Le président de Téréos Océan Indien met les politiciens au pied du mur

Echéance 2017 : seule une décision politique sauvera la filière canne à sucre

24 juillet 2014, par Manuel Marchal

C’est au politique de prendre ses responsabilités pour sauver la filière. A 24 heures de l’arrivée de François Hollande, le message est clair.

Dans le Quotidien d’hier, le président de Téréos Océan Indien, propriétaire des deux dernières usines sucrières de La Réunion, a fait part de son attente vis à vis du chef de l’Etat : « nous attendons qu’il confirme que ce modèle est toujours celui que l’on veut pour La Réunion ». Car « c’est un modèle social qui résulte d’un choix politique ». Ce modèle, ce sont des exploitations familiales qui permettent de soutenir « un fort potentiel d’emplois ».
Puis, répondant à une question du "Quotidien" sur une fermeture éventuelle de l’usine de Bois-Rouge, le président Téréos répond ceci : « l’inquiétude des acteurs de la filière est légitime eu égard aux orientations politiques de l’Europe avec la fin des quotas au 1er octobre 2017 et les accords de libre échange. Sans accompagnement complémentaire, nous irons vers une remise en cause du modèle social réunionnais.
A chaque modification de l’organisation commune du marché, il y a eu une grande inquiétude comme en 2005. A l’époque, l’Europe et l’Etat ont su mettre en place des mesures spécifiques. Il nous faut des mesures nouvelles.
Mais la fermeture d’une usine n’aurait pas beaucoup de sens. Chaque usine est aujourd’hui sur son bassin. Si on fermait Bois-Rouge, les cannes arriveraient à perte dans le Sud. Cela coûterait trop cher de les transporter. Ce n’est pas une option qui me paraît intéressante. Cela n’apporterait pas de solution ».

Sur la fermeture de Bois-Rouge

Le président de la société propriétaire des usines confirme donc que dans l’état actuel de la filière, sa survie dépend d’une décision politique. Sans accompagnement pour faire face aux effets de la fin du prix garanti, alors ce sera la remise en cause des emplois directs et indirects de la canne à sucre. Il apporte un éclairage sur les effets de la fermeture de Bois-Rouge : la fin des exploitations cannières du Nord et de l’Est. Une option qui pour le moment n’est pas intéressante. Elle ne ferait que retarder l’échéance pour le Sud et l’Ouest. Autrement dit, il n’y a pas de « sens » de fermer Bois Rouge et de laisser le Gol. Si « on » doit fermer, ce sera les 2 en même temps ! Quand le Commissaire européen Ciolos est venu, il a bien déclaré que l’avenir dépendra de « la stratégie de l’industriel ». Et, l’industriel a parlé.

Loin de dissiper les craintes, cette interview rappelle que seule une décision politique décidera du maintien des emplois de la filière canne, et donc de la survie des 2 usines ; ce qui confirme que sur un plan strictement économique, La Réunion est condamnée à être battue par ses concurrents dans le libre-échange.

Aide annuelle de 200 millions d’euros

Les données sont connues par tous les députés depuis le mois de mai, et par les personnes concernées depuis jeudi dernier, date du début d’une campagne d’explication menée par les militants du PCR en direction des planteurs et des ouvriers d’usine.

Dans l’urgence, il est demandé à l’Etat d’augmenter ses subventions pour que le volume total des aides puisse atteindre 200 millions d’euros. Ce soutien public permettra au sucre réunionnais de compenser son déficit de compétitivité par rapport au sucre de betterave et aux sucres roux importés d’Amérique latine. Il faudra donc que Paris arrive à convaincre les planteurs de betteraves et les autorités européennes pour faire passer un tel soutien. C’est pourquoi la volonté politique est le moyen de faire basculer la décision des sucriers européens.

Mobilisation relayée au Sénat

A La Réunion, l’appel lancé depuis 2004 par le PCR rencontre un écho plus favorable à l’approche de la visite de François Hollande.
Deux collectivités, Région et Département, sont en effet unanimes dans des motions adoptées en Commission permanente : il faut sauver la filière et Paris doit prendre ses responsabilités pour atteindre cet objectif.
Au niveau des Communes, seul le maire de Sainte Suzanne est monté au créneau pour soutenir les planteurs sur sa commune. Où sont les mairies des 23 autres ?
Au Sénat, la revendication réunionnaise a été relayée par un élu du groupe de Paul Vergès. En effet, lors de l’examen de la loi d’avenir sur l’agriculture, la semaine dernière, le sénateur Le Cam a lancé un vibrant appel au soutien de la filière canne.

M.M.

Soutien du Conseil général


Les Conseillers généraux de La Réunion réunis en Commission Permanente le 22 juillet 2014 :

ATTIRENT L’ATTENTION du Gouvernement et des différentes instances représentatives concernées à l’échelle nationale, européenne et internationale sur l’importance d’accompagner sans relâche la filière canne à sucre réunionnaise d’ici la fin des quotas et prix garantis programmée au 30 septembre 2017, et au-delà de cette échéance ;

REQUIERENT l’installation par le Gouvernement, d’ici l’automne 2014, d’un groupe de travail intra et inter DOM, représentatif de l’ensemble des acteurs de la filière, afin de dresser le bilan des réflexions déjà entreprises et de construire un programme d’actions destiné à sécuriser le devenir de cette filière dans ses différents aspects d’ici le printemps 2015 ;

DEMANDENT expressément au Gouvernement de prendre les mesures et les engagements financiers nécessaires permettant à la filière de garantir la pérennité et la compétitivité des exploitations cannières réunionnaises avant la date butoir de la fin prévue des quotas et des prix garantis.

Soutien du Conseil régional


Les Conseillers régionaux de La Réunion réunis en Commission Permanente le 1er juillet 2014 :

ATTIRENT L’ATTENTION sur l’importance immédiate de restaurer la confiance des professionnels en préservant les emplois et en garantissant leurs revenus ;
ESTIMENT prioritaire d’apporter des solutions concrètes pour sécuriser l’avenir de la filière, anticiper les mutations et l’évolution de l’agriculture réunionnaise ;
DEPLORENT le fait que l’urgence et la gravité de cette question n’aient pas été suffisamment prises en compte, face à l’échéance connue depuis près de dix ans de la fin des quotas sucriers ;
SOULIGNENT la nécessité de mobiliser, avec détermination et sans attendre, toutes les énergies pour offrir des perspectives de développement à la filière « canne-sucre-rhum-énergie », assurer la compétitivité de l’industrie, préserver l’emploi et garantir le revenu des planteurs ;
PLAIDENT pour que le Gouvernement apporte des garanties aux professionnels en veillant à une plus grande cohérence entre les volets « interne » et « externe » de la Politique Agricole Commune pour, d’une part, permettre à la filière de faire face dans des conditions optimales, à une concurrence exacerbée à l’échelle internationale, et d’autre part, permettre un meilleur partage des richesses issues de la valorisation des produits et des co-produits de la canne ;

DEMANDENT au Président de la République et au Gouvernement d’explorer toutes les possibilités offertes par l’article 349 du Traité sur le fonctionnement de l’UE, pour adopter des mesures garantissant la défense des régions ultrapériphériques, notamment de La Réunion, très affectée par les orientations de la récente réforme de la Politique Agricole Commune sur le sucre ;

DEMANDENT au Gouvernement de communiquer aux acteurs réunionnais les résultats de l’étude relative à « l’évaluation des aides à la filière sucre des départements d’Outre-Mer » menée récemment par le Cabinet SOLVING EFESO ;

RECOMMANDENT au Gouvernement la mise en place, sans délai, d’un groupe de travail sur ce dossier crucial, associant l’ensemble des acteurs concernés, et chargé d’examiner les conséquences de la suppression des quotas, de proposer des mesures adéquates visant à assurer l’avenir de la filière.

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