Filière canne : Tereos, Albioma et les rhumiers sont au pied du mur

Jean-Michel Moutama, président de la CGPER : « La balle est dans le camp des industriels »

28 juin 2022, par Manuel Marchal

A 10 heures ce matin, les discussions de la Convention canne reprendront à la Préfecture. Depuis hier, des planteurs de l’Intersyndicale CGPER-UPNA-FDSEA-JA sont rassemblés devant la représentation de l’État pour rappeler la nécessité d’augmenter le prix de la canne, ce que refusent les industriels. Jean-Michel Moutama, président de la CGPER, souligne que « la balle est dans le camp des industriels ». « Tereos, Albioma et les rhumiers doivent payer la matière première au juste prix. C’est dans leur intérêt, sinon il n’y aura plus personne pour leur livrer » avec comme conséquence parmi d’autres la perte de l’IGP pour le rhum produit à La Réunion.

Ce matin se tiendra une réunion très attendue à la préfecture pour discuter du prix de la canne à sucre à quelques jours du début de la coupe. Hier matin, des membres de l’Intersyndicale se sont rassemblés devant le siège de la représentation de l’État. Après la « marche noire » du 14 juin et le défilé de tracteurs dans les rues de Saint-Denis le 21 juin, cette nouvelle action a rappelé la situation dramatique des planteurs qui font face à l’intransigeance des industriels, qui refusent toute augmentation du prix de la canne à sucre. Ces planteurs ont décidé de camper devant la préfecture tant qu’ils n’obtiendront pas satisfaction.

« La mobilisation fera bouger les choses »

Plusieurs élus de la Région, du Département ainsi que des députés sont venus apporter leur soutien à la mobilisation. Maurice Gironcel était également présent hier matin aux côtés des planteurs. « Il est nécessaire de se mobiliser pour défendre notre agriculture, les emplois et développer les 150 produits qu’on peut produire à partir de la canne », a notamment déclaré le maire de Sainte-Suzanne.
Pour Jean-Michel Moutama, président de la CGPER et membre de l’Intersyndicale, « la balle est dans le camp des industriels ». « Tereos, Albioma et les rhumiers doivent payer la matière première au juste prix. C’est dans leur intérêt, sinon il n’y aura plus personne pour leur livrer ».
Le responsable syndical rappelle que « sans notre canne, Tereos ne peut pas produire de sucre dans ces deux usines, Albioma devra importer beaucoup plus de biomasse pour ses centrales du Gol et de Bois-Rouge, et les rhumiers devront importer de la mélasse ».
« Le rhum de La Réunion est une IGP, si les rhumiers importent de la mélasse, alors l’IGP sautera, tout sera remis en cause ». Il souligne que « la mobilisation fera bouger les choses ».

« Il faut que des acteurs s’engagent maintenant », affirme le Préfet

Interrogé hier au sujet des discussions de la Convention canne, le préfet a rappelé l’engagement de l’État. Ce sont les 28 millions d’euros d’aide compensatoire à la suppression des quotas sucriers reconduits pour 5 ans, « aide à l’industriel ». « Se rajoutent à ces 130 millions d’euros, les 14 millions d’euros alloués aux planteurs. L’État avec près de 144 millions d’euros est au rendez-vous sur le plan financier », a-t-il ajouté en précisant que des soutiens peuvent être apportés « dans le cadre de la gestion de crise ». « Il faut que des acteurs s’engagent maintenant et c’est cet équilibre qu’on doit arriver à concrétiser dans le cadre de la convention canne », conclut Jacques Billant.
Sans les nommer, le représentant de l’État vise manifestement les industriels. Tereos, Albioma et les rhumiers sont au pied du mur.

M.M.

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