Le soutien de la Région à la filière canne-sucre réunionnaise

Garder le cap sur les priorités

21 mai 2004

En s’en tenant à l’écume des choses - un accroc verbal entre le président de la Région Paul Vergès et le conseiller PS Michel Vergoz lors de la dernière Commission permanente -, il n’est pas possible de comprendre le fond du problème qui oppose les deux hommes. Dans des comptes-rendus formels, les médias ont renvoyé dos à dos « le sot » et « l’imbécile ». Si les collectivités devaient en rester là, la filière canne, dans le contexte actuel, serait bien mal lotie...

Ce n’est pas au nom de la défense du "sucre malgache" que, mardi dernier lors de la Commission permanente de la Région, Paul Vergès a tenu tête aux critiques des conseillers PS, mais sur la politique à mettre en œuvre pour maintenir la filière réunionnaise.
Le dossier, préparé sous l’ancienne mandature, a déjà été examiné en Commission économique. La commission avait sollicité la Chambre d’agriculture qui a donné un avis favorable. La Commission économique a donc déjà donné un avis favorable et c’est la Commission coopération qui a donné un avis cette fois-ci, avant la tenue de la Commission permanente.
Dans le cas d’espèce, les conseillers Vergoz et Magamootoo s’opposent à une subvention de la collectivité soutenant l’exportation du savoir-faire acquis dans la filière réunionnaise, parce que celui-ci est sollicité par une industrie malgache en cours de privatisation - les usiniers de La Réunion faisant partie des acquéreurs potentiels, en concurrence avec des Mauriciens, notamment.
Si les conseillers socialistes devaient avoir raison sur ce point, d’une part, ils feraient figure de carabiniers espagnols d’opérette puisque les usiniers de La Réunion ont déjà œuvré à la recapitalisation d’usines sucrières et à la restructuration des filières canne/sucre du Mozambique et de la Tanzanie, sans déclencher les foudres du premier secrétaire de la fédération socialiste.
D’autre part, cela voudrait dire que la filière réunionnaise n’aurait pas le droit d’exporter son savoir-faire (en l’occurrence : dans une mission d’expertise), sous le prétexte que celui-ci est sollicité par des capitalistes malgaches. Le choix de privatiser ou non appartient aux Malgaches. Mais une chose est sûre : si La Réunion ne positionne pas sa technologie là où elle peut être utile, d’autres pays de la zone prendront la place.
On voit clairement que, sous couvert d’une défense verbale “du secteur sucrier réunionnais”, c’est tout l’inverse qui se produirait si la “doctrine” des dirigeants du PS local devait primer en la matière. D’autant qu’elle fait silence, curieusement, sur les menaces les plus mortelles pour notre filière, et fait diversion vers les PMA en dénonçant par avance toute imbrication des filières réunionnaise et malgache. Or dans le contexte actuel de restructuration mondiale de la filière, le positionnement de La Réunion dans son environnement régional est une des clés de la survie.
Le choix de l’exportation par la filière réunionnaise de sa technologie est solidaire des conclusions tirées du Colloque de Stella Matutina en 2002. Il a été réaffirmé lors de la dernière commission paritaire de la canne et du sucre, le 22 avril dernier à la préfecture, où l’exposé sur l’environnement international a notamment conclu à la nécessité d’améliorer "les modalités d’insertion de La Réunion dans son environnement régional de pays ACP et PMA".

Pascale David


“Lois du marché” et monopole mondial

Le sauvetage de la filière canne sucre est une question beaucoup trop complexe pour être laissée à des approches idéologiques ou doctrinales sommaires. La palme, en ce domaine, revient à un élu de l’UMP qui, dans le débat, s’est réjoui de trouver en Paul Vergès "un ardent défenseur de l’économie de marché"...
S’il est un produit qui échappe à "l’économie de marché", c’est bien le sucre, dont un quart seulement de la production mondiale s’échange au prix du “marché mondial”. C’est même tout l’enjeu du contentieux qui oppose les doctrinaires de l’OCM à l’Union européenne, dont le système repose sur la prise en compte du caractère stratégique du sucre pour l’indépendance économique des pays producteurs.
Les lois du marché, appliquées au sucre, entraîneraient un effondrement de la filière dans la plupart des pays producteurs actuels, Afrique du Sud comprise, selon une étude faite dans ce pays. Le Brésil à lui seul est pratiquement en mesure de répondre à la demande mondiale et de dicter le prix du marché, ce qu’il fait déjà.


Michel Barnier dans notre île

Voici le programme de la visite de Michel Barnier, ministre des Affaires étrangères, ce vendredi à La Réunion :

- 9h55 : arrivée à Gillot, accueil.

- 10h20 : décollage en hélicoptère avec Nassimah Dindar, présidente du Conseil général, et Paul Vergès, président du Conseil régional, pour l’antenne 4 d’irrigation à Saint-Paul (survol du chantier de transfert des eaux réalisé sous maîtrise d’ouvrage du Conseil général)

- 10h40 : arrivée sur le site, visite, présentation/échanges avec les élus et les professionnels (planteurs, industrie sucrière) sur l’Europe et l’avenir de la filière canne.

- 11h50 : visite de l’entrepôt où est stockée l’aide humanitaire du ministère des Affaires étrangères à Sainte-Clotilde.

- 12h45 : accueil à l’hôtel de ville de Saint-Denis.

- 15h : conférence-débat sur l’Europe et La Réunion dans la salle des délibérations de la CCIR ; table-ronde animée par Denis Simon, professeur de droit à l’université de La Réunion en présence d’universitaires, d’étudiants, de représentants du monde économique, d’élus, ...

- 17h : point presse, interview à Antenne Réunion, participation au journal de Télé-Réunion et départ pour Gillot.


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