge en 2018 faite voici 10 jours par le PCR.
Au gouvernement de répondre à la condition de Téréos, ajoute le secrétaire général du PCR. François Hollande devra donc s’exprimer précisément sur ce point. Car « si Bois rouge ferme, le Gol suivra. Si la canne disparaît, les terres les plus riches de La Réunion livrées aux intempéries ».
Lors du Comité général de ce dimanche à Saint-Paul, le problème sera de nouveau exposé, et la presse sera invitée, conclut Yvan Dejean.

Propositions du PCR pour l’avenir

« Comment se fait-il que devant une menace aussi grave, silence radio des élus politiques. Les camarades ont bien senti l’inquiétude profonde des planteurs lors de la distribution », précise Elie Hoarau en réponse aux questions des journalistes. « S’il n’y a plus de fabricant de sucre, il n’y a plus de planteurs de canne dans l’état actuel des choses », ajoute-t-il. « Que le président ait une parole pour encourager les planteurs ».
« Il faut voir au-delà de l’immédiat », poursuit Elie Hoarau, « il faut voir tous les autres produits de la canne. Nous voulons la création d’un département recherche-développement pour aboutir à de nouveaux produits. De la recherche à l’activité industrielle, il faut un certain temps, l’Etat doit prendre le relai durant cette période ».

Manuel Marchal

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