Une aide indispensable pour acheter l’engrais nécessaire en cette période pour préparer la campagne sucrière 2022

Filière canne : la CGPER mobilisée pour le versement d’une aide d’urgence de 5,5 millions d’euros aux planteurs

12 janvier 2022, par Manuel Marchal

La CGPER tenait hier 11 janvier une conférence de presse donnant les grandes orientations pour 2022 du syndicat d’agriculteurs réunionnais. Plusieurs sujets ont été abordés : filière canne, élevage, retraite et évolution de la réglementation phytosanitaire. Sur tous ces domaines, la CGPER compte se mobiliser pour renforcer la solidarité avec tous les producteurs qui voient leur existence menacée par une crise sans précédent. Pivot de l’agriculture réunionnaise, la filière canne est particulièrement touchée, ce qui a des répercussions générales. La CGPER travaille à proposer des mesures urgentes pour permettre aux planteurs d’acheter l’engrais indispensable à la préparation de la prochaine sucrière.

André Minatchy, ancien co-président de l’Interprofession de la canne et du sucre (CPCS), Axel Hoarau, secrétaire de la CGPER, et Jean-Michel Moutama, président de la CGPER.

Le premier point abordé lors de la conférence de presse de la CGPER fut la filière canne. La sécheresse et les variétés de cannes cultivées expliquent une campagne sucrière 2020 désastreuse, avec à peine 1,5 million de tonnes récoltées.
Jean-Michel Moutama, président de la CGPER, Axel Hoarau, secrétaire du syndicat, et André Minatchy, ancien co-président de l’Interprofession de la canne et du sucre (CPCS) ont exposé le plan de bataille de la CGPER pour renforcer la solidarité envers les près de 2500 planteurs qui sont touchés de plein fouet par la crise.

La campagne sucrière désastreuse, ainsi que l’évolution des conditions économiques ont amené les syndicats de planteurs et l’industriel Tereos à faire cause commune pour demander un engagement de l’État à verser 35 millions d’euros par an à la filière, dont 20 millions directement aux planteurs.

« Des documents communs ont été signés avec les industriels pour interpeller l’Etat », souligne Jean-Michel Moutama. La clarification sur l’engagement de l’État aux côtés des planteurs et de l’industriel est nécessaire à la négociation de la future Convention canne, dit en substance le président de la CGPER.

Aide d’urgence de 5,5 millions d’euros

Dans l’immédiat, les planteurs font face à une très grave crise, causée par la succession de plusieurs campagnes désastreuses. Les 1,5 million de tonnes de cannes récoltées cette année sont loin des 1,9 million de tonnes minimales qui sont normalement attendues. Or, en 2019, seulement 1,6 million de tonnes avaient été récoltées. Cette diminution des cannes livrées entraîne une baisse des revenus des planteurs. Il n’y a plus de trésorerie pour préparer la prochaine récolte, l’argent manque pour acheter l’engrais qu’il faut épandre maintenant.

L’interprofession de la canne et du sucre, le CPCS, gère une aide à la production dont l’enveloppe globale est calculée sur la base d’une récolte de 1,9 million de tonnes. Le tonnage récolté étant nettement inférieur, il reste un reliquat estimé à 5,5 millions d’euros.

L’an dernier, face à une situation analogue, planteurs et industriels étaient d’accord pour appliquer la mesure suivante : 240 euros d’aide par hectare de canne cultivée, et une enveloppe globale de 500.000 euros à répartir entre les canniers qui utilisent l’irrigation.
Cette proposition n’a pas été retenue pour l’attribution du reliquat de l’aide à la production 2020 gérée par le CPCS. Le président de la CGPER déplore que ceux qui ont fait part de leur opposition à la reconduction de cette mesure n’ont fait aucune proposition alternative.
Cela entraîne un blocage, alors que de nombreux planteurs sont dans l’impossibilité d’acheter l’engrais indispensable à la préparation de la prochaine campagne sucrière. Or, c’est maintenant que l’engrais doit être utilisé, pas dans trois mois.

97 % des planteurs cultivent moins de 20 hectares

La CGPER travaille à des propositions. « Avec 4 années successives avec tonnage en baisse, faut-il différencier ? », interroge Jean-Michel Moutama. En effet, une aide à l’hectare introduit d’importantes inégalités.
Voici en effet un classement des planteurs selon la quantité de cannes livrées l’an dernier :

1994 planteurs déclaraient une surface de moins de 10 hectares, ils ont livré 712.000 tonnes de cannes

415 planteurs déclaraient une surface entre 10 et 20 hectares, ils ont livré 408.000 tonnes de cannes

63 planteurs déclaraient une surface entre 20 et 50 hectares, ils ont livré 141.500 tonnes de cannes

13 planteurs déclaraient une surface entre 50 et 100 hectares, ils ont livré 70.000 tonnes de cannes

8 planteurs déclaraient plus de 100 hectares, ils ont livré 210.000 tonnes de cannes.

Ce qui donne ceci en termes de pourcentages.

Surface % de planteurs % Tonnage
0-20 ha 96,6 % 72,7 %
20-100 ha 3,0 % 13,7 %
Plus que 100 ha 0,3 % 13,6 %

Près de 97 % des planteurs déclarent exploiter moins de 20 hectares et amènent 73 % du tonnage. Or, ce sont les planteurs qui ont la surface la plus petite qui ont les coûts de production les plus élevés car ils ne peuvent prétendre à un tarif de gros pour les fournitures, comme l’engrais. Ce sont eux qui n’ont plus de trésorerie.

Ce sont également ces planteurs en grande difficulté qui fournissent près de 75 % de la matière première qui fait fonctionner les 2 usines de Tereos. Sans cet apport, il est difficile d’envisager la survie d’une filière canne-sucre nécessitant 2 usines, filière qui crée 18.000 emplois directs et indirects à La Réunion, et qui fournit à notre île sa principale exportation.

La CGPER va lutter pour que cette réalité soit prise en compte, afin que l’aide puisse correspondre aux besoins réels.

M.M.

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