Filière canne : Paul Vergès intervient au Parlement européen sur la réforme de l’OCM-sucre

« Il nous est impossible de laisser croire que l’avenir est assuré »

18 janvier 2006

Voici le texte intégral de l’intervention de Paul Vergès hier après-midi à la séance plénière du Parlement européen à Strasbourg sur la réforme de l’Organisation Commune du Marché du Sucre (OCM-sucre). Les intertitres sont de “Témoignages”.

La réforme de l’Organisation Commune du Marché du Sucre, voulue pour répondre aux exigences de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) soulève une vive inquiétude, tant dans les pays ACP que dans les Régions Ultrapériphériques (RUP).
Cette inquiétude est particulièrement vive à l’île de La Réunion, où le sucre de canne à sucre demeure la culture principale, dont les produits représentent 50% de ses exportations et fournissent plus de 25% de notre production électrique. La culture de la canne fait vivre des milliers de planteurs, et sa transformation crée des milliers d’emplois de salariés agricoles et industriels, des transports et du port.

Une réforme aux menaces catastrophiques

La mobilisation des acteurs de la filière canne-sucre n’a pas été vaine. Elle a conduit à des modifications sensibles du projet initial de réforme. Nous prenons acte de ces modifications positives, et saluons le travail accompli par la Commission de l’agriculture et son rapporteur.
Pour autant, nous devons rester pleinement lucides : les mesures
d’atténuation des effets de cette réforme sont limitées dans le temps et apparaissent alors comme autant de mesures palliatives qui n’ont
d’autres objectifs que de faire accepter une réforme qui risque d’avoir,
à terme, des effets catastrophiques.

RUP et ACP victimes du même marchandage mondial

En ce sens, le sort des RUP rejoint celui des pays ACP (Afrique, Caraïbe Pacifique).
Si les modalités de mise en œuvre de la réforme peut les distinguer, elles se rejoignent dans la soumission aux mêmes principes d’une même réforme qui à terme produira les mêmes conséquences.
Les unes comme les autres seront en définitive victimes du même marchandage mondial qui ne bénéficiera qu’à quelques grands pays producteurs.

Non, l’avenir n’est pas assuré

Il nous est impossible de laisser croire que l’avenir est assuré.
Il est d’autant moins garanti que les incertitudes sont nombreuses sur "l’après 2013".
En effet, quelle sera, au-delà de la compensation communautaire insuffisante, la part de la compensation nationale ? Et surtout, qu’en
est-il de sa pérennisation au-delà de 2013 ?
Cette inquiétude est d’autant plus légitime que le Sommet de Hong Kong a
laissé annoncer un nouveau débat à partir de 2009 avec des incidences sur le budget européen, y compris sur la PAC.

Pas de garantie au-delà de la durée d’une souche de canne

Lorsque l’on sait qu’une souche de canne représente en moyenne 7 ans de
récolte et qu’elle doit être suivie par une nouvelle replantation, on
imagine fort bien que ces incertitudes risquent d’altérer la confiance
nécessaire pour atteindre les objectifs de replantation, jusqu’à maintenant soutenus par l’Union européenne. C’est en définitive la question de la
sauvegarde même d’une filière canne-sucre qui est posée.
Devant cette situation, où l’avenir de nos planteurs n’est pas assuré au-delà de la durée d’exploitation d’une souche de canne, il nous est impossible d’approuver le Rapport qui nous est présenté.


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