Des tracteurs dans les rues de Saint-Denis, rencontre ce matin de l’Intersyndicale avec le préfet

Filière canne : les planteurs amplifient la mobilisation

22 juin 2022, par Manuel Marchal

Une semaine après avoir organisé une « marche noire » de l’agriculture réunionnaise, l’Intersyndicale CGPER-FDSEA-UPNA-JA était de nouveau dans l’action hier : des convois de tracteurs partis du Sud et de l’Est ont convergé à Saint-Denis pour se rendre au CTICS où avait lieu une rencontre au sujet de la Convention canne. Les syndicats seront reçus ce matin par le préfet.

A moins d’un mois de la campagne sucrière, le prix de la canne payé aux planteurs n’est toujours pas connu. L’industriel Tereos, seul acheteur de cannes à sucre à La Réunion, refuse d’augmenter ce prix. Du côté d’Albioma, même position. Rappelons que cette société, qui vient d’être rachetée par un fonds d’investissement américain, fait des profits sur plusieurs centaines de milliers de tonnes de bagasse utilisées pour produire de l’électricité. Cette bagasse provient des cannes à sucre traitées par les usines de Tereos.

La semaine dernière, l’Intersyndicale CGPER-FDSEA-UPNA-JA était dans les rues de Saint-Denis pour alerter l’opinion sur la gravité de la situation : quelle activité peut accepter une stagnation voire une baisse de ses recettes alors que l’inflation est sans précédent depuis 20 ans ? De plus, cette inflation touche particulièrement les intrants indispensables aux planteurs pour travailler, notamment les engrais et le carburant.
Hier, une semaine après cette première mobilisation, l’Intersyndicale a amplifié le mouvement. Des tracteurs et des voitures parties de l’Est et du Sud ont convergé en milieu de journée à Saint-Denis. Une partie s’est arrêtée devant la préfecture avant de traverser Saint-Denis pour rejoindre le siège du CTICS dans le quartier de la Providence. C’est là qu’hier après-midi se tenait une réunion entre les différents partenaires de la Convention canne ainsi qu’avec les représentants de la Région et du Département.

Tereos a tenu le même discours : il refuse d’augmenter le prix de la canne qu’il paie aux planteurs et affirme même qu’il ne peut garantir un prix d’achat stable jusqu’en 2027 si l’État ne lui donne pas plus d’argent : un « filet de sécurité ».
Face à une telle intransigeance, les planteurs ont décidé de laisser les tracteurs sur place. Une rencontre est prévue ce matin à la Préfecture entre l’Intersyndicale et le représentant de l’État.

Avec près de 140 millions d’euros de fonds publics injectés dans la filière dont une bonne partie pour un seul acteur, Tereos, l’État se doit d’intervenir pour que l’industriel sorte de son intransigeance et joue la transparence sur les richesses considérables qu’il tire des cannes à sucre livrées par les planteurs.

M.M.

A la Une de l’actuFilière canne-sucre-alcools-énergieLuttes pour l’emploi

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus