L’objectif n° 1 selon Jean-Yves Minatchy (C.G.P.E.R)

’Il faut sauver les petits et moyens planteurs : sans eux, plus de filière’

10 août 2005

Le président de la CGPER (Confédération générale des planteurs et éleveurs de La Réunion - la plus importante organisation professionnelle agricole), Jean-Yves Minatchy, était hier l’invité de l’émission matinale de commentaire politique sur Kanal Océan Indien (KOI). Il a répondu à des questions d’auditeurs et fait part de l’état d’esprit des petits et moyens planteurs adhérents de son organisation, après la décision européenne du 22 juin 2005 annonçant la réforme du régime sucrier européen.

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L’essentiel de l’intervention du responsable syndical a consisté à expliquer ce qui est l’objectif prioritaire dans la phase actuelle - entre le 22 juin, jour où la Commission européenne a fait connaître ses propositions de réforme de l’OCM sucre (l’organisation communautaire du sucre) et le 22 novembre, date à laquelle le Conseil, après avoir pris l’avis du Parlement, devrait arrêter la politique définitive de l’Europe.
Pour les petits et moyens planteurs de canne à sucre - les piliers de la filière : ils ont livré environ 70% de la récolte 2004 - la phase actuelle se caractérise en deux mots : instabilité et incertitude. Et l’objectif prioritaire reste de sauver la filière réunionnaise. L’intervention de Jean-Yves Minatchy clôt en quelque sorte la polémique ouverte, bien imprudemment le mois dernier, par des dirigeants de la FDSEA : oui, les petits et moyens planteurs sont toujours partie prenante de la défense de la filière dans un “front commun” avec les usiniers, et ceci a pour corollaire leur survie dans la filière actuelle et à venir.
Pour les planteurs, le fait principal est la décision européenne de baisser le prix garanti d’environ 40% dans un premier temps. Sur la base de la campagne 2003-2004, dont les chiffres ont été rappelés hier à la radio, cela représente une perte de 43 millions d’euros pour l’économie réunionnaise.

L’affaire de toute la société

L’Europe prévoit en effet de baisser sa production, ce qui implique une diminution du prix et la fin des quotas. Cette décision, si le Conseil décide de la mettre en œuvre, aura des conséquences dramatiques dans plusieurs régions agricoles européennes. Toutefois, aucune région, parmi les vingt et un pays membres producteurs de betterave, n’est tributaire de sa filière sucre comme La Réunion l’est de la sienne.
C’est ce qu’a rappelé Jean-Yves Minatchy en faisant voir que la baisse de 40% du prix garanti, en amputant le prix de base et les revenus d’une masse de planteurs déjà financièrement asphyxiés, aura un effet totalement destructeur pour toute l’agriculture. "Toute la diversification a été bâtie sur la canne", a dit le syndicaliste, en appelant à la solidarité de tous, planteurs et éleveurs, des hauteurs et de la bande littorale.
"Un pays sans agriculture est conduit à la ruine", a dit aussi Jean-Yves Minatchy, pour faire comprendre que la défense de la principale production de l’île est l’affaire de toute la société.

Maintenir le prix garanti

Compte tenu des données sociales et économiques de La Réunion, cette défense passe pour les petits et moyens planteurs, par "le maintien du prix garanti", sous une forme ou sous une autre, pourvu d’une part, qu’on ne fasse pas payer aux petits et moyens planteurs "le prix fort de la réforme" et d’autre part, que soient respectés les engagements pris envers les RUP, a poursuivi le syndicaliste.
C’est, pour la grande masse des planteurs de canne, la question centrale dont ils veulent discuter dans la phase actuelle avec l’Europe et avec le gouvernement français, en particulier le ministre de l’Outre-mer, François Baroin, lorsqu’il reviendra à La Réunion - en septembre, dit-on.
Les autres aspects, en particulier la défense d’intérêts catégoriels tels que le partage des autres sous-produits de la canne (rhum, mélasse, bagasse, éthanol...) et l’éventualité d’une remise en cause de l’accord de 1969, ne sont pas plus à l’ordre du jour pour la CGPER que pour les usiniers. Pour le moment... car Jean-Yves Minatchy a tout de même fait comprendre qu’un "partage équitable" des sous-produits de la canne faisait partie du sauvetage de la catégorie des petits et moyens planteurs. Une catégorie "incontournable pour l’avenir de la filière-canne". À bon entendeur...

P. David


Le point de la campagne sucrière au samedi 6 août 2005

Usine du Gol : l’usine a fonctionné normalement cette semaine, broyant 48.860 tonnes de cannes, soit une quantité très proche de sa capacité nominale.
Les problèmes de moteur de la semaine précédente ont été résolus, permettant une résorption aisée du stock de fin de semaine dernière.
Les apports sont montés normalement en puissance, comme prévu.
La richesse de la semaine a été enregistrée à 13,40 %.

Usine de Bois-Rouge : un fonctionnement optimal de la sucrerie et une réception régulière des cannes ont permis à la sucrerie de traiter près de 50.000 tonnes de cannes.
La richesse de la semaine a été enregistrée à 13,68 %.


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